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Infrastructures gazières : «l’Offre Maroc» arrive

© D.R

«Le véritable défi pour les responsables concerne la promotion de l’utilisation du gaz dans le secteur industriel dans le but de réduire l’empreinte carbone des activités de production destinées notamment à l’exportation».

C’est le compte à rebours au ministère de la transition énergétique et du développement durable pour concrétiser les premiers projets dans le domaine des infrastructures gazières au Maroc. Leila Benali, ministre de la transition énergétique et du développement durable, vient de déclarer qu’une invitation sera lancée dès le mois prochain aux secteurs privés au Maroc et à l’étranger pour investir dans le domaine. La responsable gouvernementale s’exprimait au micro de la plateforme électronique émiratie, Attaqua, spécialisée dans le domaine énergétique. Le choix de ce média ne semble pas fortuit. Lors de cet entretien, Mme Benali a expliqué que dans deux ou trois semaines, la proposition sera lancée pour financer la nouvelle feuille de route relative aux infrastructures gazières. «Des infrastructures durables», insiste la ministre de la transition énergétique et du développement durable, à l’instar de ce qui est projeté pour l’hydrogène vert. Pour rappel, le Maroc avait lancé il y a quelques mois son offre en matière d’hydrogène. Mais aujourd’hui, les responsables veulent aller encore plus vite dans le domaine du gaz naturel. Concrètement, l’offre porte sur trois stations gazières au niveau de trois ports pour la transformation du gaz. Il devient quasi sûr que la première entrée, qui verra le jour, sera située sur la façade méditerranéenne du pays au niveau du port de Nador West Med. Il faut préciser dans ce sens que la région de l’Oriental abrite un gisement de production de gaz à Tendrara. La deuxième station de gaz naturel sera sur la façade atlantique même si sa localisation n’a pas encore été actée officiellement. Cette station devrait être située sur l’axe Kénitra et Jorf Lasfar. Cet axe comprend plusieurs installations portuaires opérationnelles ou en projet. C’est le cas notamment pour le port de Mohammedia et de Jorf Lasfar qui ont une vocation énergétique ou encore le projet de port Kénitra Atlantique. Il faut préciser que non loin de cette zone se trouve le gisement d’exploration gazière offshore, Anchois, au large de Larache. Le troisième point d’entrée sera construit au niveau du port de Dakhla Atlantique. La feuille de route, qui sera proposée aux investisseurs privés, contient des projets de raccordement entre les gisements de production actuels et ceux qui seront opérationnels dans le futur.

Promotion dans l’industrie
Mais le véritable défi pour les responsables concerne la promotion de l’utilisation du gaz dans le secteur industriel dans le but de réduire l’empreinte carbone des activités de production destinée notamment à l’exportation. L’axe entre Tanger et El Jadida connaît une forte concertation du tissu industriel national. Last but not least, il est question de garantir d’une manière pérenne l’approvisionnement des centrales de production d’électricité en gaz naturel. Le but pour les responsables est de faire d’une pierre deux coups. Promouvoir l’utilisation du gaz naturel dans l’industrie et impliquer par la même occasion le secteur privé dans le financement de l’infrastructure gazière. Il faut dire que le ministère de de la transition énergétique et du développement durable compte séduire les capitaux privés.

Dans ce sens, la ministre de tutelle avait récemment tenu une rencontre avec le patronat marocain. L’implémentation de leviers techniques et financiers constitue une condition pour atteindre la neutralité carbone et l’efficacité énergétique, avait alors affirmé, à Casablanca, la ministre de la transition énergétique et du développement durable. Plus précisément, la stratégie bas carbone à long terme du Maroc pour l’horizon 2050 nécessite la mise en place d’une évaluation des impacts macroéconomiques des scénarios de décarbonation et la proposition de mesures opérationnelles, a indiqué Mme Benali lors d’une rencontre avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Cette stratégie met l’accent sur diverses orientations telles que l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, l’augmentation de l’électrification, le développement d’une agriculture résiliente et durable, ainsi que la promotion de villes intelligentes avec un système de transport zéro émission, a-t-elle expliqué. Elle a dans ce sens relevé que la Stratégie nationale de développement durable (SNDD) vise à piloter la trajectoire du développement durable du Maroc à l’horizon 2035, notant que la refonte de la feuille de route du secteur énergétique implique un alignement avec le Nouveau modèle de développement (NMD) et les programmes gouvernementaux, ainsi qu’une approche consultative et collaborative impliquant toutes les parties prenantes aux niveaux national et régional. Et d’ajouter que dans le cadre de la transition vers une économie circulaire au Maroc, des mesures sont prises pour la gestion des déchets, dont la planification, la réduction à la source, la collecte sélective, le recyclage, l’éco-élimination et la valorisation énergétique, et des projets sont également en cours pour promouvoir une économie circulaire dans six villes hôtes de la Coupe du monde 2030.

Pour sa part, le président de la CGEM, Chakib Alj, avait affirmé que la réunion constitue une occasion de discuter des moyens de renforcer la collaboration entre la CGEM et le ministère, rappelant l’urgence économique pour les entreprises marocaines de produire de manière durable, pour rester compétitives sur les principaux marchés à l’export, notamment le marché européen.
Dans ce sillage, M. Alj a soulevé que le Maroc fait partie des pays qui sont très tôt passés à l’action face aux défis climatiques grandissants, notant que le Royaume s’est engagé, depuis de nombreuses années, dans la voie d’un développement résolument plus propre, plus respectueux de la planète et plus tourné vers l’avenir. « Des politiques, des stratégies et des mesures courageuses ont été mises en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment en favorisant la décarbonation de notre industrie nationale, la création d’une économie circulaire efficace et l’intégration du développement durable dans tout ce qui est entrepris », a-t-il poursuivi, précisant que le secteur privé marocain s’est rapidement et fortement mobilisé pour réduire son empreinte carbone et accompagner les efforts de l’État en matière de lutte contre les effets du changement climatique. Les entreprises marocaines voient cette transition comme un tournant vers des modèles économiques plus pérennes, plus technologiques et donc plus performants, a expliqué M. Alj, mettant en avant la nécessité d’une réelle transformation des modes de production et de consommation au sein des entreprises.

Accord avec Shell
GNL. L’été 2023, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a conclu un accord de fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) étalé sur une période de douze années avec Shell International Trading Middle East Limited FZE. L’accord, portant sur la fourniture au Maroc d’une quantité de 0,5 milliard de mètres cubes de GNL par an, prévoit dans les premières années l’approvisionnement à travers les ports espagnols et le Gazoduc Maghreb-Europe, puis une livraison à travers les futurs terminaux méthaniers marocains. La ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali a souligné en marge de cette signature que «le Maroc est entré pour la première fois sur le marché international du GNL en 2022, grâce à une coopération et à un climat de confiance exemplaires avec les pays voisins», assurant que «ce contrat de fourniture à moyen terme renforcera la sécurité énergétique du Royaume et améliorera sa compétitivité en accélérant la stratégie marocaine de décarbonisation». Le Maroc s’est engagé dans la décarbonisation de plusieurs secteurs, dont celui de l’électricité et l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national engendre un besoin plus fort en flexibilité et requiert l’accès à des combustibles compétitifs et bas carbone tels que le gaz naturel, rappelle la même source, ajoutant que l’ONEE a ainsi plus de 2 GW de centrales à gaz en développement. Le directeur général de l’ONEE, Abderrahim El Hafidi, avait, pour sa part, fait observer qu’«après avoir réalisé plusieurs achats de GNL sur le marché spot en 2022, nous nous réjouissons aujourd’hui de la signature de cet accord qui est le premier contrat d’achat à moyen terme de l’ONEE sur le marché international de GNL». Il a affirmé, dans ce sens, que cet accord permettra «de répondre à une partie de nos besoins et de garantir l’approvisionnement en gaz naturel de nos centrales», précisant que le gaz naturel est aujourd’hui une composante majeure du mix électrique du Maroc car il offre la flexibilité nécessaire pour compenser l’introduction massive d’énergies renouvelables dans notre système électrique. Le directeur de Global Origination chez Shell LNG Marketing and Trading, Mehdi Chennoufi, a, pour sa part, affirmé que son entreprise est ravie «de travailler avec l’ONEE et de fournir du GNL au Royaume, pour aider à répondre à la demande en gaz du pays», soulignant que «le GNL offre une source d’énergie flexible et fiable et a un rôle crucial à jouer dans la transition énergétique».

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