Aujourd’hui Le Maroc : Que représente l’organisation de «Maroc Design» ?
Hicham Lahlou : « Maroc Design » est donc un rendez-vous annuel des designers marocains, dont la première édition aura lieu les 24, 25 et 26 janvier. C’est une excellente opportunité pour discuter tout ce qui touche de près ou de loin au secteur. C’est un espace de rencontre entre designers, architectes, industriels et responsables étatiques pour une réflexion de fond qui ne pourrait que faire avancer les différents champs du design au Maroc.
Quel pourrait être l’apport de «Maroc Design » au marché du design au Maroc?
A travers ces trois journées d’exposition, les designers visent avant tout à sensibiliser les industriels marocains quant à la nécessité d’investir dans le domaine. Le Maroc a besoin de designers et d’ergonomes dans tous les secteurs. Je prendrais le secteur du tourisme à titre d’exemple. Le chantier lancé dans le cadre de la vision 2010 intéresserait beaucoup de designers qui trouveraient là un vaste champ d’action, tant en ce qui concerne le mobilier des unités hôtelières que l’aménagement de leur espace. Avec la politique nationale visant au développement du tourisme pour les prochaines années, de nombreux hôtels et résidences touristiques vont voir le jour. Ce qui n’est pas sans laisser de marbre les designers et créateurs marocains. La participation du ministère de l’Artisanat est également d’un grand intérêt pour débattre d’un problème qui se pose avec de plus en plus d’acuité, à savoir les droits de protection industrielle.
Comment se porte le marché du design au Maroc ?
Le marché marocain est faussé à cause de l’inexistence d’un véritable secteur et d’éditeurs de design. Comme vous allez le remarquer, la plupart des oeuvres qui vont être exposées concernent le mobilier et le luminaire alors que les matières utilisées sont généralement l’aluminium et le bois. Ce que je trouve vraiment regrettable, c’est qu’on dispose au Maroc d’un important potentiel artistique que constitue l’artisanat, mais qui n’est malheureusement pas suffisamment exploité pour embellir nos demeures.
Ce grand trésor de maâlems et de techniques ancestrales de construction et de décoration doit être exploité au maximum.
De quelle manière cette manifestation peut-elle aider les jeunes à s’intéresser au design?
Au Maroc, très peu nombreuses sont les formations en design. Certaines écoles privées, l’école d’architecture et celle des beaux-arts fournissent une formation en la matière. L’année prochaine, l’ENA mettra au point une licence en design et c’est à mon avis une excellente chose.
Ce qu’il faudrait maintenant c’est la création d’une association entre les designers, les industriels et le ministère de l’industrie afin d’organiser le métier.
Actuellement, pour exercer le métier d’avocat, il faudrait présenter ses diplômes au secréatariat général du gouvernement alors que n’importe qui pourrait prétendre faire du design. Et c’est une chose qui nuit gravement aux intérêts de la profession.