Diligenté par une banque d’affaires, l’audit de la Comanav est prêt. la Commission de transfert, qui va se réunir en septembre prochain, décidera du schéma du transfert final ; une phase ultime avant le lancement de l’appel d’offres international.
En attendant, dans les milieux maritimes, les supputations vont bon train concernant les candidats intéressés par cette opération.
Au fur et à mesure que les échéances se rapprochent, les bruits sur d’éventuelles alliances se précisent. Dans les milieux maritimes, nombreux sont ceux qui misent sur une «privatisation sous forme de vente en pièces détachées» ; scénario formellement démenti dans les parages de la direction de la Comanav où l’on précise qu’il n’y aura pas de vente séparée des pôles fret, passager et manutention.
Pourtant, il y a quelques mois, Manuco qui appartient à la Comanav est entrée dans le giron de Consorport aux côtés de Tanc (IMTC). Le nouvel ensemble ainsi créé est destiné à soutenir la concurrence face à la future SODEP. Quant au pôle fret de la Comanav, il nourrit les convoitises du français CMA-CGM, ancêtre de la Comanav et qui est considéré par les spécialistes comme un candidat historique dans cette opération de privatisation.
L’intérêt du géant français pour le fret est dicté par les tendances actuelles dans le milieu maritime où les vents soufflent plutôt vers la spécialisation et les concentrations horizontales. «Bien sûr, dans un deuxième temps, cette concentration horizontale sera forcément suivie par une intégration verticale», précise un expert de la place. A suivre sa logique jusqu’au bout, le français CMA-CGM va contrôler la future SODEP, alors que Consorport reviendra au groupement Maersk. En d’autres termes, on retrouverait à Casablanca le même schéma qu’à Tanger-MED.
Des faits matériels viennent corroborer ce scénario. Il y a tout d’abord l’alliance faite à Tanger et à Casablanca entre CMA-CGM et MSC. Les deux partenaires comptent exploiter, en commun, un chantier multi-modal dans le quartier des Roches-Noires à Casablanca pour traiter les conteneurs qui viendront par voie ferrée du port de Tanger Med.
Le terrain a déjà été acquis sous forme, non pas d’achat, mais d’une occupation temporaire de domaine public.
Quant au pôle passager de la Comanav, il intéresserait, toujours dans cette logique de concentration horizontale, plusieurs groupes étrangers dont l’espagnol «Trans Meditterranéa». «Nous l’achèterons à prix d’or», auraient déclaré en aparté à un cadre de la Marine marchande des membres du staff de cette compagnie. Reste que le groupe espagnol, intéressé par les lignes et le matériel, hésiterait devant l’aspect social.
Autant de calculs et d’alliances qui illustrent l’intérêt que suscite la Comanav dans le secteur. Invité par la TVM, le P-dg du groupe, Toufiq Ibrahimi, a déclaré que le niveau d’endettement de la compagnie (de l’ordre d’un milliard DH), n’est pas préoccupant et se situe dans le même niveau que celui des concurrents du secteur. Environ 4 à 5 milliards DH d’investissements seront toutefois nécessaires, a-t-il précisé, pour le redressement de cet opérateur national de transport maritime.
La privatisation concernera la part de l’Etat (52%). La CDG et la BMCE qui détiennent 48% du capital ont pris, elles, une confortable avance.