Professionnalisme. Responsabilité. Amélioration de l’acte de bâtir. Des mots qui ont fusé de partout, jeudi dernier à Rabat, à l’occasion de la deuxième journée technique de la construction. Organisée sous le thème : « La qualité et la sécurité des constructions, une exigence, un enjeu et la responsabilité de tous », cette rencontre a connu la participation de professionnels du secteur du bâtiment et des travaux publics.
Tous ont mis l’accent notamment sur la nécessité de créer « des cercles vertueux » pour promouvoir la qualité et la sécurité des constructions et de mettre en oeuvre des mesures concrètes et une politique nationale en la matière, mettant en garde contre l’influence négative du secteur informel sur la filière.
Pour Driss Jettou, qui a inauguré cette journée, l’importance est à accorder aux professionnels. Ainsi, a-t-il insisté sur le rôle de l’architecte qui doit être renforcé que ce soit dans le domaine du bâtiment ou dans celui de la préservation du cachet architectural local et régional.
C’est dans cette même optique que le projet de loi sur l’habitat et l’urbanisme, soumis actuellement au Parlement, a été élaboré, a ajouté M. Jettou. Un projet qui est de nature, a-t-il expliqué, à soutenir le rôle de l’architecte et de l’ingénieur spécialisé tout au long du processus de construction, à renforcer le contrôle, et partant créer des mécanismes de répression pour une meilleure application des normes de qualité et de sécurité durant toutes les étapes de construction.
Le Premier ministre a placé la réfexion sur la sécurité et la qualité des constructions dans un contexte encore marqué par le séisme d’Al Hoceïma. « Le séisme qui avait frappé la ville d’Al Hoceima en février 2004 est une preuve tangible que les habitations qui atteint respecté les normes de construction ont résisté au tremblement de terre », a-t-il explique dans des propos relayés par l’agence MAP, appelant à la sensibilisation au respect des normes de sécurité nécessaires à l’élaboration du plan de construction.
Pour Bouchaïb Benhamida, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), organisatrice de l’événement, le plus important n’est autre que la mise en place d’un arsenal juridique bien ficelé, à même d’imposer des règles et des normes de sécurité en bâtiment et en construction.
« Actuellement au Maroc, il n’existe pas de lois explicites en matière de qualité et de sécurité des constructions », a-t-il déclaré en donnant comme exemple l’obtention de l’autorisation de construire. « Il suffit d’avoir un plan signé par un architecte. Il n’est exigé nulle part d’avoir un plan de structure ou encore un pal de béton armé dûment signé par un cabinet d’expertise agréé auprès de l’Etat », a-t-il précisé. Pour ce qui est des normes de sécurité, le président de la FNBTP a précisé qu’elles sont négligées ce qui ne permet pas, dans la plupart des cas, de garantir un minimum de qualité et de sécurité et de définir les responsabilités des intervenants dans le domaine des constructions. D’où l’importance d’élaborer un règlement de construction, de préciser les missions de chacun des intervenants et de veiller à éliminer les pratiques contraires à la déontologie, ainsi que d’étendre le recours aux professionnels qualifiés à toutes les étapes de la construction.
Dans ce sens, M. Benhamida a appelé à établir une carte professionnelle, attestant de la qualité de son titulaire et lui permettant d’exercer son métier dans le secteur du bâtiment.
Pour ce qui est des recommandations, il y en a eu beaucoup. Les professionnels qui ont participé à cette journée ont insisté sur la nécessité de mettre en place des cartes d’aptitude d’urbanisation ou de vulnérabilité et des plans de gestion des risques, d’organiser des compagnes régulières de sensibilisation sur la sécurité et de mettre en place des observatoires et des labels pour suivre l’évolution du secteur.
Des recommandations qui ont, en outre, concerné la charte nationale de bâtir et de lotir, appelée à être finalisée. Les professionnels qui ont pris part à cette manifestation ont également plaidé pour l’élargissement des champs de partenariat entre les divers intervenants. Un partenariat qui ne pourrait avoir lieu sans la mutualisation des efforts, généralisation du recours à l’assurance garantie décennale, la valorisation des prestations intellectuelles et l’élaboration de stratégies de développement du secteur de la construction.
Ils ont également demandé de déclarer la journée du 24 février comme journée nationale de la qualité et de la sécurité.