Transformation
A travers son bureau basé au Maroc qui gère les prestations en Afrique, le cabinet français TNP vient de tenir sa troisième conférence pour mettre en avant les enjeux de demain traduits d’ailleurs dans le livre blanc saison 3 des histoires de demain.
Les détails.
C’est la thématique «Accélérer et financer l’industrialisation durable de l’Afrique» qui a été décryptée pendant deux heures dans un des palaces de la métropole du Royaume pour cette troisième conférence. La douzaine d’intervenants constituant les trois tables rondes sont issus d’univers différents mais ont tous une priorité commune: la transformation des entreprises pour une planète plus propre. Et si les avancées technologiques ont constitué le cœur du débat, le capital humain a été cité comme ingrédient principal pour réussir ce virage mondial au bénéfice de l’industrie verte. «La transition énergétique sous-entendra un effort colossal en termes d’investissements.
La «décarbonation» coûtera, en effet, 2.000 milliards de dollars par an dans le monde. Et si tout le monde y met du sien on atteindra l’objectif fixé». Frédéric Pichard introduira ainsi le débat. Il rappellera la position du Maroc qui a fait un bond en avant dans la filière verte. Le secteur automobile étant le plus visible. Cela dit, le domaine de l’immobilier devra aussi opérer sa mue à travers de nouvelles alternatives en termes de chauffage et d’obtention de lumière. La smart green, par exemple, a été mise en place dans les pays avancés pour optimiser l’électricité en fonction des plages horaires. Bref, l’électrification et la digitalisation sont des points d’inflexion qui permettront d’accélérer le processus de transition énergétique. Et le représentant du cabinet TNP insistera sur ce fait. Pour mettre en oeuvre les actions afférentes, les entreprises insistent beaucoup sur le recrutement de jeunes talents. Du sang neuf. «Le meilleur investissement est donc la formation car ce sont les jeunes qui assureront l’avenir de demain», affirmera M Pichard.
L’expert citera l’exemple de l’avionneur Airbus qui est en train d’opérer les transformations nécessaires de telle sorte à ce que l’hydrogène remplace le kérosène. L’avancée technologique consentie permettra aussi le changement des ailes des engins en fonction des vols. Même décision d’investissement dans le ferroviaire ; les trains avanceront bientôt grâce à l’hydrogène. D’ici 2035, le coût des piles devra être divisé par dix puisque la recharge sera automatique.
Le processus de la transformation énergétique a bel et bien démarré.
Les équipes de la société Naarea œuvrent pour une technologie du nucléaire durable à zéro déchet. «D’ici 2050, la consommation d’électricité sera multipliée par quatre et la société Nareva produira des réacteurs pour obtenir de l’électricité décarbonnée sans déchet nucléaire à coût réduit», précisera le porte-parole du cabinet conseil français.
Le cadre du décor est planté. Tour à tour, les intervenants apporteront les précisions par rapport à leurs champs de compétences.
Et c’est Stéphane Gaudechon en sa qualité d’executive VP France Africa & Government Services au bureau Veritas qui ouvrira la première table ronde.
«Les e-gov vont changer les paradigmes. L’impact devra être positif entre le citoyen et le gouvernement auquel il est attaché». Cela mérite d’être clair. L’exemple du Burkina Faso a été cité car la numérisation des données a permis de déclarer une naissance à l’autre bout du pays. Dès lors, le service public devient fiable et transparent, ce qui permet de lutter contre la corruption.
Les mutations heureuses ont également été citées dans le domaine de la santé grâce à l’implémentation de solutions facilitant la numérisation des données de manière fiable et sécurisée.
Philippe Galtier en tant que directeur de TNP Maroc insistera justement «sur le fait que les gouvernements africains ont besoin d’aller très vite». L’homme expliquera que «pour les télécoms, le saut a été fait. Le e-gov permet d’effectuer beaucoup de choses surtout pour un Etat qui connaît une réelle explosion démographique». La sécurisation des recettes fiscales représente un bénéfice indéniable du processus de transformation des entreprises.
Moustapha Hinin, DG de l’Office national de la population de Côte d’Ivoire, a rappelé de son côté le problème des financements domestiques dans le cadre de ce processus de transformation. «Le 5ème recensement de la population devra être valorisé pour servir le service public». Les enjeux sont clairs. Une plateforme digitalisée a été prévue pour mettre au point ses services publics.
L’ancien ministre de l’économie et transformation digitale de Mauritanie, Abdel Aziz Dahi, a de son côté cité la spécificité de son pays qui connaît une densité faible rendant les services publics rares. Dans ce cas précis le e-gov est la solution idoine. Il représentera un véritable levier en matière d’inclusion sociale. «Le premier challenge est le capital humain car il faudra opérer sans plus tarder un changement de mentalité du fonctionnaire africain. C’est fondamental». Le discours de l’ancien fonctionnaire a le mérite d’être clair.
Au fil des discours, la data se situe indéniablement au cœur des processus.
Les intervenants citent des exemples concrets. Le débat riche. Ils n’omettront pas non plus de relever les problématiques liées aux données telles que la souveraineté et la cyber sécurité. «Le Cloud aujourd’hui permettant de sécuriser en principe. Et l’intelligence collective représente aujourd’hui le principal défi», rappelle, à juste titre, le représentant du bureau Veritas.
Le directeur général de l’Office national de la population de Côte d’Ivoire fait remarquer de son côté que «le dividende démographique n’est pas assez valorisé en Afrique alors qu’il s’agit de la première ressource. Car c’est elle qui est mise à disposition pour le développement d’une nation donnée».
Et c’est ainsi que se sont succédé les deux autres tables rondes où les intervenants sont revenus de l’intérêt de décarbonner même si certaines industries comme l’acier demeurent très polluantes mais nécessaires. Là aussi, l’utilisation de l’hydrogène représente la solution pour diminuer l’émission du carbone.
«Nous allons tripler le PIB de l’Afrique en 2050 et ça devrait passer par la transformation et la formation des ressources», précise Benoît Ranini, président du cabinet TNP. «Dans ce mouvement d’industrialisation, il faudra construire avant le processus de greenification. En Afrique, nous serons donc toujours dans un dilemme car le passage à l’industrie verte prend du temps», poursuit-il.
Tout est dit. Les enjeux sont réels. Les gouvernements et les entreprises devront mettre les bouchées doubles pour réussir leur tournant à ce niveau. L’exercice en vaut la chandelle. Au Maroc l’accélération industrielle a permis en quatre ans de faire du port de Tanger Med le premier d’Afrique. Cette réussite a permis au Royaume d’occuper une place de choix pour inspirer le reste du continent. Cette longueur d’avance devra être maintenue.