Economie

La CGEM est à réformer d’urgence

ALM : Vous êtes le «Candidat malheureux » des dernières élections à la CGEM. Vous êtes aussi le président d’une autre association patronale (Medum) qui a du mal à s’imposer. Vous vous présentez de nouveau pour la présidence d’une Association que vous n’avez cessé de critiquer. Quelles sont les motivations qui justifient votre deuxième candidature ?
Mourad Belmaâchi : Il faudra pour cela revenir un peu en arrière, plus précisément au climat qui régnait avant 1997. Inefficace, le système du patronat se devait de changer. Le défunt Roi Hassan II avait personnellement appelé à ce changement. C’est alors que Lahjouji avait pris les rênes de la CGEM en devenant son président. Beaucoup de fédérations ont été créées à l’époque. Avec 3000 entreprises adhérentes, la CGEM avait également gagné en audience et en représentativité.  En 2000, Hassan Chami s’est présenté. L’idée de me présenter germait dans mon esprit et j’ai fini par relever ce défi, sans réussir à m’imposer. Une vraie aventure qui m’a confronté à plusieurs conflits. A commencer par celui des générations. Je faisais partie d’une génération de jeunes qui avait son mot à dire. Eux, c’était le passif. Et c’est là que je me suis rendu compte que j’étais face à un club fermé aussi bien sur lui-même que sur son environnement et où je n’avais pas ma place. Cette première candidature m’a aussi permis d’avoir une certaine expérience et maturité. Ceci, à travers une meilleure connaissance de beaucoup de dossiers.

Maintenant que vous-êtes, comme vous le dites, plus au fait de la réalité du patronat, quels sont les principaux reproches que vous faites à la CGEM ?
La CGEM accuse actuellement un manque flagrant de représentativité. Ils ne sont pas 2000 entreprises à être adhérentes mais seulement 800 à payer leur cotisation.  Et puis comment concevoir qu’un patronat dépende d’un parti politique. Les membres, accepteront-ils demain d’être liés à un patronat lié à la politique.
La CGEM est à cet égard loin d’être neutre. A cela, s’ajoute le clientélisme et, surtout, l’inadéquation qui existe entre le patronat et l’environnement économique national. Nous avons 60 000 PME/PMI, 350.000 professions libérales et 200 à 400 grandes entreprises. Que représente la CGEM dans ce cas ? D’où le choix que nous avions fait de créer une autre association patronale qu’est le Medum. L’équipe sortante n’a rien fait pour la PME marocaine depuis 2000. Ses discours sont restés sans application. Le chômage bat son plein, en attendant une stratégie viable, applicable pour résoudre ce problème. Mais face aux pressions que nous avons subies de la part de la même CGEM, nous n’avons pas pu obtenir de récépissé de dépôt.  

Quels remèdes préconisez-vous pour améliorer l’image et l’efficacité de la CGEM ?
La CGEM est appelée à se réformer pour accroître son audience, d’abord à l’échelle interne et mieux accompagner l’entreprise marocaine. J’entend porter le nombre d’entreprises adhérentes de 1000 à 5000. Ceci, en intégrant, entre autres, les PME et les professions libérales.
L’ensemble des structures du patronat est à revoir. Il y en assez des dirigeants qui ne se confrontent qu’occasionnellement au quotidien de l’entreprise. Nous n’avons plus de temps à perdre. De toutes les mesures prioritaires, le plus urgent est d’installer un climat sain, à l’interne de la CGEM comme à l’externe, notamment dans le volet de la justice, qu’il faut rendre transparente. Tant d’entreprises sont en difficulté ou en redressement. Mais aucune information ne filtre quant à leur nombre. Si le système bancaire ne suit pas l’investissement au Maroc , c’est aussi parce que la justice ne remplit pas son rôle. Eliminer la bureaucratie et favoriser l’entreprise nationale sont aussi des actions d’une extrême importance.

Peut-on avoir des exemples précis quant aux mesures que vous comptez prendre ?
La prise de décision doit se faire en concertation avec les intéressés. Il n’en a pas été ainsi quand l’augmentation des salaires a été adoptée dans le cadre de l’accord social. Pis encore, sans accompagnement, cette décision va participer à la prolifération de l’informel que la réduction de l’assiette va automatiquement entraîner.
D’autant que si l’entreprise sent qu’elle est accompagnée, elle ferait des mains et des pieds pour aider à créer des richesses et de l’emploi et, par là, absorber le chômage. Autre exemple, le ministère de l’Agriculture s’apprête à lancer un appel d’offres pour la cession de terrains appartenant à la Sodea et la Sogeta.
Des entreprises étrangères seraient forcément intéressées. Mais de quelles garanties dispose-t-on pour s’assurer que ces entreprises vont exploiter ces terrain en faveur du Maroc ? Pourquoi ne pas disposer de Joint-ventures pour créer une valeur ajoutée qui soit profitable à tous? Pour ces exemples et d’autres, nous avons besoin d’un patronat fort avec une vision et une visibilité. La CGEM se contente pour l’heure de jeter des fleurs au gouvernement. Ceci alors que plus d’une loi continue de pénaliser l’entreprise au Maroc (S.A, code de commerce…). C’est dire que tout reste à faire, ou à refaire.

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