Les économistes ont retrouvé le sourire au forum économique mondial de Davos avec l’embellie attendue en 2004, mais certains ont manifesté, mercredi, leurs inquiétudes sur une rechute de l’économie américaine. « Je suis très confiant pour l’économie américaine » et, comme les États-Unis sont un moteur pour le reste du monde, « je le suis également pour l’économie mondiale », a déclaré Jacob Frenkel, président de Merrill Lynch International, à l’occasion d’un débat à Davos.
L’économie américaine est, selon lui, flexible et dérégulée, capable, contrairement à l’Europe, de réagir rapidement aux chocs extérieurs. Quant à la hausse de la productivité enregistrée ces dernières années, elle est « tout simplement spectaculaire ».
Tous n’atteignent pourtant pas ce degré d’enthousiasme : pour Stephen Roach, chef économiste de la banque Morgan Stanley, l’économie mondiale a certes « connu une embellie ces deux derniers trimestres », mais les États-Unis souffrent, selon lui, de « déséquilibres extrêmes ». Contrairement aux précédentes phases d’expansion, les États-Unis créent moins d’emplois, a-t-il dit.
Ces déséquilibres – notamment l’endettement élevé et la faible épargne des ménages – sont encouragés par les outils de relance de l’économie américaine que sont les réductions d’impôts et la politique monétaire incitative avec de faibles taux d’intérêt, et risquent à terme de générer de nouvelles « bulles », a-t-il mis en garde. Pour beaucoup d’économistes, le coeur du problème actuel est, et demeurera pendant plusieurs années, la capacité des États-Unis à gérer le déficit des comptes courants, avec une dépendance envers les investisseurs étrangers qui achètent des bonds du Trésor américain pour refinancer la dette.
Pour l’instant, la reprise est également perceptible en Europe, mais à un rythme d’escargot si on le compare à celui observé de l’autre côté de l’Atlantique, ont observé en choeur les économistes présents au débat.
Une situation dont le Vieux Continent est en grande partie responsable, a critiqué Laura Tyson, professeur à la London Business School et ancien conseiller économique du président démocrate Bill Clinton.