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Infrastructures en Afrique : Le partenariat public-privé est-il la solution?

© D.R

En termes d’infrastructures, l’Afrique accuse un retard considérable. Néanmoins, plusieurs pays du continent tentent de remplir ce gap en recourant à des financements privés.

Faire le bon choix et trouver un montage financier adéquat aux projets s’avère donc la principale question qui se pose pour ces pays. C’est en partie l’une des problématiques traitées lors de la 11ème édition du Forum africain des infrastructures (FAI) que la ville ocre a abritée les 15 et 16 novembre 2018. Organisée par i-conférences sous l’égide du ministère de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau, cette rencontre s’est axée sur le thème central de «l’Afrique en quête d’un saut infrastructurel» afin de donner plus de visibilité aux acteurs concernés sur les projets en cours et à venir dans les pays de l’Afrique francophone.

Le Maroc, un modèle inspirant pour les pays africains

Le Maroc a franchi des pas importants en matière d’infrastructures. Des avancées qu’il compte résolument mettre au profit du continent dans une approche de partenariat Sud-Sud. Lors de cet événement, Lahcen Daoudi, ministre des affaires générales et de la gouvernance, a mis en exergue les atouts du Maroc en mettant l’accent sur la nécessite d’établir la convergence des politiques publiques pour cibler au mieux la mise en place d’infrastructures. Il a souligné à cet égard qu’un système d’information pour la convergence des politiques publiques est dans le pipe. Le ministre s’est également exprimé sur les investissements établis au Maroc dévoilant à cet égard qu’en termes d’IDE (investissements directs étrangers), le Maroc a déjà dépassé le niveau établi en 2017 à la même période. Cette édition est tombée à point nommé avec une des plus importantes annonces du continent, à savoir le lancement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron du 1er TGV en Afrique. Reliant dans un premier temps Tanger à Casablanca, puis dans un second temps Marrakech, il rapproche davantage l’Europe de l’Afrique. S’exprimant à cette occasion, Amadou Koné, ministre des transports de la Côte d’Ivoire, a déclaré que le lancement de la LGV honore toute l’Afrique expliquant que le Maroc est un modèle à suivre. Il a par la suite fait état des projets de mobilité lancés par Abidjan pour assurer l’attractivité économique de la Côte d’Ivoire, tel que le métro de la capitale ou encore l’extension de son aéroport assurant que le partenariat public-privé participe à la renaissance des infrastructures du pays.

Financement d’infrastructures: L’Afrique a besoins de 170 milliards de dollars par an

Quant à  Ibou Diouf, responsable du Programme de politiques de transport en Afrique de la Banque mondiale, il a rappelé que le besoin en financement d’infrastructures se creuse en Afrique s’appuyant sur les estimations de la BAD. En effet, la Banque africaine de développement a fait état dans ses prévisions économiques en Afrique 2018 d’un besoin de financement en infrastructures qui s’élève à 170 milliards de dollars actuellement alors que les estimations tablaient sur 100 milliards de dollars il y a 10 ans. Lors de cette conférence plusieurs sessions se sont tenues afin de définir les stratégies pour accélérer le rythme de mise en œuvre des projets d’infrastructures, telles que «Quelle politique de transport pour accélérer la réalisation des projets structurants», «Stimuler la compétitivité grâce à des infrastructures bien développées», «Infrastructures de transport et bancabilité des projets», ou encore «l’innovation pour booster le développement des infrastructures». Pendant deux jours, cette édition a permis de réunir plusieurs décideurs créant des débats autour de ces thématiques cruciales pour le continent. En marge du forum, des séances d’appel à projets ont été tenues avec plusieurs projets structurants en cours de réalisation et à venir. Ces projets nécessitent par conséquent l’implication de constructeurs, de cabinets de conseil, d’ingénierie et de financement. Cette édition a réussi donc le pari de réunir des représentants de ministères des infrastructures et des transports, organismes et directions sous tutelle, constructeurs, contractants et gestionnaires d’infrastructures terrestres, portuaires et aéroportuaires, fournisseurs d’équipements et de matériel BTP. Dans la continuité des sessions et en marge de ce Forum, un espace exposition a été par ailleurs mis en place par les organisateurs afin de favoriser l’échange entre participants.

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«Les pays africains sont désormais en mesure d’identifier le meilleur schéma d’investissement»

3 questions à Hassan M. Alaoui, président de i-conférences

ALM : i-conférences organise des Forums un peu partout en Afrique francophone, pourquoi cette initiative et pourquoi ce choix ?

Hassan M. Alaoui : C’est la onzième édition du Forum africain des infrastructures qui est organisée par i-conférences à Marrakech. Cet événement a été créé ici à Marrakech en 2008. Depuis, il a sillonné presque toute l’Afrique francophone à l’invitation des gouvernements de Tunisie, Sénégal, et Côte d’ivoire. Il y a trois ans on est revenu à Marrakech suite à l’invitation du ministère marocain. L’édition 2019 se tiendra à Douala au Cameroun. L’objectif du Forum africain des infrastructures, comme tous les événements de i-conférences, c’est la promotion du partenariat Sud-Sud. Nous sommes convaincus à i-conférences que les pays du Sud et essentiellement les pays de l’Afrique francophone ont des expériences qui peuvent bénéficier à des pays voisins. Comme vous avez pu le constater lors de la séance inaugurale, l’échange était riche entre les ministres présents. Je pense que l’époque où les pays africains appelaient des consultants européens pour tracer une feuille de route de développement est révolue.

Quel pourrait être le rôle du Maroc dans cette nouvelle donne ?

Aujourd’hui les pays africains sont en mesure d’identifier le meilleur schéma d’investissement et de libéralisation de certains secteurs en s’inspirant des expériences des pays voisins. Le Maroc a franchi des pas considérables en la matière. Nous avons libéralisé tous nos secteurs économiques depuis les années 90. A la veille de la signature des accords du GAT en 1994, le Maroc s’était orienté vers une approche libérale. C’est une très bonne chose et c’est ce qui nous permet aujourd’hui de dialoguer avec les pays africains avec une certaine assurance. Ce qui fait que lorsque le Maroc parle de rails, de routes, de libéralisation du secteur financier bancaire, il est performant. Donc on a entre 10 et 15 ans d’avance sur l’Afrique francophone et cette avance au niveau de la libéralisation permet au Maroc de se présenter dans nos Forums et dans d’autres par ailleurs comme étant un cas d’école.

Vous avez choisi de sillonner l’Afrique francophone, quelle en est la raison ?

Maintenant le fait que le Forum africain des infrastructures voyage, c’est pour recueillir des expériences du Gabon, du Cameroun, du Bénin, du Mali, de Guinée, du Sénégal. Tous ces pays participent à nos Forums. Ils viennent pour échanger autour des partenariats Sud-Sud.

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