La plus grande du monde musulman remonte au 13ème siècle : Fès réhabilite ses norias

Faisant partie du patrimoine national, les norias reposent sur un système hydraulique inédit d’exploitation d’eau. Dans l’ancienne médina de Fès, les norias rappellent le passé historique riche de la ville. C’est dans ce sens que le ministère de l’intérieur à travers l’Agence pour le développement et la réhabilitation de la ville de Fès veut rénover ces ouvrages dont certains datent de plusieurs siècles et ayant subi les effets du temps.

L’Agence pour le développement et la réhabilitation de la ville de Fès mène actuellement divers projets dont la reconstruction de plusieurs norias au sein de la ville spirituelle. Elle vient d’ailleurs de lancer des études hydrauliques, paysagères et mécaniques à cet effet. Cette initiative concerne ainsi quatre norias, à savoir la petite noria située au niveau du jardin «Jnane Sbil» (dont les éléments en bois et la roue existent toujours) mais également la grande noria datant du 13ème siècle et disparue lors d’un incendie au 19ème siècle. Pour cette dernière, il s’agira de procéder à sa reconstruction totale. Ce projet concerne également les deux petites norias de Moulay Abdellah situées sur le cours d’oued Fès longeant les murailles de Dar Makina.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la convention de partenariat et de financement relative au programme complémentaire de mise en valeur de la médina de Fès (2018-2023). La principale des quatre norias est celle donc appelée la «grande noria», située à côté de Dar El Makina. En termes de dimensions, cet ouvrage fait 26 mètres de diamètre pour une largeur de la roue pouvant atteindre 2 mètres. «A titre de comparaison, le diamètre de la plus grande roue de noria de Hama en Syrie est de 21 m. Ceci donne une idée du défi à relever pour la reconstruction de la noria mérinide», explique l’Agence pour le développement et la réhabilitation de la ville de Fès. Et d’ajouter: «En termes physiques, cette noria possède des caractéristiques qui la rendent l’une des plus grandes sinon la plus grande du monde musulman, voire du monde».

Cette noria était actionnée par un bras de la rivière de Fès et servait à faire monter l’eau vers l’aqueduc, actuellement mur de façade de la Makina, et qui acheminait l’eau collectée vers les jardins de la Massara, relève la même source. Le périmètre d’étude au niveau de la «grande noria» concerne tout le parcours de l’eau ainsi que son environnement immédiat et tout ouvrage ou bassin sur ce même parcours. Pour ce qui est des autres norias, l’aire de l’étude couvre ces ouvrages et leurs environnements immédiats ainsi que leurs aires de visibilité. Pour réaliser ce projet, des études hydrologiques et hydrauliques devront être effectuées sur la base des documents historiques disponibles et des recherches archéologiques.

Il s’agit aussi d’élaborer des études mécaniques. La partie hydrologique et hydraulique du projet consiste à réaliser l’étude hydrologique de l’oued, faire un diagnostic des flux des eaux, des crues possibles et de l’historique des crues, modéliser la situation actuelle des oueds en tenant compte du lit actuel et des contraintes existantes et modéliser les besoins en eau, en écoulements et en flux pour permettre la motricité et le mouvement de la noria.

Il sera question d’établir les cartes des parcours des eaux des lits de stockage éventuel des eaux, et concevoir les dispositifs techniques nécessaires en vue de gérer les flux des eaux et les dispositifs de gestion des risques des débords et crues, au niveau des tronçons concernés. Pour ce qui est du volet mécanique du projet, il sera procédé entre autres à la revue des différents modèles de norias existants au Maroc, avec un benchmark d’au moins cinq norias de par le monde. Sur le plan technique, il s’agit de définir les apports d’énergie d’appoint pour permettre un fonctionnement permanent de la roue hydraulique. Il n’est pas envisagé que la roue de la noria soit actionnée par un moteur ou par un autre moyen artificiel, sauf exceptionnellement en cas de sécheresse ou d’insuffisance de l’eau de l’oued par exemple.