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Inflation, vers une baisse plus rapide que prévu en 2024

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«»Depuis septembre dernier, nous avons commencé à constater que le taux d’inflation alimentaire, qui touche un certain nombre de familles, a commencé à diminuer progressivement et l’on s’attend à un taux de 6% à la fin de décembre»».

Après la pluie, le beau temps. Alors que l’année 2023 a été marquée par un taux d’inflation plus important qu’à l’accoutumée, l’année 2024 pourrait être différente avec un retour plus accéléré vers un taux plus modéré. C’est ce qui ressort des prévisions actuelles dévoilées lors d’un événement organisé par la Chambre de commerce britannique. « Face aux incertitudes économiques et géopolitiques actuelles, l’économie marocaine se montre résiliente, avec des projections positives pour les années à venir », a affirmé le président de la Chambre de commerce britannique pour le Maroc, Stephen Orr, à l’ouverture d’un nouveau cycle de webinaires. En effet, et malgré le déficit pluviométrique, l’inflation, les tensions géopolitiques et les différents chocs affrontés, le Maroc a enregistré des performances remarquables et prévoit des projections positives pour les années à venir. Rappelons à ce propos les derniers chiffres du Haut-Commissariat au Plan faisent état d’une accélération de la croissance économique qui devrait s’établir à 3,2 % en 2024. Nabil Adel, enseignant-chercheur à l’ESCA École de management, plante le décor en indiquant que malgré le faible rythme de croissance connu ces dernières années, le Maroc dispose de l’ensemble des atouts pour atteindre le taux de croissance objectif de 6% visé dans le Nouveau modèle de développement (NMD). Il s’agit principalement du facteur démographique, qui constitue un vrai levier de croissance, de stabilité politique et d’infrastructures, a-t-il dit, appelant à la nécessité d’exploiter pleinement ces ressources pour atteindre des niveaux de croissance encore plus élevés. Le secrétaire général du Haut-Commissariat au Plan, M. Khellaf, quant à lui a souligné le rôle du capital humain comme levier de croissance économique, appelant à résoudre le problème de sa «sous-utilisation», notamment à travers l’amélioration des investissements dans la technologie et les secteurs productifs. Le Haut-Commissariat au Plan, principal producteur de la statistique officielle au Maroc, prépare le 7ème Recensement général de la population et de l’habitat prévu en septembre 2024. Une opération 0 papier, entièrement digitalisée avec plus de 1.500 agents formés.

Projections
M. Khellaf a, en outre, rappelé que la croissance économique se raffermira en 2024 à 3,2% au lieu de 2,9% en 2023, notant que ces prévisions tiennent compte d’une campagne agricole 2022/2023 en deçà de la moyenne, d’un redressement de la demande mondiale adressée au Maroc de 0,9% en 2023 à 3,7% en 2024, d’un cours du pétrole aux alentours de 80 dollars le baril, ainsi que des nouvelles dispositions de la loi de Finances 2024. Le directeur des études économiques à Bank Al-Maghrib (BAM), Mohamed Taamouti, a, de son côté, mis l’accent sur l’évolution de l’inflation qui a connu une accélération depuis la période de la crise sanitaire, passant d’environ 1,5 à 6,6% en 2022, soit le niveau le plus élevé depuis 1991. Ce rythme commence à emprunter une trajectoire baissière, a-t-il fait remarquer, précisant que l’inflation devrait revenir à une moyenne de 6,1% en 2023, et poursuivra son ralentissement à un rythme plus rapide que prévu en septembre, pour ressortir à 2,4% en 2024 et en 2025. A noter que la ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah, avait affirmé dans une déclaration à la presse en marge de sa participation au Forum économique mondial de Davos que le Royaume est confronté à deux types d’inflation, le premier étant l’inflation importée liée aux prix de l’énergie et des transports. Dans ce domaine, a-t-elle dit, «nous avons choisi d’accorder des subventions ciblées par l’État pour qu’il n’y ait pas d’impact sur l’ensemble de l’économie. (…) Je fais ici référence aux transports ou à l’électricité, pour lesquels nous avons maintenu les prix à un niveau approprié pour qu’il n’y ait pas d’effets sur la croissance». Quant au deuxième type d’inflation qui concerne les produits alimentaires et le secteur agricole, Nadia Fettah a relevé qu’un programme d’urgence d’environ 10 milliards de dirhams a été approuvé en 2023 en soutien aux chaînes de production. «Ainsi, depuis septembre dernier, nous avons commencé à constater que le taux d’inflation alimentaire, qui touche un certain nombre de familles, a commencé à diminuer progressivement, et l’on s’attend à un taux de 6% à la fin de décembre», a-t-elle dit. «Ce que nous voulons maintenant, c’est maintenir le rythme des réformes. Pour gagner en crédibilité dans ces réformes et avoir des financements, nous devons maintenir ce rythme qui permet de réduire annuellement le déficit budgétaire», a indiqué Nadia Fettah, notant que le maintien des équilibres est une ligne rouge et une question extrêmement importante.

Diversification
Croissance. La diversification de l’économie nationale, en se focalisant notamment sur les secteurs de l’industrie et du tourisme, est la voie pour atteindre la croissance, a indiqué la ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah. «La diversification de notre économie est ce qui nous permettra de croître. Il s’agit notamment de multiples secteurs dont l’industrie, le tourisme, et d’autres qui connaissent une reprise», a-t-elle indiqué dans une interview accordée à la chaîne «CNBC Arabia», en marge de sa participation au Forum économique mondial de Davos. «Nous misons également sur la confiance des investisseurs locaux et étrangers qui maintiennent toujours le rythme de leurs investissements pour créer des opportunités d’emploi et renforcer la croissance», a poursuivi la responsable gouvernementale. La situation économique mondiale, a-t-elle fait observer, exerce une forte pression sur l’économie et les finances publiques du Maroc, notant que certains secteurs comme l’industrie et le tourisme ont pu se redresser après les crises successives, retrouvant ainsi le chemin de la croissance. Et de préciser qu’afin de faire face aux troubles actuels, le gouvernement, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, a mis en place des programmes urgents mais ciblés, dans le but de faire face à la hausse des prix, à la rareté des ressources hydriques et à l’aggravation de l’inflation.