Industries navales : Le Maroc et la Turquie en voie d’arrimage

C’est la troisième fois depuis quelques semaines que les responsables marocains rencontrent leurs homologues turcs dans le domaine du transport. Dans ce sens, le ministre du transport et de la mogistique, Mohammed Abdeljalil, a reçu, le lundi 10 juin 2024 au siège du ministère, Mustafa Ilker Kiliç, ambassadeur de la République de Turquie à Rabat.

Cette réunion intervient suite à la tenue d’une autre le mois dernier à Leipzig en Allemagne, avec le ministre turc des transports et de l’infrastructure, axée sur l’examen des moyens de renforcer la coopération bilatérale dans le secteur du transport et de la logistique. Au début de cette réunion, les deux parties ont échangé autour de l’expérience turque dans le domaine de la sécurité routière et ont examiné la perspective d’élaborer un mémorandum d’entente (Mou) relatif à la sécurité routière entre les deux pays, et de planifier un échange de visites pour s’enquérir de l’expertise et expériences dans ce domaine. Les deux responsables ont également discuté de l’expérience turque dans la mise en place du chronotachygraphe numérique au niveau du transport international routier (TIR), en exprimant leur volonté de préparer un cadre juridique dans ce domaine pour profiter de cette expérience. Concernant le transport aérien, les deux parties ont examiné les moyens de renforcer la connectivité aérienne entre les deux pays, à travers la création de nouvelles lignes aériennes. Cette réunion a également été l’occasion d’explorer les opportunités de coopération dans le domaine ferroviaire, à travers l’élaboration d’un Mou définissant les aspects de coopération technique dans ce domaine. Mais c’est l’industrie de la mer qui semble capter l’attention d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. S’agissant du secteur du transport maritime, les deux responsables ont discuté de l’expérience turque dans le domaine maritime et ont convenu de programmer des visites au profit des experts marocains en Turquie.

Cette rencontre intervient quelques jours seulement après la réception au siège du ministère du transport d’une délégation d’hommes d’affaires turcs. En effet, une mission économique du «Foreign Economic Relations Board (DEiK)», conduite par Zayneb Bodur Okyay, présidente du Conseil d’affaires Turquie-Maroc, vient de faire le déplacement au Maroc. Dans ce sens, Mme Bodur Okyay a indiqué que la visite de la délégation turque vise à renforcer les liens économiques entre la Turquie et le Maroc et consiste en des réunions bilatérales avec plusieurs institutions pour explorer les opportunités mutuelles de coopération. «Nous sommes ici pour expliquer les intérêts de l’industrie turque et découvrir les opportunités offertes par le Maroc», a déclaré Mme Bodur Okyay, notant que l’objectif est d’approfondir les connaissances sur le Maroc et la région africaine, ainsi que de déterminer les contributions potentielles de la Turquie à cette dynamique économique. En outre, elle a exprimé l’espoir d’établir des relations renforcées et d’augmenter le volume des échanges commerciaux et des investissements entre le Maroc et la Turquie. Il faut préciser que la délégation turque a été reçue par le secrétaire général du ministère des transports et de la logistique, Khalid Cherkaoui. Quelques semaines auparavant, le ministre du transport et de la logistique, avait eu à Leipzig (Allemagne) un entretien avec le ministre turc des transports et de l’infrastructure, Abdulkadir Uraloglu, axé sur les moyens de renforcer la coopération bilatérale dans le secteur du transport et de la logistique.

Pavillon national
Lors de leur rencontre, tenue en marge des travaux du sommet 2024 du FIT qui s’est déroulé en mai dernier sous le thème «Rendre les transports plus écologiques: Restons concentrés en temps de crise», les deux parties ont salué l’excellence des relations qui lient le Maroc et la Turquie dans les domaines du transport et de la logistique, exprimant leur volonté de promouvoir davantage la coopération bilatérale dans ce secteur. Dans le domaine du transport maritime, le ministre turc a présenté la riche expérience de son pays dans le domaine portuaire et de développement de la flotte maritime commerciale, exprimant la disposition de la Turquie à mettre cette expérience à la disposition du Maroc pour son projet ambitieux de développement de sa flotte maritime nationale, qui s’inscrit dans le cadre de la vision de SM le Roi Mohammed VI. L’intérêt des Turcs ainsi que d’autres nationalités est manifesté alors que le Maroc veut redorer le blason de son pavillon national suite à l’appel royal à renforcer la flotte nationale. «Si, par sa façade méditerranéenne, le Maroc est solidement arrimé à l’Europe, son versant atlantique lui ouvre, quant à lui, un accès complet sur l’Afrique et une fenêtre sur l’espace américain.

C’est la raison pour laquelle Nous sommes déterminés à entreprendre une mise à niveau nationale du littoral, incluant la façade atlantique du Sahara marocain», avait affirmé SM le Roi dans Son discours adressé à la Nation à l’occasion du 48ème anniversaire de la glorieuse Marche Verte. «Nous sommes également attachés à ce que cet espace géopolitique fasse l’objet d’une structuration de portée africaine», avait souligné le Souverain. «Nous nous attachons à mettre à disposition les moyens de transport et les stations logistiques nécessaires. Cela inclut aussi de réfléchir à la constitution d’une flotte nationale de marine marchande, forte et compétitive», avait poursuivi SM le Roi. Quelques semaines après, le ministre du transport et de la logistique avait annoncé que son département planchait sur la préparation d’une étude stratégique concernant la constitution d’une flotte nationale de commerce maritime forte et compétitive. Au Parlement, le ministre de tutelle avait affirmé que le secteur du transport maritime est fortement lié au développement du secteur portuaire, soulignant que le Maroc a procédé à la transformation d’importants pôles portuaires le long des côtes méditerranéenne et atlantique et veillé à les relier aux réseaux autoroutier et ferroviaire. Il a relevé que cette démarche a permis d’attirer des investissements internationaux dans le secteur du transport maritime et, partant, améliorer l’indice de connectivité maritime du Maroc, classé désormais au 20e rang à l’échelle internationale, grâce à sa connectivité à plus de 184 ports dans 71 pays.

Partenariat économique
Relations commerciales. La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) s’engage fortement pour faire de la coopération économique entre le Maroc et la Turquie un modèle de partenariat réussi et mutuellement bénéfique, a indiqué, jeudi à Casablanca, le président du Conseil d’affaires Maroc-Turquie à la CGEM, Najib Chraibi. S’exprimant lors d’une visite de la délégation d’opérateurs économiques turcs du «Foreign Economic Relations Board (DEiK)», conduite par Zayneb Bodur Okyay, présidente du Conseil d’affaires Turquie-Maroc, M. Chraibi a souligné l’importance d’un développement solide des relations économiques entre les deux pays dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant. M. Chraibi a ainsi mis en lumière le potentiel commercial entre le Maroc et la Turquie qui disposent d’économies dynamiques et diversifiées, notant que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays de 6 milliards de dollars en 2023 reste en deçà des capacités. Dans ce sens, il a identifié des secteurs prometteurs pour la collaboration, tels que l’automobile, l’agroalimentaire, le textile, le tourisme, les énergies renouvelables et l’exploitation minière. Par ailleurs, M. Chraibi a mis en avant les attraits économiques du Maroc, considéré comme une destination d’investissement attrayante en raison de ses avancées infrastructurelles, de ses écosystèmes industriels intégrés, de ses initiatives en matière d’énergies renouvelables et de ses nombreux accords commerciaux.