L’Association des guides de Marrakech a vécu la plus mouvementée de ses assemblées générales, lundi 20 décembre 2004. Réunis à l’hôtel Imperial Borj pour débattre des problèmes de la profession, la tension est vite montée entre les «Guides de la Mamounia » et le reste de la corporation. Le boucan était tel que le directeur général de l’hôtel a du évacuer la salle, pour éviter un scandale. Jamal Saâdi, qui préside l’Association des guides de Marrakech, a passé un mauvais quart d’heure une fois dehors. Hué et insulté, d’après ses dires, par quelques uns de ces fameux guides de l’hôtel Mamounia, l’intéressé envisagerait de porter plainte.
En fait, depuis le 24 novembre dernier, date à laquelle le ministère a émis une note sur le principe du roulement entre guides, la tension couve au sein de la profession. Pour les guides de la Mamounia, environ une quarantaine, il n’était pas question d’accepter le principe de la rotation entre les hôtels.
D’après Jamal Saâdi, ces guides soutenus par un bazariste de la place, sont prêts à tout pour préserver leur statu quo et leur mainmise sur les endroits stratégiques de la ville. Des explications contestées en bloc par l’autre partie qui accuse le président de l’Association des guides de Marrakech de vouloir être président à vie. «Il a été élu trois fois, il est temps qu’il songe à passer le témoin !», affirme un membre de l’association pour qui, en aucun cas, il n’est question de s’opposer à la note ministérielle. «Il y a plus de 200 guides à Marrakech qui sont favorables au roulement, donc dès qu’on renouvellera les instances de nos associations, ce problème sera règlé par vote ».
En attendant, Jamal Saâdi continue de clamer qu’il en est seulement à son tout premier mandat à la tête de l’association. «Certes, déclare-t-il, je ne peux nier avoir été élu à la tête d’autres associations, mais pour ce qui est de celle-ci, je ne suis qu’à un seul mandat, lequel à commencé le 8 janvier 2002. Si on veut que je quitte, il y a des statuts, une assemblée générale, que cela se fasse dans le respect de la loi ». Et d’ajouter : «La plupart de ces guides sont en réalité anciens faux guides qui ont acheté leurs agréments en 1986 ». Ce à quoi se défendent les intéressés, persuadés par contre, que leur président tire trop la couverture de son côté. L’association recense 538 guides dans la ville ocre. Environ 40% disposent d’un bac + 4, 30% d’un bac + 2 et seulement 2% sont sans niveau. Cela grâce à la politique adoptée depuis 1996 dans la réglementation du recrutement des guides. Pour M. Saâdi, le vrai problème est ailleurs.
Les anciens guides n’ont pas encore digéré la fameuse VAP (validation des aptitudes professionnelles). Ce programme d’évaluation du niveau des guides a suscité beaucoup de réserves de la part des anciens membres de la profession, qui craignaient que l’examen auquel on les soumettait ne leur ferme la porte de la profession. Sur les 300 guides qui se sont présentés à ce concours qui remonte à 2002, 125 ont recueillis l’excellence, mais 17 ont été qualifiés de «sans niveau». Ceux-ci n’ont pas tardé à sonner la révolte. Et avec eux quelques bazars farouchement opposés au principe de roulement. D’ailleurs, la relation entre les guides et les bazaristes est des plus flous.
Le vide juridique entourant les conditions d’exercice des uns, ajouté au manque d’encadrement des autres ne sont pas pour clarifier les choses. «La majorité des guides dépendent des bazaristes qui les rémunèrent largement», ajoute un élu de la ville pour qui la seule manière de clarifier les choses, c’est d’interdire aux guides de fréquenter les bazars.
Un chantier sur lequel se penche sûrement le département de l’Artisanat. Dans certains pays comme l’Egypte, l’activité des guides est limitée aux monuments touristiques et aux lieux culturels. Le délégué touristique entend tout de même faire appliquer le principe de la rotation dès le 1er janvier 2005.