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La demande en cash décélère en 2024

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Des sorties nettes de 32 milliards de dirhams contre 40 milliards de dirhams une année auparavant

Circulation fiduciaire. L’amnistie fiscale instaurée dans la loi de Finances 2024 a profondément influencé la circulation fiduciaire au Maroc. Selon Bank Al-Maghrib, cette mesure a déclenché une hausse significative des dépôts en fin d’année, dopant les versements en cash à près de 37 milliards de dirhams en décembre.

La demande du cash a enregistré en 2024 un net recul, sans pour autant revenir aux niveaux observés avant la pandémie. Ce constat a été établi par Bank Al-Maghrib dans son récent rapport sur la stabilité financière élaboré conjointement avec l’AMMC et l’ACAPS. «Les versements ont augmenté de 175 milliards de dirhams à 195 milliards de dirhams, alors que les retraits n’ont progressé que de 215 milliards de dirhams à 227 milliards de dirhams, induisant ainsi des sorties nettes de 32 milliards de dirhams, au lieu de 40 milliards de dirhams un an auparavant », explique dans ce sens la Banque centrale. Et de préciser que « cette évolution serait le résultat de l’afflux des retours de billets au niveau des guichets bancaires lors des derniers jours du mois de décembre, en lien avec l’amnistie fiscale sur les avoirs liquides détenus en monnaie fiduciaire».

L’amnistie fiscale dope les dépôts en cash
Se référant à Bank Al-Maghrib, l’amnistie instaurée dans le cadre de la loi de Finances 2024 au Maroc a eu un impact non négligeable sur le cash en circulation. « Les informations collectées auprès des banques indiquent une accélération des déclarations des contribuables, notamment vers la fin du mois de décembre », peut-on retenir dans ce sens. Dans le détail, les versements effectués auprès des guichets bancaires, à ce titre, ont atteint près de 37 milliards de dirhams.

La Banque centrale relève également un rebond significatif des collectes de fonds effectuées auprès du réseau des agences bancaires lors des derniers jours de l’année 2024, y compris les journées des 28 et 29 décembre correspondant à un week-end. Ce constat a été, en effet, établi sur la base d’une analyse de données communiquées par les Centres privés de tri (CPT) qui assurent le traitement de la monnaie fiduciaire. Une dynamique qui, selon la Banque centrale, a induit une augmentation significative des stocks des CPT.

Ils ont atteint au 31 décembre 2024, 13,5 milliards contre des niveaux habituels se situant aux alentours de 3 milliards de dirhams. Casablanca-Settat arrive en tête des régions. Ce périmètre détient à lui seul 35 % des stocks des Centres privés de tri au titre de l’année 2024 au moment où les niveaux habituels de la région oscillaient autour de 26 %. La région de Marrakech-Safi arrive en deuxième position avec une contribution de l’ordre de 11% aux encaisses des Centres privés de tri contre une moyenne de 26% au moment où les parts des autres régions sont restées comparables.

Des fluctuations contrastées observées durant l’année
L’analyse infra-annuelle montre que la demande du cash a connu lors des cinq premiers mois de l’année un léger recul. Les retraits nets se sont établis à 14,7 milliards de dirhams contre 15,3 milliards de dirhams en 2023. En revanche, lors des six mois qui ont suivi, et qui intègrent les effets saisonniers liés à l’Aïd Al Adha et la période estivale, le rythme s’est légèrement accéléré. Les flux nets ont ainsi augmenté de 18,8 milliards de dirhams à 19,1 milliards de dirhams.

La tendance s’est inversée au mois de décembre puisque les mouvements de billets de banque et monnaies se sont soldés par un flux net de -2,2 milliards de dirhams contre 5,8 milliards de dirhams en 2023 ou 1,7 milliard de dirhams en moyenne entre 2017 et 2019. « Durant ce mois, ces mouvements se sont soldés par une augmentation des versements de 13,8 milliards de dirhams en 2023 à 20,6 milliards de dirhams et un recul des retraits de 19,6 milliards de dirhams à 18,4 milliards de dirhams », relève-t-on de Bank Al-Maghrib.

444,3 milliards de dirhams en circulation
Dans l’ensemble, l’année 2024 a été marquée par une décélération de la circulation fiduciaire. Hors encaisses des banques, elle a atteint à fin décembre 2024 une valeur globale de 444,3 milliards de dirhams en progression de 7,6 % contre des taux aux alentours de 10,5 % en 2022 et 2023. La répartition du stock par type de monnaie montre une augmentation de l’encours des billets. Ce dernier s’est consolidé de 7,7 % atteignant à fin 2024 les 439,9 milliards de dirhams pour un volume de 2,9 milliards de coupures. Les pièces en circulation ont progressé pour leur part de 5 % à 4,4 milliards de dirhams pour un volume de 3,3 milliards d’unités.

Quant à la structure des billets en circulation, elle n’a pas connu de changement notable en 2024. Elle est restée dominée par la coupure de 200 DH, qui y représente 57% contre 34% pour 100 DH, 3% pour 50 DH et 6% pour 20 DH. S’agissant des pièces de monnaie, la structure de leur stock demeure aussi inchangée. La dénomination de 1 DH y contribue à hauteur de 29% contre 18% pour 10 centimes, 15% pour 20 centimes et 13% pour ½ dirhams. Pour les autres pièces, leur part s’est établie à 8% pour 5 dirhams, 5% pour 10 dirhams et 2% pour 2 dirhams.

Un volume de 4 milliards de billets injecté
Pour répondre à la demande du cash en 2024, Bank Al-Maghrib et les Centres privés de tri ont mis à la disposition de l’économie un volume de 4 milliards de billets au lieu de 3,7 milliards l’année précédente, soit une hausse de 8 %. « Cette évolution reflète l’amélioration du nombre de billets recyclés qui a progressé de 3,1 milliards à 3,4 milliards, alors que les billets neufs servis se sont stabilisés à 0,6 milliard de billets », commente Bank Al-Maghrib .

L’analyse de la structure de la demande du cash par coupure fait apparaître une hausse de la part du billet de 200 dirhams. Elle a ainsi grimpé de 49 % en 2023 à 50% en 2024, soit l’équivalent de 2 milliards de billets. En parallèle, la part du billet de 100 dirhams s’est stabilisée à 45 % avec une demande de 1,8 milliard. Concernant les petites coupures, la part de 50 dirhams n’a pas connu de changement à 2 %, pour un volume de 90 millions, alors que celle de 20 DH a baissé de 4 % à 3 %, correspondant à 140 millions de billets. Pour ce qui est de la monnaie métallique, la demande a porté sur un volume de 283 millions de pièces, soit une baisse de 15 % comparativement à 2023. Ces flux ont été servis à hauteur de 65% sous forme de pièces recyclées et le reste à travers l’injection de pièces neuves.

Le faux monnayage en baisse
Parmi les constats établis, on relève également un repli du faux monnayage. En effet, le ratio de contrefaçon a poursuivi son recul en 2024. La Banque centrale recense à ce niveau 1,5 faux billet pour chaque million de billets en circulation au moment où cette proportion se situait autour de 2,3 faux billets en 2023 et 5,2 faux billets en 2019. « Outre l’intégration de plusieurs éléments de sécurité lors du processus de fabrication, ce résultat reflète les efforts déployés par Bank Al-Maghrib en matière de lutte contre le faux monnayage, en particulier par le renforcement de son dispositif de détection de faux billets à travers la modernisation de ses équipements de traitement fiduciaire ainsi que la diversification du périmètre des missions de contrôle des banques et des Centres privés de traitement de la monnaie fiduciaire», peut-on retenir de la Banque centrale. En 2024, 4.495 faux billets ont été détectés représentant l’équivalent de 636 mille dirhams. Ce flux est demeuré marqué par la prépondérance de la coupure de 200 dirhams, avec une part de 58 %.

653 millions de billets et 84 millions de pièces de monnaie produits
Production fiduciaire. En matière de production fiduciaire, la Banque centrale a poursuivi l’émission de la nouvelle série de billets de banque conçue exclusivement par ses propres compétences. Elle a produit 653 millions de billets de banque neufs et 84 millions de pièces de monnaie afin de répondre aux besoins de l’économie nationale. Après la mise en circulation en 2023 d’un nouveau billet de 100 dirhams, Bank Al-Maghrib a ainsi procédé en 2024 à l’émission de nouveaux billets de 20 dirhams, de 50 dirhams et de 200 dirhams. Ces nouveaux billets intègrent plusieurs éléments de sécurité à la pointe de la technologie tels que des fils de sécurité à trois fenêtres, l’encre magnétique à couleur changeante, l’impression en relief et l’image latente. Notons que l’ensemble de leurs processus de conception et de production a été réalisé exclusivement par les compétences de Dar As-Sikkah.

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