Pour l’approcher il faut être un artisan. Disponible en masse, il y a quelque temps à Essaouira, ce bois devient de nos jours de plus en plus rare et par là même très convoité. Ce n’est pas une devinette, et on l’aura compris, le bois en question est le Thuya. Appelé plus communément en arabe « Ârâr », ce type de bois sied parfaitement bien à la technique artisanale. Il est de ce fait surtout utilisé dans des objets décoratifs plutôt qu’utilitaire. En effet, on en fabrique des caisses, des boîtes, des plateaux de cuisine et parfois mêmes des tables appelées en arabe « Taifor ».
La taille de ses racines ne permet pas de le travailler dans les grandes structures. C’est pour cette raison même que ce bois est utilisé par les artisans et non pas les ébénistes. Cependant, les artisans arrivent tout de même à en obtenir des pièces pouvant mesurer jusqu’à 40 cm et qui peuvent servir, à titre d’exemple, comme pieds de tables. Pour obtenir une grande largeur, le Thuya est souvent utilisé avec des pièces montées d’autres bois. Les objets qui nécessitent une grande largeur doivent nécessairement allier d’autres types de bois. Le thuya n’est, dans ce cas, utilisé que pour le décor extérieur.
Sa rareté n’encourage pas les artisans à essayer d’en obtenir de grandes structures. Malgré cela, pendant les années 80, certains artisans à Essaouira s’amusaient à en fabriquer des objets de 2m de haut sur 1m50 de largeur. Ceci donnait lieu à des objets énormes et dépourvus beauté. Ce constat triste montre que le Thuya est très convoité. C’est ce qui a poussé certains trafiquants surexploit les forêts de Thuya à Essaouira. Aujourd’hui, les forêts de Thuya à Essaouira sont presque vidées de leur bois. Le thuya a longtemps fait l’objet de plusieurs trafics de commerçants aussi bien marocains qu’étrangers. Ces derniers usaient de tous les moyens pour l’exporter et le vendre à des prix faramineux.
Certaines sources proches du milieu artisanal marocain ont même affirmé que, pendant les années 80, certains trafiquants italiens arrivaient à exporter des racines entières de Thuya. Ceci a poussé les autorités locales à mener des campagnes de sensibilisation pour éviter que le drame ne se produise. En effet, si la surexploitation n’est pas systématiquement combattue, la forêt de Thuya peut mourir. Aussi, face à cette situation de rareté, les autorités ont proposé aux artisans d’utiliser plutôt les chutes de bois en marqueterie de façon à pouvoir les récupérer et freiner la surexploitation de ce bois très précieux.