Economie

La solution Jouahri

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«Le Maroc dispose d’un cadre macro-économique sain,  capable de résister aux chocs exogènes », a estimé, jeudi dernier à Rabat, le ministre  des Finances et de la Privatisation, Fathallah Oualalou, lors de la 14ème réunion annuelle du Conseil National de la Monnaie et de l’Epargne (CNME). Le discours de l’argentier du Royaume était rassurant : dans son analyse de la conjoncture économique actuelle marquée par la reprise de la croissance mondiale, il s’est appuyé sur un certain nombre d’indicateurs : le PIB national qui s’est accru de 3,5% en 2004, le déficit budgétaire qui s’est établi à 3,2 % et l’inflation qui est restée maîtrisée à hauteur de 1,5%. Des chiffres qui sont loin de satisfaire les ambitions de l’équipe Jettou. Pour M. Oualalou, seule une stratégie à moyen terme, avec comme objectif un taux de croissance de 5 à 6 %, pourrait donner un coup d’accélérateur à l’économie nationale. 
Des secteurs comme le bâtiment et les travaux publics, la manufacture ou encore le tourisme disposent d’un fort potentiel de développement. Il suffit, selon le ministre, de mettre en place des politiques sectorielles visant à développer de nouveaux créneaux, notamment dans l’industrie. Stratégie qui doit être en même temps accompagnée d’une accélération du processus de réforme de l’administration, la justice, l’éducation et la formation professionnelle. Car l’objectif final est de hausser le niveau de compétitivité du tissu économique national. Certes, des réformes ont été engagées dans le secteur financier, nouveaux statuts de Bank Al-Maghrib, projet de la nouvelle loi bancaire, assainissement des institutions financières publiques et approfondissement de la réforme des marchés des capitaux, mais, sans une vraie mise à niveau de l’entreprise marocaine, ces réformes seraient limitées. «L’entreprise marocaine devrait procéder aux restructurations et adaptations nécessaires au niveau de son management, de son organisation et de la gestion de ses ressources humaines », a déclaré le ministre des Finances et de la Privatisation.  Entre surendettement et désir de conquérir de nouveaux marchés, les entreprises industrielles ne savent plus donner de la tête. D’ailleurs, pour les accompagner dans leur processus de mise à niveau, le département de M. Oualalou prévoit la mise en place, cette année, d’un fonds de garantie qui, comme son nom l’indique, permettra de garantir les crédits rééchelonnés par les banques.
Dans le nouveau contexte économique mondial, marqué par une concurrence ardue, il n’y a pas que les entreprises qui souffrent. Les banques aussi. Ainsi, des mesures sont prévues pour renforcer davantage la compétitivité du système bancaire marocain, notamment à travers la mobilisation de l’épargne, l’amélioration de la bancarisation et l’accès aux financements des couches les plus défavorisées. Pour Othman Benjelloun, président du Groupement professionnel des Banques du Maroc, la mobilisation de l’épargne reste la priorité des priorités. « Depuis plus de dix ans, plusieurs études furent réalisées et semblent être restées dans les tiroirs. Alors faisons de l’année 2005, l’année de l’épargne», a fait savoir le patron des banquiers pour qui d’autres chantiers méritent également d’être investis : la mise à niveau des PME-PMI, le développement d’une culture bancaire de compréhension et d’intelligence mutuelles entre les banques, l’entreprise et le citoyen. Intervenant lors du CNME, le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, tout en estimant que la bancarisation est «en deçà des espérances», a tenu à indiquer que les nouvelles donnes internationales nécessitent une politique monétaire indépendante et transparente, une politique budgétaire prudente et une forte implication des opérateurs économiques.
Le gouverneur de Bank Al-Maghrib n’a pas laissé passer l’occasion pour tirer la sonnette d’alarme en ce qui concerne un secteur, autrefois juteux, mais qui devient de plus en plus fragile, celui des crédits à la consommation. Un dossier qui mérite un traitement à part, vu son poids dans l’économie. À en croire les chiffres avancés par l’Association professionnelle des Sociétés de Financement, sur les 35,2 milliards de DH que représente l’encours des crédits des sociétés de financement de l’investissement et de la consommation, le crédit à la consommation détient la part du lion, soit 21,8 milliards de DH, en progression de 5 % par rapport à l’année dernière.

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