L’habitat rural apparaît de nos jours comme le parent pauvre dans l’évolution qu’a connue le pays dans tous les domaines. Il est resté à l’écart de toute cette dynamique de développement créée autour de ce secteur dans les villes marocaines. Conscient de ces lacunes, le ministère chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme lui a dédié toute une journée de réflexion. Tenue vendredi dernier à Rabat en collaboration avec le Conseil national de l’habitat et de l’urbanisme (CNHU), avait pour thème «Habitat et aménagement en milieu rural» et s’est déclinée en trois ateliers de réflexion sur «Le cadrage du milieu rural», «Les nouveaux modes d’intervention » et «Les stratégies de mise en œuvre».
Selon ses organisateurs, cette journée de réflexion a été initiée dans le but d’instaurer une action concertée basée sur le partenariat entre les différents intervenants en milieu rural (départements ministériels, collectivités locales, organismes publics et privés et société civile). Elle vise à aboutir à une vision globale et intégrée pour la promotion et le développement de l’habitat en milieu rural. En tout cas, la présence de plusieurs ministres à
l’inauguration de cette journée d’étude montre bien l’intérêt porté par le gouvernement au développement de cette partie du pays, qui, signalons-le, accueille près de la moitié des Marocains. D’emblée, le constat est édifient.
Malgré une prise de conscience de la gravité de la situation, rien ou presque n’aboutit concrètement. Les différents participants à cette journée, professionnels de l’habitat en tête, ont mis en exergue les inadéquations des solutions présentées dues essentiellement à l’obstacle des traditions, à la lenteur du rythme d’évolution des campagnes et à la priorité donnée aux villes occasionnant la réduction des moyens pour la campagne, ou à l’absence d’aménagement intégré. Pour Mohamed Elyazghi, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Eau et de l’Environnement, le grand handicap demeure dans la multitude des intervenants. « Il n’y a jamais eu d’action globale et intégrée et des sommes considérables ont été dépensées sans parvenir à des résultats satisfaisants», a-t-il précisé. Le même son de cloche chez Taoufik Hejira.
Pour sa part, le ministre délégué chargé de l’Habitat et du Logement, le succès limité qu’ont connu les différentes actions initiées en matière de promotion de l’habitat rural s’explique essentiellement par la dispersion des efforts, la non-implication des populations locales ainsi que par l’absence de politiques appropriées qui tiennent compte des spécificités du monde rural. Les solutions résident, selon le ministre, dans le développement de réflexions globales qui prennent en compte ces spécificités. C’est dans ce cadre que s’inscrivent, les nombreux projets et initiatives menées actuellement par le département, notamment les centres émergents, la maison du service public et les zones d’aménagement progressif (ZAP) en plus de l’assistance architecturale gratuite offerte aux partenaires en milieu rural.