Aujourd’hui le Maroc : Quelle appréciation, portez-vous sur le contrat-programme portant sur le textile et signé récemment entre l’Amith et le gouvernement?
Othman Sekatt : Je tiens d’abord à vous rappeler que le projet du contrat-programme remonte à une dizaine d’années. Cet accord que tout le monde a applaudi répond à une vision strictement électoraliste.
J’estime que ce contrat n’est plus approprié compte tenu de la crise par laquelle passe l’industrie du textile. Il est même dépassé. A ce titre, je tiens à dire que 80% des entreprises sont en phase de dépôt de bilan. Pis, 50% d’entre elles sont soumises à un redressement judiciaire. Sans parler bien évidemment des pertes considérables en matière d’emplois. Selon les chiffres officiels, 80 000 licenciements ont été recensés, alors que l’Amith parlait de 40 000.
J’aimerais également attirer l’attention sur le fait que les dispositions prévues dans ce contrat-programme avantagent beaucoup plus les textiliens que les confectionneurs. Certains textiliens bénéficient toujours des mêmes protections.
A en juger par vos propos, l’accord-cadre est loin de garantir le décollage de l’industrie du textile ?
Bien évidemment. Jusqu’à une période très récente, l’industrie du textile employait 400 000 personnes. Aujourd’hui, la regréssion est telle qu’il autour de 130 000 alors que la Tunisie atteint la barre des 400000. Dans le domaine du textile, le Maroc subit une concurrence agressive de la part de plusieurs pays notamment, la Turquie et la Chine. Les gouvernements de ces pays ont pris des initiatives pour garantir le développement de ce secteur.
Aujourd’hui, les opérateurs marocains résistent difficilement aux concurrents étrangers. Ils sont livrés à leur sort. Une situation qui s’est traduite par la faillite de plusieurs d’entre eux.
Justement, quelles sont les mesures qu’il faudra mettre en place pour que le secteur puisse redorer son blason ?
Nous avons beaucoup plus besoin d’une solution politique et financière pour mettre fin au marasme du secteur, que de petites dispositions. Ce n’est pas en accordant des petits avantages qu’on peut donner un coup de souffle à cette industrie. Dans ce sens, il faut s’inspirer de l’expérience des autres pays tels que l’Egypte par exemple. La solution adoptée doit être prise en concertation avec les experts et les techniciens opérant dans le secteur.
Le Maroc a encore la possibilité de retrouver son leadership dans ce domaine dans la mesure où les professionnels ont acquis une expertise au fil des années.