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L’accélération de la transition verte, un enjeu pour le Maroc de demain

© D.R

Pour accompagner les changements qui s’opèrent au niveau mondial

Le Maroc arrive à la 8ème place en termes de performance climatique. C’est ce qui ressort du Rapport de l’indice de performance climatique 2022. Selon le Global Green Economy Index, le Royaume se positionne au top 50 (48ème sur 160 pays) en termes de performance verte. Ces classements démontrent l’effort consenti par le Royaume pour assurer une transition énergétique inclusive et durable. Une orientation qui s’inscrit en ligne avec les grands changements qui s’opèrent au niveau mondial. «Les mutations disruptives et accélérées sur le plan sectoriel conjuguées aux effets de plus en plus intenses du changement climatique rendent nécessaire d’opérer des ajustements de fond pour impulser le profil de spécialisation économique du Maroc et lui permettre de s’adjuger un positionnement favorable sur l’échiquier international».

Cette orientation a été relevée dans le rapport économique et financier accompagnant le projet de loi de Finances 2023. Cette publication a souligné l’impératif de l’accélération de la transition verte au Maroc comme vecteur de croissance et de résilience. «Les enjeux liés au développement durable et résilient gagnent de plus en plus d’importance avec l’accentuation du changement climatique qui constitue l’un des défis les plus urgents auxquels notre pays se trouve confronté», peut-on lire dans ce sens. Et de poursuivre qu’«en plus de la lutte contre le réchauffement climatique, cette transition verte ambitionne de préserver la biodiversité, produire proprement de l’énergie, gérer de manière durable les ressources naturelles, transiter l’air et l’eau».

Plus d’une décennie d’engagements ….
Le Maroc s’ inscrit depuis plus d’une décennie dans cette trajectoire. Ceci se traduit par les réformes structurantes initiées par le Royaume au cours de ces dernières années. Le Royaume s’est fixé des objectifs volontaristes. Citons à cet égard son ambition de réduire ses émissions de gaz à effet de serre à 45,5%. Cette ambition a été exprimée dans le cadre de la nouvelle contribution déterminée actualisée au niveau national (NDC), et ce avec une mise à contribution de secteurs clés. Citons à cet égard l’industrie, l’énergie, l’agriculture, la gestion des terres, les forêts, bâtiments, transport et déchets. Le Royaume s’est par ailleurs distingué par sa participation active au niveau régional.
Il a été en effet à l’origine d’initiatives lui ayant attribué un rôle moteur en matière d’énergie et de durabilité en Afrique, notamment l’institutionnalisation du développement durable via l’adoption d’un arsenal de lois et de cadres stratégiques.

A cela s’ajoutent également, les stratégies innovantes engagées par le Maroc visant à transformer structurellement son économie pour l’adapter aux impératifs de la durabilité et ce à l’instar de la stratégie de transition énergétique et la stratégie Maroc carbone 2050 sans oublier les efforts d’alignement du secteur financier marocain sur le développement durable. Autant d’actions ayant permis au pays de se distinguer au niveau international.

Les défis et opportunités….
Il est à rappeler que des défis d’envergure sont à relever pour réussir cette transition. Le premier enjeu est celui du commerce international et ce qu’il englobe comme systèmes et mécanismes carbone. De même, l’adaptation des process aux nouveaux modes de production propres exige des coûts de fonctionnement et d’investissements supplémentaires et qui peuvent être contraignants pour les entreprises sans omettre les risques de pertes d’emplois dans les secteurs à forte intensité de carbone ou de ressources naturelles.
Autre défi à relever, celui de la faible capacité d’adaptation de plusieurs catégories sociales et socioprofessionnelles.

En relevant ces enjeux, le Maroc pourra profiter pleinement des avantages offerts par la transition verte. Outre la préservation de l’environnement, cette orientation regorge d’atouts sociaux et économiques. Ils portent en effet sur la valorisation et la gestion durable du capital naturel, la génération d’investissements d’envergure dans les secteurs verts. L’accélération de la transition verte favoriserait également la création d’emploi, l’amélioration de la performance et de la compétitivité industrielle, ainsi que l’essor de la technologie et de l’innovation. Elle contribuerait en outre à la redynamisation économique et sociale des territoires comme à l’amélioration du bien-être et à la réduction des inégalités.

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Les leviers d’accélération de la transition verte

En vue de profiter pleinement des avantages de la transition verte, le Maroc est appelé à activer un certain nombre de leviers. La finalité étant de réussir la transition et de renforcer la création de valeur ajoutée et de faire émerger au niveau national des emplois de qualité. Le Rapport économique et financier accompagnant le projet de la loi de Finances 2023 liste à cet effet près d’une dizaine de leviers. Le premier porte sur l’appropriation du concept de l’économie verte. Cette dernière requiert l’adoption d’un cadre stratégique cohérent et intégré avec une forte implication des territoires dans sa conception ainsi qu’une synergie renforcée entre différentes politiques sectorielles. Le deuxième levier est celui de l’implication des citoyens-consommateurs à travers notamment la sensibilisation aux aspects liés aux modes de vie durables, de mobilité et habitat pro-écologique, le régime alimentaire ainsi qu’à la consommation sobre et responsable. Une transition verte réussie passe également par le développement des capacités d’adaptation des branches d’activités potentiellement concernées.

Citons dans ce sens l’agriculture, la pêche, l’eau et l’industrie, des secteurs qui occupent une place prépondérante dans le tissu économique et social national. Il est également recommandé de mettre en œuvre des actions d’accompagnement des territoires ciblés. Ce ciblage devrait également couvrir les secteurs et populations vulnérables. L’idée étant de saisir les opportunités offertes en termes de renforcement de la compétitivité du tissu productif et sa capacité à créer des emplois de qualité. «Ceci requiert à la fois de se baser au préalable sur l’identification des secteurs et des territoires les plus vulnérables et des différentes catégories de population n’ayant pas la capacité de s’adapter rapidement», apprend-on dans ce sens. L’idée étant également de fournir aux acteurs des choix et options pour s’inscrire dans cette transition verte tout en prenant en considération les répercussions des mesures mises en place.

Les recommandations portent également sur la multiplication des efforts pour réussir le chantier Royal de la protection sociale, et ce de par sa contribution à l’amélioration des conditions de vie des populations les plus vulnérables à la transition verte. Il est également préconisé de renforcer la formation et d’acquérir de nouvelles compétences professionnelles aussi bien pour les nouveaux emplois émergents que pour les emplois existants. L’heure étant également de développer des mécanismes de financements innovants dans des projets verts. Citons dans ce sens les mécanismes d’atténuation à l’instar des garanties et assurances. A cela s’ajoutent le financement axé sur les résultats et le financement reposant sur la technologie. L’accélération de la transition verte au Maroc est également tributaire de la mobilisation de la coopération internationale aussi bien à l’échelle bilatérale que multilatérale. La consolidation du partenariat Sud-Sud appuierait cette transition et ce compte tenu des nombreuses opportunités offertes en matière d’investissement et de création d’emplois, notamment à travers le partage d’expérience et la mutualisation de l’expertise entre les centres de recherche scientifique et d’innovation. [/box] [box type= »custom » bg= »#eeedeb » radius= »5″]

Développement durable : Vers une refonte de la stratégie nationale

Le Maroc devrait abriter en 2023 les Assises du «développement durable». Cette initiative tend à instaurer une concertation élargie entre les différentes parties prenantes. L’occasion étant également de lancer la consultation des citoyens à travers un portail dédié. L’organisation de ces Assises s’inscrit en droite ligne avec la refonte de la Stratégie nationale de développement durable (SNDD). Une feuille de route a été élaborée en vue de déterminer les étapes à suivre pour une révision optimale à cette vision qui montre aujourd’hui des limites structurelles. L’évaluation de cette stratégie fait ressortir 5 limites. Le constat établi dans ce sens fait ressortir que le suivi est focalisé sur les actions réalisées plutôt que sur l’atteinte des objectifs escomptés. La Commission nationale de développement durable indique dans ce sens que la SNDD sous sa première déclinaison a poursuivi un nombre important d’objectifs, dont une large partie n’est pas adossée à des indicateurs mesurés. De même, le cadre de gouvernance de la SNDD au niveau territorial reste à opérationnaliser, d’autant plus que certaines mesures de la stratégie, axées sur d’anciennes stratégies sectorielles 2020, sont devenues caduques. La commission souligne dans ce sens la nécessité de converger les cadres de la SNDD et les Objectifs de développement durable afin de délimiter les objectifs à poursuivre. Il est à noter que la refonte de la SNDD permettra de tenir compte de nouvelles donnes, notamment la neutralité carbone, la finance verte durable et la dynamique territoriale.

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