Entretien avec Jaouad Chami, commissaire du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM)
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Le SIAM a encore une fois tenu ses promesses. En effet, cette 12ème édition a été
marquée par une présence importante de participants et une série de conférences essentiellement axées sur l’expertise marocaine dans le domaine. Sur ces questions et bien d’autres, ALM est allé à la rencontre de Jaouad Chami, commissaire du SIAM.
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ALM : Vous avez choisi cette année le thème de l’agrobusiness, pourquoi ce choix ?
Jaouad Chami : On a beaucoup parlé de la valorisation des productions agricoles. Ainsi, ces valorisations ne peuvent vraiment se faire que s’il y a une approche agroindustrielle qui corresponde en amont à la production agricole. Alors, il y a d’abord une harmonisation à faire entre agriculture et agro-industrie et en termes de quantité et de qualité les opérateurs doivent être rassurés. Deuxièmement nous n’avons que cette voie pour valoriser notre production. C’est la raison pour laquelle dans le Plan Maroc Vert le ministre de l’agriculture a annoncé que nous sommes dans la deuxième phase du plan, une phase de valorisation et nous devons, nous dans le Salon de l’agriculture, être en phase avec le programme du gouvernement.
Comment concilier entre agrobusiness et agriculture classique ?
Ce sont effectivement deux mondes indissociables. On ne peut pas prétendre dans un pays à faire de l’agro-industrie si on n’a pas une agriculture performante et donc il y a une harmonisation à faire. Et pour cause, l’agro-industriel connaît le marché, il connaît donc la nature des demandes, c’est-à-dire comment s’expriment les demandes et par conséquent il doit revenir en amont vers l’agriculture. Dans ce sens, lorsque les productions arrivent à l’usine il faut qu’elles soient en harmonisation avec les industriels parce que ce sont eux qui sont dans le marché et ce sont eux qui sont capables dans certains domaines d’orienter l’agriculteur vers les variétés, les plantations, les cultures qui sont demandées sur les marchés nationaux et internationaux.
La plupart des coopératives réalisent leur chiffre d’affaires qui varie entre 15 et 40%, voire pour certains 60% au SIAM, comment offrir plus de visibilité à ces coopératives ?
Les Marocains ont beaucoup à gagner à découvrir les produits qui sont fabriqués par ces associations. Lors du premier Salon de l’agriculture nous avions 18 coopératives qui ont présenté leur offre avec des produits qui n’étaient pas de très bonne qualité. Cette année on a reçu plus de 600 demandes. Donc en si peu de temps une croissance formidable qu’a connue une frange très vulnérable et très sensible d’agriculteurs. Aujourd’hui, quand on voit la qualité de leurs produits, la qualité de leur emballage, la qualité de la présentation de leur stand on peut dire facilement qu’elles ont toute leur place sur le marché. C’est pour cette raison que le véritable enjeu dans le futur c’est que ces coopératives arrivent à payer le mètre carré du salon pour exposer leurs produits. Cela voudrait dire qu’elles ont un budget de communication, que cette communication est employée pour le SIAM et qu’en venant au Salon elles ont des charges. Mais en contrepartie, ces coopératives ont largement les ressources pour les couvrir. C’est là que rentre cette tranche de nos agriculteurs dans les équilibres qu’on appelle la loi c’est le marché. C’est lui qui impose ses règles et, à partir du moment qu’on voit que ces coopératives arrivent à faire vendre leurs produits ça veut dire qu’elles sont en phase avec le marché. C’est ce genre d’associations et de coopératives auxquelles on aspire.
Maintenant en matière de coopération Sud-Sud, quel est l’écho du SIAM auprès des pays de l’Afrique ?
Aujourd’hui nos amis africains disent que le SIAM appartient à nous tous. Ils ont choisi le Salon comme une plate-forme et une tribune pour les questions agricoles continentales. Ça nous donne des responsabilités supplémentaires mais nous pensons qu’effectivement c’est un rôle qu’on se doit de jouer parce qu’on est surpris lorsqu’on écoute nos amis africains parler de l’expertise agricole marocaine.
J’ai moi-même été témoin des réunions en Afrique où l’exemplarité du Maroc est toujours mise en avant, notamment dans le secteur de l’agriculture. Ce qu’on nous dit très souvent c’est que les Marocains arrivent le mieux à gérer cette équation entre la quantité d’eau présente sur un territoire et sur la quantité et la qualité des produits. On n’est pas dans un pays où il pleut abondamment mais par rapport à la quantité d’eau dont nous disposons on arrive à avoir un meilleur rendement.