La ruine et la menace

Deux personnes ont perdu la vie durant la semaine dernière suite à l’effondrement de leurs maisons. L’une à Casablanca, l’autre à Rabat. Ces drames rappellent indéniablement qu’il y a encore des constructions menaçant ruine qui guettent la vie des uns et des autres. Fragiles, ces bâtisses deviennent davantage vulnérables avec la pluie.  À Rabat, l’effondrement d’une maison dans l’ancienne médina a coûté la vie à une jeune femme.
Dans une information relayée par l’agence MAP, le vice-président du Conseil de l’arrondissement du quartier Hassan, Ali Benali, a déclaré que la médina de la capitale compte plusieurs maisons menaçant ruine et que le Conseil est conscient du danger que présentent ces habitations. Dans ce sens, Rabat veut créer une cellule chargée d’étudier ce problème et de proposer les solutions appropriées. Des solutions justes et durables en effet. Car comme tout problème socio-économique, la résolution de ce problème ne peut se faire sans l’implication de tous les partenaires, en l’occurrence les habitants eux-mêmes.
À Fès, les choses sont encore plus dramatiques qu’à Rabat.  Sur les 13.924 bâtisses de la médina de la capitale spirituelle du Royaume, 2000 sont ruinées. « Notre résolution est de lutter contre la paupérisation de la médina de Fès. C’est un phénomène qui s’est considérablement développé ces dernières années.
Nous allons essayer d’occuper ces personnes pauvres, en créant de petits emplois dans le secteur touristique ou artisanal, faire en sorte qu’elles aient une rémunération fixe pour sortir de la médina et habiter ailleurs », a annoncé à ALM le directeur de l’Agence urbaine et de sauvegarde de Fès, Mohamed Najib Halimi. Et d’ajouter : « Ces maisons que nous sommes en train de soutenir aujourd’hui vont poser la même menace-ruine dans dix ans. C’est un phénomène qui n’est pas fixe. Il est évolutif. Vous savez, la médina est une dynamique, une vie entre le logement, l’artisanat et l’hôtellerie ».
Au total, ce sont 500.000 Marocains qui habitent des logements menaçant ruine. Cette appellation regroupe en fait deux types de logements. Il s’agit précisément de la construction des anciennes médinas et de celle de l’habitat non réglementaire. Pour le premier type, la cause principale n’est autre que l’obsolescence et l’absence d’entretien. Le second type de logement menaçant ruine est dû au fait qu’il ne répond pas aux normes de construction en vigueur. Un programme est en cours d’élaboration pour soutenir ces logements.
C’est ainsi qu’une enveloppe budgétaire de l’ordre de 323 millions de dirhams leur a été consacrée. Ce programme bénéficiera à près de 11.600 ménages dans différentes villes. En outre, le gouvernement a alloué une nouvelle ligne de crédit de 850 millions dirhams, dont 260 millions au titre de l’année dernière, pour l’éradication de ce type d’habitat. Il faut donc atteindre cet objectif avec peu de dégâts aussi bien matériels qu’humains.