Le milieu des architectes connaît une effervescence inhabituelle ces derniers temps. Et pour cause, ils sont en train d’élire leurs instances ordinales régionales, en attendant celles du Conseil national de l’ordre des architectes qui devront se tenir dans les six mois à venir, comme l’a confirmé son président, Omar Farkhani.
Sur les neuf conseils régionaux que compte le conseil, cinq ont déjà renouvelé leurs instances. Il s’agit du Conseil régional du Sud, qui a élu Brahim Ouzzi à sa tête, celui de la région du Gharb-Chrarda-Béni Hsaïn, dont le président est Jamal Lemsseffer, le Conseil régional du Centre qui a élu Rachid Senhaji, L’instance de l’Oriental avec Mohamed Berrichi à sa tête et celle de Rabat dont le président est Moulay Taïb Alaoui. Les élections des quatre conseils restants se tiendront dans les semaines à venir. Les architectes du Royaume baignent donc dans une atmosphère électorale puisque ces élections régionales sont le prélude à d’autres qui attirent manifestement beaucoup plus l’intérêt, celles du Conseil national beaucoup, plus intéressantes aux yeux de plusieurs architectes et ce au moment où l’architecture au Maroc souffre de nombreux maux. C’est qu’elle est devenue en effet une profession sinistrée, de l’avis même du président du Conseil national. «Actuellement, 1600 architectes existent au Maroc et leurs conditions est loin d’être satisfaisantes», estime M. Farkhani qui cite en exemple les résultats d’une étude qui a été menée il y a de cela près de quatre années.
Cette dernière estime que 70 % des architectes ne disposaient pas de coursiers à leur service alors qu’ils sont près de 30 % à ne pas avoir de secrétaire. En outre, la moitié des architectes concernés par l’étude faisaient un chiffre d’affaires de moins de 200.000 dirhams par année, ce qui rend leur revenu net mensuel inférieur à 5000 dirhams. Dans la même optique, l’étude a signalé que seuls 2,7 % des cabinets d’architectes font un chiffre d’affaires de plus d’un million de dirhams. «Comment voulez-vous que l’architecte puisse mener à bien ses différentes missions alors qu’il évolue dans de telles conditions?», se demande le président du Conseil national.
De lourds chantiers attendent les nouvelles instances ordinales. En tête de liste, arrive la libéralisation des services à l’horizon 2010, un thème qui fait beaucoup parler de lui ces derniers temps. Une échéance qui fait beaucoup peur dans les milieux des architectes marocains puisqu’elle permettra à des cabinets étrangers, mieux outillés en termes de logistique et de compétences, d’investir le marché national. Pour d’autres, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une opportunité qu’il faudrait saisir pour permettre aux compétences nationales de briller à l’international.