Fortement impactée par les changements climatiques et la baisse de la pluviométrie, l’activité phoenicicole a plusieurs défis à surmonter. L’investissement dans cette filière est un élément central pour assurer sa durabilité. En termes de chiffres, l’activité phoenicicole contribue à hauteur de 20 à 60% dans la formation du revenu agricole pour plus de 1,5 million d’habitants. Au niveau national, la superficie occupée par le palmier dattier est de l’ordre de 67.000 hectares, avec un effectif total de près de 7,2 millions de pieds, soit 5,1% du patrimoine phoenicicole mondial, estimé à 1,3 million d’hectares de palmiers.
L’investissement est un aspect déterminant pour assurer la durabilité des zones oasiennes. Pour en faire un état des lieux, une conférence a été organisée le 4 octobre 2023 en marge du Sidattes qui se déroule du 3 au 8 octobre à Erfoud sous la thématique: «L’investissement dans la filière phoenicicole, levier pour le développement de la productivité et la durabilité des oasis». Ce forum est organisé par l’Agence pour le développement agricole (ADA) et le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM)
« Les investisseurs ont plusieurs opportunités d’investissements dans le secteur agricole », a tenu à préciser Al Mahdi Arrifi, directeur général de l’ADA, qui a fait état d’un « climat d’affaires stable, et prometteur ». Il cite à cet égard la location longue durée de terrain foncier agricole détenu par l’Etat. Pour ce qui est de services agricoles, les opportunités d’investissement offertes aux entreprises opérant dans ce secteur concernent entre autres les équipements Agricoles et hydroagricoles. En plus, un programme d’élargissement des espaces d’irrigation à 160.000 hectares et un programme d’irrigation localisé sur un espace de 550.000 hectares ont été élaborés. Selon le directeur de l’ADA, les opportunités d’investissements englobent également la modernisation des industries agricoles avec la mise en place d’unité de valorisation de transformation, de stockage et de frigorification. Dans le cadre de la déclinaison des axes des deux fondements de la stratégie Génération Green, un nouveau contrat programme a été signé le 4 mai 2023, fixant les engagements de la Fédération interprofessionnelle nationale de la filière des dattes «Maroc Dattes» et de l’Etat pour la mise en œuvre du programme de développement de la filière phoenicicole et de la gouvernance de son organisation professionnelle à l’horizon 2030. Le budget global engagé pour la mise en œuvre des actions prévues dans le cadre de ce contrat-programme s’élève, sur la période 2021-2030, à près de 7,47 milliards de dirhams, dont 3,6 milliards de dirhams comme contribution de Maroc Dattes et 3,87 milliards de dirhams de l’Etat. Le nouveau cadre de développement de la filière ambitionne de poursuivre la réhabilitation de la palmeraie traditionnelle et l’extension des plantations en dehors de la palmeraie. Cette ambition englobe également l’amélioration de la productivité, l’extension des installations de stockage frigorifique, de conditionnement et de transformation, l’accroissement des exportations et la diversification des débouchés. Les objectifs à réaliser d’ici 2030 incluent principalement la plantation de 5 millions de plants dont 3 millions de plants au niveau de la palmeraie traditionnelle, l’extension de la superficie en dehors de la palmeraie traditionnelle de 14.000 hectares pour atteindre 21.000 hectares à travers la plantation de 2 millions de vitro plants, l’amélioration de la production pour atteindre 300.000 tonnes (au lieu de 149.000 actuellement), l’amélioration du taux de conditionnement pour atteindre 50% contre 8% en 2020, l’amélioration du taux de transformation pour atteindre 10% contre 0,3% en 2020 et la promotion des exportations pour atteindre 70.000 tonnes contre 3.600 tonnes en 2020. Pour rappel, la superficie occupée par le palmier dattier au niveau national est de l’ordre de 67.000 ha, avec un effectif total de près de 7,2 millions de pieds, soit près de 5,1% du patrimoine phoenicicole mondial estimé à 1,3 million d’hectares de palmiers. A noter que cette conférence a été marquée par deux panels. Le premier est sous le thème « Mécanismes d’appui et d’accompagnement pour le développement durable dans les oasis » et le deuxième a été sur « Les opportunités d’investissement pour le développement de la productivité dans la filière phœnicicole ». Ce forum qui se tient en marge du Sidattes a mis la lumière sur l’importance de la poursuite du renforcement de l’investissement dans cette filière qui est considérée en tant qu’un levier de développement socio-économique, de durabilité et de pérennité des écosystèmes oasiens, de plus en plus vulnérables face aux aléas du changement climatique. Y ont pris part des acteurs publics et privés de la filière des dattes, à savoir le ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et des forêts, l’Agence nationale de développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA), l’Office national du conseil agricole (ONCA), la Direction des affaires rurales (DAR), le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM), la Fédération interprofessionnelle des dattes, les organisations professionnelles ainsi que les porteurs de projets.
La production prévisionnelle des dattes pour la campagne agricole 2023-2024 atteindrait 115.000 tonnes, en croissance de 6,5% par rapport à la production de la campagne agricole 2022-2023 où elle était de 108.000 tonnes. Selon les chiffres du ministère, cette production est issue d’une superficie productive de 50,9 mille hectares. Comme le confirme la même source, la hausse de la production est réalisée grâce à l’entrée en production des nouvelles plantations, notamment dans la région de l’Oriental en de’pit du contexte climatique difficile. Par région, Drâa-Tafilalet détient une quote-part de production des dattes au niveau national qui s’élève à plus de 79% avec un volume de 91.000 tonnes. Les régions de Souss Massa, Oriental et Guelmim-Oued Noun contribuent ensemble à 21% de la production, soit 24.000 tonnes.