ALM : Avant de rentrer dans le vif du sujet, quelle leçon doit-on tirer de la triste affaire des deux marins morts de paludisme ?
Omar Akouri : Je pense que c’est un accident regrettable qui pouvait arriver à n’importe qui. Ceci dit, comme en cas de tout problème, il y a une enquête qui a été diligentée par les services compétents. L’investigation permettra de déterminer les responsabilités des uns et des autres. En ce qui me concerne, je ne dispose pas d’éléments d’appréciation pour en juger.
Où réside l’importance du plan d’aménagement ?
Il faut souligner que, sans plan d’aménagement, on ne peut gérer convenablement les pêcheries. Notre pays dispose d’énormes richesses halieutiques certes, mais si ces richesses sont exploitées de manière anarchique, on aboutira aux mêmes résultats que ceux que nous avons eus avec le poulpe.
Heureusement que l’approche actuelle est approuvée par tout le monde, pouvoirs publics et professionnels qui se mettent, de plus en plus souvent, autour d’une même table pour discuter de la meilleure manière de gérer ces ressources.
Pouvez-vous nous dire si les résultats de telles concertations sont, ou non, respectés par toutes les parties prenantes ?
Quand un secteur a vécu une longue période d’anarchie, pratiquement sept ou huit ans, la normalisation ne peut s’accomplir sans se heurter à des résistances, notamment de la part de ceux qui ont profité d’une telle situation de non droit.
Les professionnels de la pêche hauturière n’ont jamais cessé de réclamer que le droit soit respecté. Aussi le gouvernement actuel a-t-il entendu notre message et la concertation a commencé à donner ses fruits : on peut dire aujourd’hui, sans complaisance aucune, qu’on est arrivé à faire saisir par tout le monde l’importance des enjeux fondamentaux de la problématique quant au développement économique du secteur.
Qu’en est-il des assurances du ministre selon lesquelles la situation de la ressource s’améliore? Et qu’en pensez vous ?
Cette tendance à l’amélioration se confirme absolument: les résultats de la dernière marée sont là pour en témoigner. Aujourd’hui, on travaille par quota. Lors des deux dernières marées, les quotas initiaux ont même été révisés à la hausse et bon nombre de bateaux ont pu réaliser leur part de captures, à la différence de la campagne allant de mai à août 2004 où nous n’avons même pas pu réaliser la moitié de notre quota. C’est pour nous le meilleur signe de reprise.
En ce qui concerne le quota, y a-t-il moyen de faire respecter les règles du jeu par tout le monde ?
Absolument. Et tout cela est prévu par le plan d’aménagement : on y trouve la manière de pêcher, le mode de répartition du T.A.C global et de détermination du quota individuel, les périodes, les zones de pêche …. etc. Toutes ces mesures tendent à sauvegarder les intérêts de tous les intervenants tout autant que la ressource.
Qu’en est-il de la pêche artisanale ?
Sur ce chapitre, tout le monde est conscient qu’il y a plus de 7 000 barques qui se sont installées d’une manière anarchique. L’Etat et les professionnels ont convenu de trouver une solution à ce problème. Il a fallu donc régulariser les propriétaires de ces barques d’une manière ou d’une autre. Et c’est là où l’I.N.R.H, qui a le dernier mot en ce qui concerne l’effort de pêche, a indiqué qu’il ne pouvait y avoir plus de 2 500 barques sur cette pêcherie. C’est ce chiffre de 2 500 barques qui figure sur le plan d’aménagement, approuvé par le gouvernement, et accepté par l’ensemble des professionnels dans un cadre conventionnel. Il faut tout simplement que toutes les parties respectent leurs engagements.
Les nouvelles conditions de travail permettent-elles aux opérateurs d’avoir une certaine visibilité ?
Actuellement, les commissions prévues par le plan d’aménagement, à savoir la Commission de Veille Biologique et la Commission de Suivi de la Pêche Poulpière se réunissent sous la présidence du secrétaire général de manière assez fréquente et suivant les besoins. Leurs attributions sont également fixées par le plan d’aménagement.
Elles effectuent un travail soutenu dans une ambiance responsable : la DPMA, l’INRH, l’ONP, les professionnels, tout le monde œuvre pour l’intérêt commun du secteur et la pérennité de la ressource.
Cette ambiance de travail a permis d’établir un calendrier de travail s’étalant sur une année, flexible certes mais permettant aux opérateurs d’avoir un minimum de visibilité pour mieux organiser leur activité de pêche.
Des mécanismes permettant de contrecarrer d’éventuels dérapages ont-il été prévus ?
La réglementation des pêches existe depuis fort longtemps : tout contrevenant s’expose à des saisies de marchandises, des amendes, des arrêts au port …etc. Il suffit de l’appliquer d’une manière juste, équitable et sans abus et de se donner les moyens pour ce faire. Nous avons la conviction que le gouvernement a la volonté de régulariser la situation, ce qui constitue un point positif. Il y a une prise de conscience de l’ampleur de ce problème de contrôle et personne ne peut se dérober devant la nécessité de préserver la ressource. La réussite du plan d’aménagement demeure tributaire du renforcement de ce contrôle.