La ville de Fès se trouve en première ligne de la lutte contre l’habitat menaçant ruine au Maroc. C’est d’ailleurs cette cité qui a connu la plupart des effondrements tragiques qui ont coûté la vie à des dizaines de personnes ces dernières années. Pour la capitale spirituelle, les estimations officielles de l’année 2000 fixent le nombre des constructions qui peuvent s’effondrer à 1353 pour l’ensemble de la ville de Fès. Le nombre de ménages qui habitent ces constructions atteint 5721, soit l’équivalent d’une ville moyenne. Pour Ahmed Nadri, ancien directeur de l’Agence régionale d’Al Omrane à Fès, ce phénomène s’explique essentiellement par la vétusté des habitations traditionnels dans la médina d’une part, et par la prolifération des constructions anarchiques qui font fi des normes élémentaires de sécurité. «C’est un problème récurent qu’il faudrait considérer d’une manière permanente et non conjoncturelle», estime-t-il.
Pour ce spécialiste, la solution de ces «constructions à risque ne peut être ni miraculeuse, ni spectaculaire.
L’inadéquation ou plutôt le gouffre entre l’ampleur du phénomène et les moyens financiers de l’Etat oblige à rechercher des solutions pragmatiques, consensuelles et enfin, adaptées aux populations de ces quartiers». Plus concrètement, il s’agit selon M. Nadri de la création d’une cellule de « gestion du risque» dont l’action se situerait à deux niveaux.
D’abord une action permanente qui la mènerait de quartier en quartier en recherche des éventuelles anomalies. Elle pourrait également intervenir à la demande des habitants qui auraient constaté une ou plusieurs fissures par exemple. «Le principal objectif de cette cellule est de superviser dans le temps le phénomène, capitaliser l’information et les données et enfin intervenir en urgence pour éviter essentiellement la perte des vies humaines et celle des biens, quoique modestes, dont disposent les populations des secteurs concernés par ces constructions», estime M. Nadri, actuellement directeur de l’ERAC Centre-Sud. Et d’ajouter que cette cellule sera dotée des moyens d’intervention d’urgence et des moyens d’auscultation et d’évaluation des désordres.
Autre solution préconisée en matière de lutte contre l’habitat menaçant ruine, le recours au micro-crédit pour permettre à la population, dont les revenus sont très modestes, de pouvoir réhabiliter leurs habitations. «Nos estimations vont de 12.000 à 15.000 dirhams par ménages», précise Ahmed Nadri. Et d’ajouter : «Ce système a eu beaucoup de bons échos au point que pour l’année 2005, le ministère délégué chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme est prêt à financer une partie de ce programme. Le tissu associatif de la capitale spirituelle du Royaume a également été très séduit par ce système. Pour ce qui est des interventions qui nécessitent la mobilisation de fonds beaucoup plus conséquents, il faudrait recourir à l’Etat pour leur financement».