Comment parler de soutien au développement durable, alors que les pays du nord continuent d’accorder des subventions à leurs agriculteurs ? Une attitude qui va à l’encontre des principes de l’Organisation Mondiale du Commerce. Bien évidemment, la question est au coeur des débats au Sommet de la Terre de Johannesburg. Un sujet explosif à plus d’un titre. Un chiffre résume à lui seul la situation : les pays les plus riches accordent six fois plus de subventions à leur agriculture que d’aide publique au développement (311 et 55 milliards de dollars respectivement en 2001). Au Sommet de la Terre, les représentants des pays du Sud accusent ceux du nord de « bloquer leur décollage en ruinant leurs agriculteurs qui ne peuvent ni exporter leurs produits dans les pays industriels, ni vendre chez eux en raison de la concurrence de marchandises importées à vil prix ». Le Maroc n’échappe pas lui aussi à la politique protectionniste des pays les plus riches notamment ceux de l’Union Européenne (UE).
D’ailleurs, la question des subventions a été parmi les points d’achoppement dans les négociations agricoles entre le royaume et l’UE.
Au Sommet de la Terre, le commissaire européen au Développement Poul Nielson a reconnu que «c’est un des sujets les plus difficiles du Sommet. Il a souligné que «l’UE est disposée à respecter les engagements pris par les pays industriels dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en novembre 2001 à Doha (Qatar) mais ne souhaite pas aller au-delà, précise-t-il Notons qu’à Doha, les pays industriels se sont engagés à ouvrir des négociations globales sur l’agriculture dans le cadre de l’OMC. L’objectif étant d’améliorer substantiellement l’accès des produits du Sud aux marchés au Nord, réduire toute forme de subventions à l’exportation dans l’objectif de les éliminer et réduire les aides internes créant des distorsions commerciales.
Une chose est sûre : l’ensemble des pays industrialisés sont divisés au sujet des subventions agricoles. Pas besoin de rappeler ici le puissant lobby paysan aux Etats-Unis et la France. A ce sujet, il faut souligner que Washington est le seul pays à revoir à la hausse ses subventions à l’agriculture depuis l’accord ministériel de Doha.
Face à cette situation, le groupe des 77, regroupant les pays en voie de développement, a indiqué au Sommet de la Terre qu’il «ne cédera pas face aux pays riches sur cette question des subventions agricoles.
«Nous ne céderons pas tant que nous n’aurons pas obtenu un compromis concret sur la réduction progressive des subventions agricoles», note le ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles du Venezuela, Chef de la délégation du groupe des 77.
Même la Banque Mondiale (BM) critique sévèrement la politique des pays industrialisés qui continuent à protéger leur agriculture à travers des subventions ou des barrières douanières, et plaidé pour la réalisation du plan de libéralisation du commerce adopté fin 2001 à Doha (Qatar). Ses responsables soulignent que les efforts faits par les pays en développement au cours des années 90, avec des réductions de taxes à l’importation qui ont été presque trois fois supérieures à celles mises en oeuvre par les pays industriels.












