Après avoir tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, les professionnels du secteur de la céramique ont réussi à faire entendre leur voix. Mardi dernier, une réunion a eu lieu au sein du ministère du commerce Extérieur. Réunion à laquelle avaient pris part tous les acteurs du secteur de la céramique : importateurs, exportateurs, producteurs, mais aussi les conseillers économiques des ambassades, car l’enjeu est de taille. Objectif : examiner l’application de la mesure de sauvegarde sur les importations des carreaux en céramique.
Une mesure que les producteurs nationaux, encore fragiles pour affronter la concurrence des entreprises étrangères, revendiquent depuis quelques années. Ce n’est que le 24 janvier dernier qu’une enquête a été ouverte par le ministère sur la base d’une requête, en bonne et due forme, établie par l’Association des producteurs industriels de la céramique (APIC) et dans laquelle cette dernière demande l’application de la DPI (déclaration préalable à l’importation). Inquiets, les professionnels avancent, chiffres à l’appui, des arguments solides quant à la menace qui pèse sur leur secteur. En effet, d’après l’APIC, les importations des produits céramiques ont augmenté de manière considérable ,passant de 5,7 millions de m2 en 2002 à 10,3 millions de m2 en 2004, ce qui représente 20% de la production nationale en 2002, 35% en 2003 et 44% pour l’année 2004. Même constat chez le Ministère du Commerce extérieur pour qui les importations ont enregistré une croissance importante de 80 % entre 2002 et 2003 et de 75 % en 2004 par rapport à 2003. Lors de cette rencontre, les responsables du ministère ont tenu à rassurer les professionnels du secteur. Selon un communiqué rendu public par le ministère du Commerce extérieur, «La DPI ne doit en aucun cas être assimilée à une licence ou une autorisation d’importation».
De ce fait, ajoute le même communiqué aucune restriction des quantités à l’importation n’est imposée». Reste, maintenant, qu’il faut prouver que les importations massives de céramiques, notamment, chinoise, italienne et espagnole, portent atteinte à la production nationale. «Une mesure de sauvegarde sous forme d’une majoration du droit d’importation ne peut être appliquée que s’il est prouvé dans le cadre de l’enquête engagée que la branche de production de carreaux en céramique a subi un préjudice dûment justifié, suite à l’accroissement massif des importations », ajoute le communiqué.
Certes, l’OMC permet de mettre en place des mesures de sauvegarde, taxes additionnelles qui permettent la protection d’une industrie pendant une période déterminée, mais cela risque d’avoir un prix. Selon les accords de l’OMC, les pays exportateurs concernés par ces dispositions peuvent demander des compensations pour pertes de parts de marché.