Face à une conjoncture morose, encore assombrie par le bond du chômage en novembre, les ménages devraient limiter leurs dépenses, et ce malgré la baisse du prix des carburants. Certains prévoient ainsi de mettre de l’argent de côté alors que le produit d’épargne le plus populaire en France, le Livret A, est disponible dans toutes les banques depuis le 1er janvier. «Soldes ou pas soldes, c’est un terreau très peu fertile pour engager des lourdes dépenses», prévient Alexander Law, économiste au cabinet d’analyse Xerfi, à la veille de l’ouverture des cinq semaines de soldes d’hiver. «Ces soldes tombent très bien mais on ne va pas avoir un grand «boom» de la consommation», ajoute-t-il, prévoyant une hausse inférieure à 0,1% aux premier et deuxième trimestres. Les commerçants, dont les stocks restent importants malgré des promotions nombreuses fin 2008, annoncent des remises dépassant parfois 50% dès le début des soldes.
Avec ces rabais, «les soldes devraient relativement bien fonctionner», juge Olivier Gasnier, économiste chez Société Générale. «Le problème c’est après, on risque d’avoir une rechute assez marquée à partir de février», ajoute-t-il, prédisant une baisse de 0,3% de la consommation au premier trimestre. Jean-Louis Mourier, chez l’intermédiaire financier Aurel Leven, table sur «un rebond des ventes» pendant les soldes mais qui sera insuffisant pour inverser la tendance.
«On aura peut-être un effet d’optique si janvier est particulièrement bon mais, en tendance, on reste sur une consommation peu dynamique sur la première partie de l’année», dit-il, s’attendant à un recul de 0,3% au premier trimestre. «Si la période de soldes est mieux réussie que ce qu’on peut anticiper, ce -0,3% peut se transformer en stabilisation». Sur fond d’accélération du chômage – 64.000 demandeurs d’emploi supplémentaires ont été enregistrés en novembre – le moral des ménages s’est dégradé en décembre, selon l’enquête de conjoncture de l’Insee publiée mardi. Les économistes soulignent dans cette enquête une hausse des intentions d’épargne plus importante que la hausse des intentions d’achat, de mauvais augure pour la consommation. Selon Olivier Gasnier, «cela semble bien indiquer que le surplus de pouvoir d’achat qui est donné aux ménages via la baisse des prix du pétrole va être plutôt épargné et ne va pas «booster» la consommation». Alexander Law juge pour sa part que «la pire chose qui pourrait arriver à l’économie française serait que l’épargne remonte car c’est de l’argent qui stagne». La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a fait part mardi d’indications «favorables» pour la consommation en décembre et pendant les premiers jours de soldes anticipés dans l’Est de la France. «On a des soldes qui semblent bien se présenter», a-t-elle dit mardi au micro de Europe 1, soulignant que la fraîcheur des températures constitue «une aubaine». «Quand il fait 12 degrés, on n’a pas forcément envie de craquer pour un manteau. S’il fait moins 3, on se dit que le manteau, ça vaut la peine», a-t-elle ajouté. Selon les économistes, le secteur du textile et du cuir devrait comme chaque année bénéficier le plus de ces soldes, après une baisse de 0,7% sur un an en novembre qui contrastait avec la hausse de toutes les autres catégories de produits, hormis l’automobile.
• Jean-Baptiste Vey (Reuters)
