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Les «maisons tombes»

© D.R

Ils dormaient tranquillement quand soudain un grand bruit les fit sursauter. Ils n’ont probablement même pas eu le temps de se réveiller complètement avant de se retrouver ensevelis sous des tonnes de bétons, d’acier et de briques. Ils ont donc trouvé la mort à cause de l’effondrement de leur maison de trois étages, construite il y a une cinquantaine d’année sise au quartier Dhar Lakhmiss (Hay Benzakou bas) à Fès.
Tous sont membres de la même famille : deux femmes de 54 et 40 ans, une fillette de 11 ans, trois hommes de 25, 38 et 51 ans et un petit garçon de 8 ans. Un drame qui interpelle plus d’un. Autorités et collectivités locales, responsables de l’habitat et de l’urbanisme de la capitale spirituelle et habitants, doivent prendre au sérieux ce danger.
Depuis longtemps, un vide juridique existent. En effet, il n’existe pas de texte spécifique pour réglementer ce type d’habitat puisque la totalité des textes qui ont été promulgués depuis l’instauration du protectorat jusqu’à 1998, avaient pour souci de mettre à la disposition de l’administration des moyens pour prévenir contre toute atteinte à la salubrité, à l’esthétique et à la sûreté dans les villes et d’une façon générale, à la tranquillité des populations. Les constructions menaçant ruine, en tant que telles, n’ont donc pas constitué une des préoccupations du législateur. Et il fallait attendre deux autres drames, celui qui a coûté la vie à 17 personnes dans l’effondrement d’une construction à Hay Hassani (municipalité de Zouagha à Fès) au mois de janvier 1998, ainsi qu’en décembre 1999 (22 morts cette fois-ci), pour voir les autorités locales prendre conscience de la gravité de la situation. Il s’en est suivi une circulaire du ministre de l’Intérieur, en date du 20 décembre 1999 et dans laquelle certaines mesures ont été préconisées.
Il est devenu clair que le problème du menaçant ruine se pose avec de plus en plus d’acuité et les chiffres ont commencé à fuser de toutes parts par la suite. Ils sont en effet près de 500.000 ménages marocains à vivre dans des constructions qui pourraient s’effondrer d’une minute à l’autre. Des ménages qui vivent en outre une précarité financière comme le montrent plusieurs études menées dans la médina de la ville de Fès qui ont montré que 68,1% des actifs occupés ont des revenus irréguliers. Ils travaillent essentiellement dans l’artisanat (14,4%) et 51,5% en tant que main d’oeuvre, porteurs et petits métiers. Ces faibles revenus les empêchent d’entreprendre les travaux de réhabilitation et d’entretien de leurs demeures, où ils résident, dans la plupart des cas, en contre-partie d’une modique somme d’argent ou qu’ils squattent tout bonnement.
Le drame de Dhar Lakhmiss n’est donc que la partie visible d’un iceberg qui menace de fondre à tout moment. Un drame qui est survenu quelques jours à peine après le lancement de l’exécution du programme de restauration des habitations menaçant ruine à Fès, qui abritent 4.800 familles. Une annonce qui a été faite par le ministre délégué chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme. Comme première tranche de cette opération, quelque 600 appartements seront vendus à des prix préférentiels aux bénéficiaires parmi les familles concernées. Le ministre a également précisé que cinq commissions de suivi ont été mises en place en coordination avec le gouvernement, le wali de la région, les élus, les municipalités et les administrations concernées, notant qu’une campagne de communication sera lancée à cet égard.

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