Economie

L’aérien : pour une politique sectorielle

© D.R

Beaucoup de déclarations durant ces Assises du tourisme, tenues les 12 et 13 février dernier à Casablanca. Le message royal a recadré les débats en rappelant les objectifs contenus dans le contrat-programme 2010 dont la performance, pour le moment, est « en deçà de ce qui était attendu ». Pour le ministre du Tourisme qui espère atteindre ces objectifs entre 2012 et 2013, il est urgent de mettre en place un outil de financement en fonds propres dès cette année.
Tout comme, il est nécessaire de doter la promotion de moyens suffisants. Car, ajoute-t-il, «plus on élargit la capacité d’hébergement plus on a besoin de marketing et de promotion musclée».
En trois ans, l’Office du tourisme a bénéficié d’un apport de l’Etat de 800 millions de dirhams. La directrice de l’ONMT a, durant sa brève intervention dans l’après-midi de la journée du 12 février, insisté dessus, rappelant que le budget alloué à la promotion est encore en dessous des 3% recommandés par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Cette instance était représentée durant ces Assises du tourisme par son secrétaire général, Francesco Frangialli, qui a déclaré en substance, que 2004 sera « l’année de la reprise » dans le monde.
Sur la question de la promotion, Rolf Freitag, président d’IPK, agence qui a mené une étude au profit de l’ONMT, juge que non seulement il faut renforcer la présence publicitaire du Maroc dans les marchés émetteurs (opinion partagée avec Jean Robert Reznik d’Accor) mais, qu’en plus, il faut réformer le produit touristique qui «doit être vendu moins cher que les produits turques, ceux des Iles Canaries et des Baléares ». Réplique immédiate de la directrice de l’ONMT : «Le produit marocain est authentique… Nous ne cherchons pas à brader » !
Certes, mais face à la pression accrue de la concurrence et à la «balnéarisation » attendue du produit (synonyme du tourisme de masse selon le président d’IPK), peut-on continuer à vendre cette authenticité affichée aujourd’hui à prix d’or ? Il faut en définitive, selon M. Freitag, qui remarque au passage, une abondance de l’offre en 4 étoiles dans le pourtour méditerranéen, «garantir une bonne qualité d’équipements et de services».
Le Maroc, poursuit-il, «gagnerait à investir dans les 5 étoiles et les 3 étoiles ».
Le plan Azur ? Le ministre du Tourisme a eu à y revenir à plusieurs reprises. Si les stations de Saïdia, Mogador et Lixus ont trouvé aménageur, tel n’est pas le cas, en ce qui concerne le Haouzia (El Jadida) et la plage blanche (à Guelmim). Ajouté à cela, un gros point d’interrogation (sur lequel le ministre a été interpellé plusieurs fois) sur la station de Taghazout dont le promoteur s’est vu notifié une mise en demeure devant expirer le 22 février prochain, à cause du non respect de ses engagements; Autre sujet sur lequel Adil Douiri s’est attardé: le bilan. « Nous sommes à 4,5 millions de touristes sur la base de la définition du touriste fournie par l’OMT », précise le ministre qui met, en outre, le recul de 1% des nuitées touristiques dans le compte de la mauvaise conjoncture.
Reste à régler le problème d’Agadir, destination qui souffre d’une forte baisse des arrivées allemandes. Atteindre une moyenne de 700 000 touristes germaniques par an, contre 150 000 actuels, passe naturellement par une refonte complète du produit. Le ministre a annoncé de nouveaux produits balnéaires dans trois à quatre ans, et, la « stimulation des principaux tours-opérateurs afin de rebondir à court terme ».
En revanche, en ce qui concerne Marrakech, « meilleur élève de la classe », selon Douiri, «il n’y a aucun souci à se faire». Pourtant l’un des rares professionnels (un propriétaire d’une maison d’hôte) présent dans ce point de presse a interpellé le ministre sur le «bradage de prix pratiqué par certains hôtels cinq étoiles ». Sur la question, le ministre du Tourisme, s’en est remis au « libéralisme », relayé d’ailleurs en ce sens par, Jalil Benabès Taârji président de la Fédération du tourisme. Les besoins de financement sont immenses : «Il faudra chaque année, a rappelé le ministre du Tourisme, lever 1,6 milliard de dirhams de fonds propres sur le marché local». Toute la difficulté réside maintenant dans cette question : comment convaincre le milieu financier marocain à intégrer la nouvelle donne, sachant que les entreprises touristiques, les hôtels en particulier, qui évoluent loin de la sphère boursière, ont toujours du mal à avoir crédit auprès des institutionnels ?
Très attendue durant ces Assises, la libéralisation de l’aérien a atterri sur un dossier épais de « définition des lignes directrices de la politique sectorielle du transport aérien au Maroc». Principe retenu : libéralisation cadrée et création d’un pôle marocain concentré. L’objectif de cette nouvelle approche est de faire passer le nombre de passagers aériens de 5,8 à 16,6 millions par an et le nombre de fréquences hebdomadaires de 600 à 1400 avec une proportion de vols de point à point qui doit évoluer de 40 à 60%. Appelée à se focaliser sur le régulier traditionnel, la RAM a annoncé la création d’une nouvelle compagnie (déjà six appareils sont mis à sa disposition), concentrée sur le charter et le régulier loisirs. Sorte de low-cost à la marocaine, cette nouvelle structure aura une politique de coûts très avantageuse rendant possible la pratique de tarifs attractifs. La grande nouveauté pour les futures compagnies charters réside en la possibilité acquise dans le principe de transporter des passagers au départ du Maroc. A condition toutefois, précise le rapport, de clarifier les définitions du charter et du régulier. Ce n’était pas le cas jusque-là.

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