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La BCE va devoir redoubler d’efforts

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Crédibilité entamée, dissensions internes: l’étoile de la Banque centrale européenne a terni depuis sa décision d’aider les pays de la zone euro en achetant des obligations, et son président Jean-Claude Trichet va devoir redoubler d’efforts pour rassurer les marchés. Le conseil des gouverneurs, qui se réunit jeudi comme tous les mois, devrait conserver le principal taux directeur inchangé à 1%, selon des économistes, qui attendent surtout les déclarations du Français lors de la traditionnelle conférence de presse. Pour Jennifer McKeown de Capital Economics, il va sans doute continuer à assurer des marchés monétaires très nerveux du soutien de la BCE et va de nouveau exhorter les Etats de la zone euro à entreprendre de courageuses mesures d’assainissement de leur budget. «Il va aussi s’efforcer de défendre l’indépendance de la BCE après les récentes allusions affirmant qu’elle a été excessivement influencée par les gouvernements», estime l’économiste. Les nombreuses interventions du Français ou des autres banquiers centraux depuis que la BCE a commencé à acheter des obligations d’Etats en grande difficulté budgétaire, comme la Grèce, l’Irlande, l’Espagne et le Portugal, ont échoué à redonner confiance, selon des experts. L’euro a continué sa glissade face au dollar, tombant vendredi à des niveaux plus bas depuis quatre ans, sous la barre de 1,20 dollar. Les doutes sur le succès du plan de sauvetage de la Grèce et du mécanisme de soutien à la zone euro décidés par les gouvernements, le fait que la BCE ne pourra pas remonter ses taux directeurs avant très longtemps, étant donné la crise budgétaire: les arguments contre la devise européenne ne manquent pas, souligne la Commerzbank dans une note. Les informations fournies par la BCE sont insuffisantes et expliquent aussi en partie la tension réapparue récemment sur les marchés, estime Marco Annunziata, économiste chez UniCredit. Pour lui, «le manque de transparence de la BCE concernant son programme d’achat d’obligations crée un terrain fertile aux rumeurs et conjectures». L’institution pourrait au moins préciser la provenance des titres qu’elle achète. Les acteurs du marché seraient ainsi mieux en mesure de différencier la situation entre pays, réduisant le risque de crainte infondée de contagion. Récemment, le Fonds monétaire international a, lui, jugé nécessaire que la BCE «clarifie sa communication et convainque les marchés» qu’elle continuera, «si nécessaire», à acheter des obligations d’Etat. Les dissensions au sein de la BCE sont aussi un facteur de trouble. Le président de la Bundesbank Axel Weber, candidat officieux de Berlin à la succession de Jean-Claude Trichet l’an prochain, répète inlassablement son scepticisme face à l’achat d’obligations publiques. Il redoute ses effets inflationnistes -pourtant la BCE retire des marchés des liquidités équivalentes au montant de ses achats- et s’inquiète d’une politisation de l’institution. Jean-Claude Trichet n’a pas été épargné par les critiques en Allemagne, où l’indépendance de la Bundesbank a toujours été portée aux nues, même si elle a dû céder aux pouvoirs politiques lors de la réunification allemande et accepter une parité entre le mark de l’ouest et celui de l’est.

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