Il y a 63 bidonvilles à Mohammedia. Cette ville compte actuellement plus de 14.500 bidonvillois, soit 24 % du nombre de la population. Concernée par l’ambitieux programme de «Villes sans bidonvilles», Mohammedia a besoin de 15.000 logements sociaux pour résorber l’épineux problème de l’habitat insalubre. En fait, et selon une étude publiée dans « La lettre de la coopération française au Maroc», les bidonvilles installés dans cette ville occupent une assiette foncière estimée à 147 hectares, soit une densité brute de 5,4 habitants par 100 m2. Ces statistiques, renseignant sur l’état des choses durant l’année dernière, révèlent également que l’opération de relogement rencontre, quelques fois, plusieurs handicaps. Les deux raisons derrières ces entraves sont la méconnaissance des ménages des bidonvilles ainsi qu’un manque au niveau de l’accompagnement durant toutes les phases de l’opération de relogement.
«Les enquêtes, lorsqu’elles existent, sont strictement quantitatives et ne fournissent aucune donnée qualitative sur les possibilités financières des ménages, les structurations sociales existantes, les logiques patrimoniales dans lesquelles s’inscrivent les habitants, les besoins en équipements ou les catégories fragiles des populations (femmes seules, enfants des rues, personnes âgées, familles sans revenus,…) », lit-on dans cette lettre. S’agissant du volet de l’accompagnement des habitants des bidonvilles, la création d’un centre spécialisée a permis de mieux les préparer au changement et à les suivre, de bout en bout, lors de l’opération de relogement. Il s’agit précisément du Centre de qualification sociale, une sorte de relais entre les acteurs publics dans le domaine du relogement social et la population bénéficiant d’habitat salubre.
Par ailleurs, la notion d’habitat insalubre est large et ne désigne pas uniquement les bidonvilles. En plus de ces derniers, il y a également l’habitat menaçant de ruine et les quartiers non réglementaires. « Depuis 2003, le logement social apparaît comme une priorité dans les accords de coopération franco-marocaine. Les projets et les programmes développés accompagnent la réflexion, la formation des acteurs et la structuration institutionnelle. Mais le logement social, c’est aussi l’accompagnement, pour une mise en œuvre la plus globale possible, et dans le cadre de la déconcentration des services de l’Etat, d’une politique de proximité et de résorption de l’habitat insalubre, en partenariat avec des opérateurs français », estime la lettre. Et la ville de Mohammedia en est une grande bénéficiaire. Pour bien mériter sa célèbre appellation de cité des roses, cette ville se trouve donc parmi les grands chantiers de l’opération «Villes sans bidonvilles».