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Pour un urbanisme actif

Au Maroc, 21 agences urbaines se chargent de l’élaboration et de l’exécution de la politique urbanistique du pays. Depuis une vingtaine d’années, ce sont en effet ces entités qui ont pris en charge, entre autres prérogatives, l’élaboration de l’ensemble des documents urbanistiques qui constituent l’essentiel de la politique de développement de chaque région. Une mission que ces agences sont loin de remplir totalement.
A plusieurs occasions, ces entités ont été placées aux devants de la scène médiatique nationale à cause notamment d’un conflit social qui a éclaté au grand jour. Les grèves du personnel se sont ainsi succédées ces derniers mois pour dénoncer un traitement très discriminatoire de la situation des architectes et des ingénieurs des agences urbaines par rapport à ceux des autres départements et services de la fonction publique.
Les représentants des syndicats du personnel ont passé de longues heures de négociation avec le département du Premier ministre avec pour principale revendication de s’aligner sur les différentes échelles de la fonction publique. Ce n’est que tout dernièrement qu’un accord a été trouvé.
Ces institutions souffrent également d’un grave déficit budgétaire. « Le plus grand budget alloué à une agence urbaine ne dépasse guère les 10 millions de dirhams. Huit millions sont réservés à son budget de fonctionnement, dont, il ne faut pas l’oublier, 90 % sont absorbés par la masse salariale. Sur le budget initialement alloué, il ne reste que deux millions à réserver à l’investissement », explique un directeur d’agence. Et d’ajouter que c’est un chiffre qui demeure très en deçà des attentes des différents partenaires de l’agence urbaine ainsi que ses besoins financiers et matériels.
En effet, avec un budget pareil, difficile pour les services d’une agence urbaine de remplir pleinement leur rôle. A titre d’exemple, à noter qu’un Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) coûterait entre quatre et cinq millions de dirhams et qu’un plan d’aménagement du territoire coûte quelque 700.000 dirhams. « Devant cette pénurie d’argent, les agences deviennent presque stériles », explique le directeur. Mais pour palier à ce manque de ressources financières qui handicapent sérieusement ces administrations, le budget qui leur est alloué vient d’être augmenté de 50 millions de dirhams supplémentaires dans le cadre du projet de Loi de Finances 2006.
Une somme accordée à l’urbanisme prélevée dans la rubrique réservée à la direction de l’habitat. En outre, les conflits d’intérêt et de compétence, entre agences urbaines, collectivités et autorités locales sont légions. « L’urbanisme, tel qu’il est impliqué actuellement au Maroc, a montré ses limites.
Ainsi, les documents d’urbanisme sont souvent décalés par rapport à la réalité, et ce pour de nombreuses raisons, se rapportant notamment à la lenteur dans laquelle se déroulent les processus d’étude, d’instruction et d’homologation », avait expliqué Abderrahmane Chorfi, directeur de l’Urbanisme au sein du ministère chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme. Et de préciser que comme conséquence de cette situation, les tissus urbains nationaux souffrent de nombreux problèmes généraux liés à leur vétusté et leur dégradation, ou encore le manque partiel ou total des différents équipements de base. Et ce en plus de l‘existence de vastes banlieues mal structurées ainsi que des bidonvilles dont l’éradication est une priorité et mobilisent d’importants capitaux et énergies.
Et pourtant, ces institutions, au nombre de 21, constituent l’épine dorsale de la dynamique urbanistique que connaît le Maroc actuellement. « Ces institutions constituent l’avenir de l’urbanisme dans notre pays », expliquent le ministre délégué chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme.
Lors de sa lettre adressée aux participants au colloque de lancement de l’élaboration du Code de l’urbanisme, SM le Roi Mohammed VI a insisté sur la nécessité «  de procéder à la révision et à la modernisation du dispositif de l’urbanisme en vigueur dans notre pays, qui a certes connu quelques réformes ces dernières décennies, mais celles-ci sont restées plutôt limitées, sans parler de certains textes juridiques qui remontent au début du siècle passé ». Le Souverain a dans la même optique appelé au renforcement du rôle des agences urbaines en dotant chaque province de sa propre administration de planification urbaine. « Notre but ultime est donc d’adapter ce dispositif à la dynamique urbanistique que connaît le Royaume et de le mettre en phase avec la cadence de développement enregistrée dans plusieurs secteurs vitaux liés à l’investissement, à l’industrie, au tourisme et à l’habitat», a précisé SM le Roi. 

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