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Nabil Benabdellah: «La production formelle annuelle avoisine aujourd’hui les 170.000 unités»

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Entretien avec Nabil Benabdellah, ministre de l’aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville

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Le SMAP reste un événement important sur divers plans, notamment celui de la communication concernant le marché immobilier marocain et son ouverture au niveau international.

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ALM : Le SMAP Paris tient cette année sa 14ème édition. A quel point ce genre d’événement contribue-t-il à la promotion de l’offre immobilière au Maroc ?

Nabil Benabdellah : L’organisation et la tenue des salons de l’immobilier marocain, aux niveaux national et international, ont pour principal objectif de faire connaître la dynamique du secteur immobilier, de rapprocher l’offre de son marché aux demandeurs et de communiquer autour des nouveautés dans la concrétisation des politiques publiques en matière de logements.

S’inscrivant dans ces objectifs, le SMAP est devenu une référence des rencontres dédiées à l’immobilier, qui s’adresse principalement aux Marocains résidant à l’étranger et aux étrangers désireux d’avoir un pied-à-terre au Maroc, et ce en vue d’une meilleure connaissance des produits lots, logements et commerces. L’offre diversifiée, présentée lors de cet événement, participe à la facilitation du choix du produit, du site et des villes.

La réussite, l’impact d’un tel événement et la diversité de la clientèle et des visiteurs ont engendré l’organisation de ce type de salons dans plusieurs pays, à savoir la France, l’Italie, la Belgique, les Emirats Arabes Unis, etc. Les statistiques des visiteurs communiquées par les organisateurs des salons démontrent qu’il y a un intérêt permanent de connaître l’offre du marché de l’immobilier marocain. Notons que la demande est plus focalisée sur l’offre en logements économiques et sociaux dédiés aux ménages résidant à l’étranger et n’ayant pas de logements dans leur pays d’origine.

Cette année, la région de l’Oriental est à l’honneur. Comment se distingue cette région sur le plan immobilier ?

Le secteur de l’immobilier au niveau de la région de l’Oriental a connu au cours des dernières années une dynamique sans précédent, comme en témoigne, à titre d’exemple, l’indicateur de vente et de consommation du ciment qui est passé de 816.000 tonnes en 2003 à 1.245.643 tonnes en 2016, soit une augmentation de 52,6%. Le parc logement au niveau de la région a été estimé par le Recensement général de la population et de l’habitat de 2014 à 431.189 unités, tous usages confondus, contre 298.827 logements en 2004, soit une évolution de 44,3% sur la décennie.

Par ailleurs, les résultats publiés en mars 2016 par l’étude relative à «l’Enquête nationale sur la demande en habitat» révèlent une demande au niveau de la Région, estimée à 105.944, soit 6,73% de la demande globale nationale, et à près de 9.000 unités par an. Depuis le lancement du programme de l’habitat social (logement à 250.000 DH) en 2010, l’offre en logements a connu une évolution importante et progressive, qui a participé à la résorption du déficit.

Certes, le SMAP est destiné avant tout aux Marocains du monde, mais qu’en est-il de la clientèle étrangère?

Le SMAP est un salon marocain organisé à l’international. Il a pour cible principale les Marocains résidant à l’étranger, mais il reste ouvert aussi aux étrangers désireux de devenir propriétaires au Maroc.

Quelles sont les régions ciblées par cette catégorie de clients ? Et quelles sont leurs attentes ?

Il n’y a pas de régions ciblées par les MRE spécialement ou par les étrangers. L’offre est présentée selon la disponibilité des projets réalisés par les promoteurs immobiliers dans telle ou telle autre région. Sachant que l’offre est plus dominante dans certaines régions où sont situées les grandes villes du Royaume, telles que Casablanca, Tanger, Marrakech, Rabat, Fès, Oujda, etc.

Par ailleurs, et compte tenu de l’importance de cet événement, certains promoteurs immobiliers ont conçu des projets d’habitat dans des régions où la demande est exprimée par les visiteurs des salons précédents.

En tant qu’instance gouvernementale, comment contribuez-vous à la pérennité de cet événement ?

Le SMAP reste un événement important sur divers plans, notamment celui de la communication concernant le marché immobilier marocain et son ouverture au niveau international.

A cet effet, et en vue de garantir davantage le rayonnement du secteur de l’habitat et de faciliter l’accès au logement des Marocains résidant à l’étranger, notre département entreprend diverses démarches dont, entre autres, la mobilisation des acteurs de la promotion immobilière pour participer à cet événement, en plus d’une contribution active de notre département dans l’animation du programme scientifique des diverses thématiques ayant trait au secteur immobilier, habitat, construction, etc.

Comment le ministère intervient-il pour assurer le bon déroulement des actes de ventes et de livraison ?

La vente et la cession des produits sont spécialement assurées par les promoteurs et les acquéreurs. Le ministère veille principalement au respect de l’exécution des projets selon les termes des cahiers des charges et les engagements y afférents. Comme il donne suite aux requêtes présentées par certains acquéreurs pour les accompagner à mieux accéder à leur logement.

Si l’on mesure l’offre à la demande, quelle évaluation faites-vous de cette équation au niveau national ?

Avant cette décennie, il est vrai que l’offre était en deçà de la demande. Mais depuis le lancement des grands programmes sociaux en 2008 et 2010, et les efforts de l’Etat dans l’appui aux populations les plus démunies, le marché immobilier a connu un grand essor en production de logements avec une diversification des produits et par là une émergence de grands promoteurs immobiliers capables et outillés pour suivre la dynamique du secteur et répondre à une demande aussi importante soit-elle. Avant cette décennie, la production formelle annuelle avoisinait les 20.000 logements par an, aujourd’hui elle avoisine les 170.000 unités par an. A la fin du quinquennat, l’offre dépassera la demande. Par ailleurs, il est à souligner à ce niveau que la préoccupation de l’Etat dans les années avant 2008 était la production en masse, mais depuis lors, l’intérêt est versé vers le développement de la qualité du logement et l’amélioration du cadre bâti et ce dans un concept de durabilité et plus de confort des citoyens. Et en vue de mieux faire adapter l’offre à la demande en logement, le ministère a réalisé en 2016 une enquête nationale relative à la demande en habitat sur un échantillon de près de 55.000 ménages, et ce en vue de quantifier la demande en habitat, de la territorialiser et d’analyser les aspects et capacités financières des ménages demandeurs.

Crise économique internationale, instabilité politique régionale et léthargie du secteur immobilier à grande échelle… Ces facteurs ont-ils impacté la cadence du marché immobilier au Maroc?

Les divers indicateurs du secteur de l’immobilier durant les 10 dernières années ont démontré que le secteur a gardé une dynamique continue en accroissement de production, de mises en chantier et d’accès au logement. Ces indicateurs ont été concrétisés grâce aux efforts et réformes structurelles initiées par le gouvernement en matière d’habitat, en l’occurrence la mobilisation du foncier public, l’implication des institutions financières au financement du logement, l’implication massive du secteur privé dans la production du logement, l’ouverture de nouvelles zones à l’urbanisation et autres. Ces deux dernières années le marché de l’immobilier s’est caractérisé par une régulation et un retour à une dynamique normale de production de logements.

Quelles sont les nouvelles tendances immobilières qui se développent sur le marché marocain?

Les efforts déployés par l’Etat pour augmenter l’offre immobilière et améliorer la qualité du bâti ont abouti à la concrétisation des objectifs fixés tels que : la réduction du déficit, l’intensification et la diversification de l’offre ainsi que la poursuite de l’amélioration du cadre d’habitabilité des populations, le Plan d’actions du département de l’habitat pour les années à venir prévoit l’ouverture de nouveaux chantiers d’habitat destinés aux couches sociales à revenus très limités et à la classe moyenne inférieure. Pour répondre à ces besoins spécifiques, deux dispositifs complémentaires sont en cours d’études et de concertations avec les partenaires concernés. D’autre part, pour élargir davantage les possibilités d’accès au logement, le département de l’habitat œuvre également pour développer et dynamiser le secteur locatif comme autre alternative.

Tenant compte de la panoplie des programmes dédiés à la promotion de l’offre immobilière que cela soit sur le plan social, moyen ou haut standing. A quand un programme dédié aux Marocains du monde ?

Les Marocains résidant à l’étranger sont des citoyens marocains disposant des mêmes droits et obligations que ceux qui résident d’une manière permanente au Maroc. Le marché immobilier marocain est ouvert à tous les Marocains du monde avec les mêmes conditions, avantages et opportunités.

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D’un point de vue global, comment se comporte le secteur de l’immobilier ?

Comme vous le savez, le secteur du BTP participe pour près de 6,3% dans l’économie nationale, sachant que l’immobilier représente près de 80% du secteur BTP. C’est un secteur qui offre des opportunités d’emplois à près d’un million de personnes, bien que ces emplois ne soient pas à temps plein mais la fréquence des chantiers ouverts permet de les maintenir.

Il est à noter que le secteur de l’habitat et de l’immobilier, dans ses dynamiques conjoncturelles, interagit avec différents types d’activités qui relèvent principalement des domaines de l’industrie et des services, du système financier, de la logistique et de l’infrastructure, etc. Ce qui lui confère une forte capacité d’entraînement économique. Par ailleurs, du côté financier, les crédits immobiliers participent pour près de 25,7% du total des crédits à l’économie (2016 à enregistré un volume de 247,50 MMDH).

Concernant la production, en 2016, il est vrai que la production globale en logements a connu une diminution en nombre qui est due plus à une régulation du marché immobilier qu’à une régression, suite à l’apogée qu’a connue le secteur immobilier entre 2011-2012 et l’année 2015 avec un retour à la normale et une régulation du marché immobilier en 2016. Quant aux mises en chantier, bien qu’une baisse soit constatée depuis 2013, elle ne dénote qu’un phénomène de retour à un marché régulé arrivé à une stabilité entre l’offre et la demande. Concernant la résorption du déficit en logements évalué en 2006 à près d’un million et en 2011 à près de 840.000, il a été réduit à près de 400.000 unités en 2016. Le comblement de ce déficit s’est focalisé essentiellement sur l’intensification de l’offre et sa diversification à travers les différents programmes sociaux subventionnés par l’Etat et mis sur le marché (logement social à 250.000 DH, logement à faible valeur immobilière à 140.000 DH, logement pour la classe moyenne, etc.). Par ailleurs, il est à noter l’effet engendré par la dynamique du secteur et qui se reflète dans l’amélioration du cadre de vie des acquéreurs (hygiène, santé, enseignement, éducation,…), et les résultats d’une enquête nationale réalisée en 2016 par le département en charge de l’habitat pour évaluer la demande en habitat et sa territorialisation.

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