Emmenés par le Fonds monétaire international (FMI), les partisans d’une détente monétaire en zone euro ne cessent de pointer du doigt l’horizon plombé de l’économie européenne: la croissance cette année devrait s’avérer inférieure à 1%, et sera « bien en-deçà » de la précédente prévision de la Commission européenne de 2,9%, selon Bruxelles.
La Réserve fédérale américaine a de son côté réduit mercredi d’un demi-point ses taux d’intérêt en réponse au grippage du moteur économique américain. Mais l’institut monétaire francfortois, qui n’a pas changé le niveau de son taux directeur depuis un an, à 3,25%, n’aime pas qu’on lui dicte sa conduite. La politique monétaire de la BCE « n’empêche pas la croissance », s’exaspérait récemment le président de la Bundesbank, Ernst Welteke, accusant les partisans d’une baisse rapide des taux de « dépasser leur domaine de responsabilité » et de « mépriser l’indépendance de la banque centrale ».
Un autre membre du conseil des gouverneurs de la BCE, le Néerlandais Nout Wellink, s’est montré encore plus clair dans une interview la semaine dernière, affirmant que la persistance de l’inflation ne justifiait pas actuellement une détente des taux. La hausse des prix à la consommation s’est accélérée en octobre dans la zone euro à 2,2% sur un an, soit au-dessus du seuil maximum de 2% toléré par les banquiers centraux.
Une fâcheuse tendance, qui pourrait être exacerbée par une hausse du cours de l’or noir, en cas de conflit en Irak. Et la tentation affichée par certains gouvernements de s’affranchir de la rigueur budgétaire imposée par le Pacte de Stabilité n’est pas faite pour rassurer la BCE. Réunis lundi à Berlin, le Français Francis Mer et l’Allemand Hans Eichel, dont les pays affichent des déficits nettement supérieurs à la limite autorisée de 3% du PIB, ont proposé d' »affiner » le Pacte en y injectant de nouveaux critères comme l’inflation ou l’emploi. Ce qui reviendrait à relativiser le chiffre du déficit, et du même coup l’objectif de consolidation.