La durabilité du développement agricole figure parmi les priorités de la stratégie «Génération Green». Les engagements pris dans ce sens portent essentiellement sur l’utilisation de l’eau en agriculture.
Agriculture irriguée : En vue d’assurer la sécurité alimentaire dans ce contexte de sécheresse, le gouvernement a établi un focus sur l’irrigation. Des dispositifs structurants ont été identifiés au titre de l’année 2024 contribuant à dynamiser l’investissement dans le secteur agricole.
L’investissement agricole est au cœur de la programmation budgétaire au titre de l’année 2024. Trois programmes sont dans ce sens prévus et ce dans l’optique de faire face à l’enjeu de la sécurité alimentaire. L’intérêt est porté sur l’irrigation et l’aménagement de l’espace agricole. Une enveloppe de 4,09 milliards de dirhams a été déterminée pour l’exercice actuel permettant ainsi de poursuivre la réalisation de 24 projets au niveau national.
De ce budget, 1,91 milliard de dirhams est dédié à la région de Fès-Meknès pour la concrétisation de deux projets d’un coût global de 8,1 milliards de dirhams et dont 5,53 milliards de dirhams ont été émis à fin juin 2023, soit un taux de réalisation de l’ordre de 70%.
De même, un montant de 690 millions de dirhams sera mobilisé à Dakhla-Oued Eddahab pour la réalisation d’un projet d’un coût global de 1,53 milliard de dirhams. Dans le cadre du même dispositif, 359 millions de dirhams seront injectés pour la poursuite de la réalisation de 3 projets à Souss-Massa, contre 276 millions de dirhams à l’Oriental (3 projets), 232 millions de dirhams à Rabat-Salé-Kénitra (3 projets), 178 millions de dirhams à Marrakech-Safi (4 projets), 125 millions de dirhams à Casablanca-Settat (3 projets), 121 millions de dirhams à Guelmim-Oued Noun (1 projet), 112 millions de dirhams à Béni Mellal-Khénifra (1 projet), 46 millions de dirhams à Tanger-Tétouan-Al Hoceima (2 projets) et 41,5 millions de dirhams à Drâa-Tafilalet (1 projet).
Pour ce qui est du partenariat public-privé en irrigation, 421 millions de dirhams seront mobilisés en 2024 pour la concrétisation de 5 projets d’un coût global de 10,99 milliards de dirhams. Il est à souligner que la durabilité du développement agricole figure parmi les priorités de la stratégie «Génération Green». Les engagements pris dans ce sens portent essentiellement sur l’utilisation de l’eau en agriculture. La nouvelle vision agricole prône en effet le dédoublement de l’efficacité hydrique et le développement d’un secteur agricole performant dans le respect de l’écosystème environnement. Ces ambitions convergent dans le programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027. Ce dispositif couvre une superficie globale de 510.000 hectares au profit de 160.000 bénéficiaires, pour un investissement de 14,7 milliards de dirhams. Ce programme consiste en l’achèvement des projets de modernisation des systèmes d’irrigation collectifs en cours sur 70.000 hectares.
Le dispositif porte également sur l’achèvement des projets d’extension de l’irrigation en cours sur 44.000 hectares. Il est également question de la poursuite des efforts d’économie d’eau et de modernisation des systèmes d’irrigation en vue d’équiper une superficie additionnelle de 350.000 hectares pour atteindre à l’horizon 2027 une superficie globale, équipée en systèmes d’irrigation économes en eau de 940.000 hectares, soit près de 60% de la superficie irriguée. Le but étant d’atteindre une économie annuelle de plus de 2,5 milliards de m3 d’eau. Il sera procédé par ailleurs à la poursuite du projet d’aménagement hydro-agricole pour la sauvegarde de près de 30.000 hectares de terres irriguées dans la plaine de Saïss.
Ceci passe par l’adduction et la distribution d’eau mobilisée à partir du barrage M’dez. Le programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation vise également la préservation de la petite agriculture irriguée à travers la réhabilitation et la rénovation des périmètres de petites et moyennes hydrauliques sur 150.000 hectares, notamment dans les secteurs précaires. A cela s’ajoute l’aménagement hydro-agricole de la zone sud-est de la plaine du Gharb. La finalité étant d’étendre l’irrigation sur une superficie de 30.000 hectares afin de valoriser les ressources en eau mobilisées par le barrage Al Wahda. Ce programme vise par ailleurs l’achèvement des projets de partenariat public-privé en cours sur 23.200 hectares, notamment à Azemmour, Chtouka et Dakhla. On note par ailleurs le développement de nouveaux projets de partenariat public privé de dessalement de l’eau de mer et le développement du pompage solaire en irrigation.
Maîtrise de la gestion de l’eau d’irrigation : De nouvelles techniques adoptées depuis le Plan Maroc vert
Dispositifs Le processsus de la rationalisation et de la valorisation de l’eau d’irrigation a été enclenché dans le cadre du Plan Maroc Vert. Une politique volontariste a été engagée dans ce sens faisant ainsi de l’agriculture irriguée un des leviers de durabilité et de compétitivité du secteur. Cette nouvelle ère a favorisé l’introduction de nouvelles techniques d’irrigation. Dans le cadre de la maîtrise de la gestion de l’eau, trois programmes structuraux ont été mis en oeuvre.
Citons en premier le programme national d’économie d’eau en irrigation portant sur le développement de l’irrigation localisée sur une superficie totale de 550.000 hectares à fin 2020. La finalité étant d’améliorer l’efficience de l’utilisation de l’eau d’irrigation en agriculture en vue d’économiser et de valoriser près de 1,4 milliard de m 3 d’eau. A fin 2019, près de 585.000 hectares ont été équipés en goutte-à-goutte, marquant ainsi un dépassement de l’objectif initialement fixé. Le deuxième programme consiste en l’extension de l’irrigation en créant de nouveaux périmètres et en renforçant l’irrigation des périmètres existants dominés par les barrages réalisés ou programmés sur une superficie de 130.000 hectares. L’objectif étant de remédier à une sous-valorisation de près de 1,2 milliard de m3 d’eau mobilisée par les barrages destinés à l’irrigation.
Le bilan dressé par la tutelle démontre qu’à fin 2019 près de 82.280 hectares sont équipés ou en cours d’équipement dans le cadre de ce programme. Le troisième dispositif s’articule autour du partenariat public-privé. Cette approche tend à améliorer les conditions techniques, économiques et financières de la gestion du service de l’eau d’irrigation dans les périmètres. Il est ainsi question de préserver la nappe par la mobilisation des eaux non conventionnelles à travers divers projets dont les projets de sauvegarde de l’irrigation et les projets de dessalement de l’eau de mer. Au total, 4 projets de partenariat public privé en irrigation ont été contractés à fin 2019 dont deux projets de dessalement de l’eau de mer pour l’irrigation de Chtouka-Ait Baha (15.000 hectares) et de Dakhla (5.000 hectares).