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Industrie : Le Maroc veut sécuriser ses exportations vers les USA

© D.R

En partenaires de longue date, le Maroc et les Etats-Unis tiennent à consolider leur partenariat, notamment dans le domaine économique et industriel. Pour ce faire, les officiels marocains veulent anticiper un potentiel impact de la loi IRA sur les exportations marocaines. Eclairages.

La loi américaine IRA (Inflation Reduction Act) ne laisse personne indifférent. Il s’agit d’une loi adoptée par le Congrès l’été 2022, en misant sur la protection du climat avec une enveloppe budgétaire de près de 400 milliards de dollars afin de financer le plan des Etats-Unis visant à atteindre une réduction des émissions de gaz à effet de serre de plus de 50% à l’horizon 2030. Très bien et tant mieux pour l’environnement, mais quel rapport avec le Maroc? En effet, les dispositions de cette loi suscitent des craintes de la part des industriels partout dans le monde, en Asie comme en Europe.

Le Maroc avec une industrie orientée export anticipe également un potentiel impact en ouvrant des négociations directes avec les Etats-Unis. Les contacts ont démarré dès 2023, soit quelques mois seulement après l’adoption de la loi IRA.

Les efforts vont se poursuivre également au cours de cette année 2024, selon les sources proches du dossier. Mais qu’est-ce que l’IRA? Le texte comporte plusieurs volets. Si le premier concerne l’octroi des aides aux ménages US à travers des crédits d’impôt pouvant aller jusqu’à 7.500 dollars pour l’achat de véhicules électriques neufs américains en plus d’une aide à l’installation de panneaux solaires, l’autre volet concernant les entreprises attire plus l’attention en prévoyant des subventions pour les investissements et la production dans le véhicule électrique, dans l’éolien, le solaire, l’hydrogène vert, les batteries, etc. Ce sont là autant de secteurs qui intéressent directement le Maroc qui produit et exporte déjà dans l’automobile électrique sachant également que le Royaume se positionne comme l’un des potentiels grands explorateurs à travers des investissements d’avenir dans les domaines de l’hydrogène vert, les batteries. D’aucuns voient en l’adoption de cette loi une réponse américaine face à la déferlante des importations provenant de l’Europe mais également de la Chine.
Le hic c’est que de nombreux investisseurs américains ou même européens et asiatiques pourraient être tentés par le rapatriement de leur production directement sur le sol américain en raison des subventions alléchantes prévues par la loi «IRA» tandis que d’autres pourraient réduire la voilure ou tout simplement annuler des investissements prévus ailleurs pour se concentrer plus sur les Etats-Unis. Des pays comme le Maroc pourraient se retrouver ainsi lésés en raison de cette situation, d’où les négociations annoncées. Il faut dire que le Royaume met le paquet sur des secteurs comme l’industrie automobile électrique, l’hydrogène vert, les batteries.

Ambitions
Le pays se positionne déjà comme l’un des grands exportateurs potentiels dans le secteur de l’hydrogène vert. Il y a moins d’un mois, le Royaume a officialisé l’Offre Maroc en la matière à travers une circulaire du chef de gouvernement. Dans ce sens, une ou plusieurs zones d’accélération industrielle pourront être développées pour l’écosystème industriel autour de l’hydrogène vert. «Les projets intégrés d’hydrogène vert, du fait de leur nature et de leur échelle, nécessitent une infrastructure supplémentaire. Ainsi, l’Offre Maroc s’articule également autour d’une infrastructure compétitive à planifier, mutualiser, développer conformément aux meilleurs standards internationaux et en fonction des besoins et de l’évolution de l’industrie de l’hydrogène vert, le cas échéant dans le cadre de partenariats publics-privés avec les investisseurs, nationaux ou étrangers», précise ladite circulaire. Autant dire que le Maroc table sur des investissements étrangers pour relever le pari. Dans le secteur de l’automobile électrique, la célèbre marque automobile Tesla du milliardaire Elon Musk fabrique des pièces au Maroc.

Dans les détails, la société américaine implantée à Bouskoura dans la région de Casablanca, STMicroelctronics, avait démarré en 2021 la fabrication du transmetteur principal pour les engins de Tesla, et ce après avoir trouvé un accord avec la maison mère aux Etats-Unis, Tesla Motors. Il s’agit là certes d’un premier pas, mais l’essentiel pour le Royaume est de se positionner sur le marché émergent des voitures électriques à l’échelle mondiale. Concernant les batteries, le pays devient une destination phare pour les géants mondiaux. Le Maroc sera la future base mondiale de LG Chem pour conquérir notamment le marché nord-américain. En effet, LG avait annoncé il y a quelques mois qu’elle ferait une percée dans le secteur des matériaux cathodiques au lithium-phosphate-fer (LFP) en partenariat avec le groupe chinois Huayou.

De plus, LG Chem lancera l’intégration verticale de sa chaîne d’approvisionnement en cathodes. Concrètement, LG Chem et le Groupe Huayou ont signé un protocole d’accord complet le 22 septembre 2023 pour entrer conjointement sur le marché des matériaux cathodiques LFP et renforcer leur chaîne d’approvisionnement pour cathodes. Les parties travailleront ensemble pour construire un total de quatre installations, dont une usine de matériaux cathodiques LFP et une usine de conversion de lithium au Maroc, ainsi qu’une usine de lixiviation acide à haute pression (HPAL) et une usine de précurseurs en Indonésie. LG Chem et Youshan, filiale du Groupe Huayou, construiront une usine de matériaux cathodiques LFP au Maroc, qui dispose de la plus grande réserve mondiale de roches phosphatées.

L’usine devrait être opérationnelle d’ici 2026 avec une capacité annuelle de 50.000 tonnes métriques et devrait répondre à la demande croissante de matériaux cathodiques LFP, qui gagnent en popularité en raison de leur prix compétitif par rapport aux cathodes nickel-cobalt-manganèse (NCM). Les enjeux sont donc importants pour le Maroc qui reste l’un des principaux partenaires des Etats-Unis en Afrique. D’ailleurs, le Royaume est le seul pays africain à ce jour à avoir conclu un accord de libre-échange avec les USA (voir encadré).

Accord : Libre-échange.

Le Maroc est le seul pays d’Afrique à avoir scellé un accord de libre-échange avec le pays de l’Oncle Sam, sachant que les États-Unis ont des accords de libre-échange avec seulement 20 pays. L’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis est entré en vigueur depuis le 1er janvier 2006 (signé le 15 juin 2004). Pour rappel, c’est un accord global qui soutient les importantes réformes économiques et politiques entreprises par le Royaume du Maroc. Son champ d’application intègre les marchandises agricoles, industrielles et le commerce des services. Et tel que conçu, il prend en ligne de compte des aspects liés au travail, à la politique environnementale, aux marchés publics et aux droits de propriété intellectuelle. En 2019, les échanges commerciaux entre les États-Unis et le Maroc ont été estimés à 5 milliards de dollars, contre 925 millions de dollars en 2005, soit une croissance de 500% ! En 2020, et malgré la crise due à la pandémie Covid-19, cet indicateur a atteint 3,3 milliards de dollars. Concrètement, les exportations des États-Unis vers le Maroc en 2020 ont totalisé 2,3 milliards de dollars et les exportations du Maroc vers les États-Unis 1,04 milliard de dollars. Plusieurs produits agricoles marocains tels que les courgettes, la framboise et l’aubergine restent très prisés aux USA. Concernant l’appui technique des États-Unis au Maroc, il se matérialise, principalement, à travers la mission diplomatique, l’USAID, Commercial Law Develoment Program (CLDP), l’Initiative de Partenariat des Etats-Unis au Moyen-Orient (MEPI) et du Millennium Challenge Corporation (MCC) qui a accordé deux accords d’une valeur globale de 1,2 milliard de dollars.

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