Les fintechs et mobile banking parmi les secteurs prioritaires au Royaume avec le géant américain Microsoft en tête de pont
Digital : Le marché marocain devient une priorité pour les firmes américaines dans le domaine du digital. Des contacts sont noués pour créer des liens avec le Maroc en particulier dans le secteur de l’IA (intelligence artificielle). Eclairages.
L’intérêt des géants de la «tech» américain ne se dément pas. La Chambre de commerce américaine (AmCham) au Maroc et Microsoft viennent d’organiser à Casablanca un événement sous le thème « L’intelligence artificielle au Maroc : Quelles opportunités?». L’événement a connu la participation de la ministre déléguée auprès du chef de gouvernement chargée de la transition numérique et de la réforme de l’administration, Ghita Mezzour, ainsi que du chef de mission adjoint à l’ambassade américaine au Maroc, Aimee Cutrona, aux côtés d’un certain nombre d’acteurs, d’experts et de professionnels de l’IA.
«Je pense que c’est un événement qui arrive à point nommé, et je suis très reconnaissant à l’AmCham pour l’opportunité d’organiser ce type de dialogue», a déclaré pour sa part John Edokpolo, responsable des affaires corporate, externes et juridiques du cluster régional Afrique chez Microsoft (MWN) dans un communiqué. Cet événement intervient quelques semaines après le déplacement d’une délégation marocaine aux USA dans le cadre d’un voyage organisé par le Service commercial américain basé au consulat général des Etats-Unis à Casablanca, en collaboration avec l’Agence américaine du commerce et du développement (USTDA), articulé autour du développement digital et de l’innovation. Les grandes entreprises technologiques et les start-up américaines participantes à ces rencontres étaient Oracle, Cisco, Cloudera, Google Cloud Services, Web Amazon Services et Microsoft.
Cette dernière se distingue d’ailleurs par son dynamisme au cours des derniers mois au Maroc. En novembre dernier, la ministre Mezzour avait reçu Lillian Barnard, présidente de Microsoft Afrique, ainsi que la délégation qui l’accompagnait. Cette rencontre était une occasion de discuter des moyens de coopération et des perspectives de partenariat avec le Groupe Microsoft, visant à renforcer la présence du Royaume sur le continent dans le domaine des technologies de l’information et du digital.
Finance et banque
Alors que le Maroc fait face au défi de la circulation du cash qui bat des records, le géant américain semble se positionner pour fournir des solutions basées sur l’IA. Pour Lillian Barnard, l’intelligence artificielle pourrait changer la donne en faveur de l’inclusion financière dans toute l’Afrique. Le Maroc pourrait également en bénéficier. «Pour des millions de personnes non bancarisées, les transactions se limitaient à l’argent liquide, aux services postaux ou même au système de troc. De la même manière que les paiements mobiles ont entièrement révolutionné l’écosystème, l’IA a le potentiel de propulser l’industrie de la fintech dans une nouvelle ère d’inclusion financière. L’Afrique ne se contente pas de se mettre à niveau en termes d’optimisations d’IA, mais elle va aussi de l’avant avec des solutions innovantes qui ont des retombées considérables pour les personnes peu bancarisées», précise la même source. Et de poursuivre: «La capacité de l’IA à réduire le coût de l’ensemble de l’écosystème des services financiers, de la détection de la fraude à l’optimisation de la gestion des risques, en passant par l’amélioration de la conformité, permet d’importantes efficiences opérationnelles et réductions de coûts, qui peuvent ensuite être répercutées sur l’utilisateur final.
Les banques, par exemple, peuvent rendre leurs services plus abordables pour leurs clients en déployant des agents conversationnels optimisés par l’IA afin de gérer les requêtes de routine, tout en leur évitant d’avoir à se rendre en agence». Pour Microsoft, «trouver de nouvelles façons de collaborer entre l’industrie et le gouvernement est essentiel à l’avancement de l’IA dans les services financiers. À cette fin, Microsoft continue de collaborer avec l’Union africaine et les gouvernements nationaux sur les marchés prioritaires pour aider à renforcer notre rôle collectif en tant qu’acteurs responsables de l’IA. L’Afrique est depuis un certain temps à l’avant-garde de la révolution des technologies de paiement, permettant à des millions de personnes d’accéder aux services financiers. Imaginez ce qui pourrait être accompli grâce à la puissance sans précédent de l’IA. Pour transformer cette opportunité en réalité, nous devons commencer par faire en sorte que les fondements de la transformation de l’IA soient posés dès aujourd’hui». Reste à savoir comment le marché marocain pourra réagir.
Pour le moment, le mobile banking et les fintech au niveau local restent très distancés par les autres pays en Afrique. En dépit des efforts déployés par la Banque centrale, le paiement mobile reste encore très limité. La circulation fiduciaire continue de poser un défi majeur au Maroc. La croissance annuelle est de 11 % actuellement contre 6 % auparavant. Des indicateurs qui attestent de la préférence des Marocains pour le cash à l’heure où les paiements électroniques se développent davantage. Face à cette problématique, la Banque centrale met les bouchées doubles pour sensibiliser les citoyens à ces nouveaux modes de paiement. Lors du point de presse ayant suivi le premier conseil de Bank Al-Maghrib au titre de l’année 2024, Abdellatif Jouahri avait souligné la nécessité de promouvoir la culture financière au niveau national.