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La situation ne s’arrangerait pas en 2017: Le secteur du ciment dans l’incertitude depuis 2012

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Cette mauvaise orientation indique que toute l’industrie des matériaux de construction est dans une mauvaise passe, la consom-mation de ciment étant fortement corrélée à la demande des autres produits.

Avec une année 2016 finalement morne pour la consommation du ciment, les industriels du secteur bouclent 5 années d’évolution incertaine de leur activité. En effet, la demande a terminé l’année dernière en catastrophe avec une chute de près de 12,5% pour le mois de décembre. Cela va dans le sens des anticipations des analystes qui prévoient systématiquement une mauvaise orientation du marché sur le dernier trimestre de l’année en raison des précipitations, même si certains spécialistes tablaient sur un effet positif des élections législatives du 7 octobre 2016, qui n’a manifestement pas eu lieu. Résultat des courses, cela a effacé la croissance enregistrée sur les 3 premiers trimestres 2016 autour de 5%, aboutissant à un recul du marché de 0,7%, à 14,2 millions de tonnes sur toute l’année, alors que les prévisions les plus pessimistes envisageaient au moins une croissance de 2%. Le marasme dans lequel est empêtré le secteur cimentier depuis 2012 se prolonge donc.

La consommation avait, en effet, déjà continuellement baissé entre 2012 et 2014. Les industriels ont profité ensuite d’un léger répit en 2015 avec une progression de 1,4% de la demande pour que le marché retombe dans ses travers l’année dernière. Bien sûr, cette mauvaise orientation indique que toute l’industrie des matériaux de construction est dans une mauvaise passe, la consommation de ciment étant fortement corrélée à la demande des autres produits.

Par ailleurs, avec une consommation qui se réduit, la surcapacité du secteur s’aggrave un peu plus. Avec une capacité de production autour de 21 millions de tonnes restée quasiment inchangée depuis 4 ans, l’excédent de production approche aujourd’hui les 7 millions de tonnes, soit 1 million de tonnes de plus qu’en 2013. Pour ainsi dire, le marché national ne peut aujourd’hui plus absorber que la moitié de ce que peuvent produire les cimentiers. La situation aurait pu être pire si les projets de nouvelles unités de fabrication annoncées sur les dernières années avaient effectivement été réalisés.

Les industriels se tournent vers l’export

Mais de nouveaux projets finiront bien par arriver sur les mois à venir. Il s’agit notamment des usines d’Atlantic Ciment du Groupe Boutgueray. Celui-ci a lancé en 2015 la réalisation d’une cimenterie d’une capacité de 500.000 tonnes par an à Lâayoune, dans le cadre d’une stratégie de diversification dans les matériaux de construction.

La nouvelle unité devrait entrer en service cette année. Le groupe qui vise à terme une part de marché de 10% sur le marché domestique implante aussi une cimenterie dans la région de Settat d’une capacité de production de 2,2 millions de tonnes par an, qui devrait démarrer début 2018. A cela s’ajoutent les nouvelles unités des opérateurs déjà en place. La situation pourrait être d’autant plus délicate pour les industriels à moyen terme que les analystes ne s’attendent pas à une croissance exceptionnelle pour l’année en cours, à savoir que la consommation y augmentera tout au plus de 2%. Si rebond il y a, celui-ci n’est en fait anticipé que pour 2018. Partant, les analystes estiment que la surcapacité du marché pourrait culminer à 9 millions de tonnes d’ici 2 ans.  

Mais il faut bien comprendre qu’il ne s’agit là que d’un excédent théorique qui ne se réalisera que si les opérateurs continuent de n’écouler leur production que sur le marché local. Or les industriels se sont mis depuis temps déjà à l’export essentiellement vers l’Afrique. Le géant LafargeHolcim Maroc donne le ton en dédiant même une filiale à son développement sur le continent avec pour terrain de chasse le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Mali, la Mauritanie, la République démocratique du Congo, la République du Congo et le Sénégal. Autre preuve que l’export rentre dans les mœurs, le Groupe Boutgueray envisage d’entrée de jeu d’écouler une partie de sa production à l’international. La situation n’est au final pas si dramatique que cela car les industriels sont aussi parvenus à retomber sur leurs pieds en devenant des champions de l’optimisation opérationnelle.

Rappelons ainsi par exemple que sur le poste énergie qui pèse les deux tiers du coût de production du ciment, les industriels ont réduit leur consommation électrique de plus du tiers en l’espace de 10 ans grâce à leurs parcs éoliens et par l’usage de déchets comme combustibles de substitution. Au-delà de tout cela, il faut aussi rappeler que le marché national conserve des perspectives positives à long terme, ne serait-ce qu’en considérant la consommation de ciment par habitant. Celle-ci est actuellement de l’ordre de 430 kg par an alors que la moyenne mondiale atteint 550 kg/ habitant.

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Benchmark : 470 kg de ciment consommés par habitant au Maroc contre 538 kg en Egypte

La consommation de ciment au Maroc garde une solide marge de progression à voir les volumes affichés par les pays à niveau de développement comparable. Avec une consommation nationale par habitant de l’ordre de 470 kg on reste en effet loin des 538 kg ou des 568 kg affichés respectivement par la Turquie et l’Egypte. L’écart est plus prononcé encore à comparer avec les marchés matures tels que la Suisse où la demande par habitant dépasse les 630 kg.

Toutefois, à comparer entre les consommations des différentes régions du Royaume, il ressort que ce sont des zones spécifiques du territoire national qui doivent être ciblées pour rehausser la demande nationale. En effet, il ressort que certaines régions sont déjà à un niveau de consommation proche si ce n’est supérieur aux volumes des marchés les plus développés.

Cela est notamment le cas de la région de Tanger-Tétouan qui culmine à plus de 720 kg de ciment par habitant ou encore l’Ouest qui dépasse les 600 kg. En revanche, le Sud-centre et le Centre-nord-est dépassent difficilement les 500 kg par habitant.

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