Les experts réunis par le Policy Center s’accordent sur ce point
Avenir : Penser l’avenir de l’Afrique Atlantique, entre défis maritimes, ambitions économiques et intégration régionale. Telle est l’ambition principale de la deuxième édition de la conférence-débat organisée le 22 mai à Rabat par Policy Center For The New South et qui a réuni des experts, des chercheurs et décideurs politiques de la région.
Le Policy Center for the New South a organisé, le 22 mai 2025, à son siège à Rabat, la deuxième édition de sa conférence consacrée aux enjeux stratégiques des espaces maritimes de l’Afrique Atlantique. Cet évènement, qui a réuni une quarantaine d’experts, de chercheurs, de décideurs politiques et d’acteurs de terrain venus des pays côtiers africains et du Sahel, est sous le thème «L’Afrique Atlantique, ambition d’intégration et processus d’opérationnalisation». L’objectif étant d’approfondir la réflexion sur les dynamiques géopolitiques, économiques et stratégiques qui redessinent cette région. Elle s’inscrit dans une logique de mise en valeur des synergies africaines et aboutira à la publication d’un ouvrage collectif réunissant les contributions des intervenants. A l’ouverture de cette conférence, Mehdi Benomar, responsable du département de recherche en relations internationales au sein du Policy Center for the New South, affirme que «le Maroc aujourd’hui se pare dans une avancée stratégique sur la région atlantique. Il se pare aussi de proposer un modèle développementaliste, un modèle authentique et je dirais même un modèle africain pour les pays africains.
Ce modèle s’accompagne de différents projets, à savoir le projet de désenclavement des pays du Sahel et le projet énergétique mais il doit aller encore plus loin et en cela le processus d’intégration doit avancer», mettant l’accent sur les enjeux observés à l’échelle internationale. Lors d’un point-presse en prélude du lancement des travaux de cette rencontre, Jamal Machrouh, Senior Fellow, Policy Center for the New South, a de son côté souligné : «La thématique retenue cette année concerne les initiatives Royales de l’Afrique Atlantique. La première initiative concerne la construction d’un espace de 23 Etats créant un espace politiquement stable, économiquement prospère et humainement cohérent. La deuxième initiative vise le désenclavement des pays du Sahel en leur accordant un accès à la mer mais plus globalement un désenclavement plus cohérent et plus équilibré dans le sens qu’il ne s’agit pas de construire une route mais plus amplement de relier l’économie et la prospérité de ces Etats avec l’océan Atlantique».
Il relève par ailleurs «dans la configuration d’aujourd’hui marquée par des transformations stratégiques, on voit que les zones de conflits et les conflictualités se répandent dans le monde et il est intéressant de voir au-delà de ces questions de conflictualités, pour aborder les questions de prospérité et les questions de coopération. Le Maroc propose justement cette question de coopération pour limiter les éléments négatifs de cette transformation stratégique que connaît le monde actuellement». Quant à Abdelhak Bassou, Senior Fellow, Policy Center for the New South, il a indiqué : «Le fait atlantique n’est pas un fait éphémère (…) », soulignant par ailleurs que «Cet Atlantique est multiple. Il est européen, il est américain, il est latino-américain et il est aussi africain». Pour lui, il est important de s’accorder sur le même discours et les mêmes intérêts afin d’affronter les défis communs. «Nous espérons que l’initiative Royale pourra rassembler les Africains pour qu’ils aient la même voix, pour qu’ils défendent les mêmes intérêts et pour qu’ils repoussent les menaces communes», argumente-t-il. Pour sa part Abdelkarim Soulayman Terio, directeur général, du Fonds d’entretien routier (Niger), a insisté sur le volet des infrastructures nécessaires pour le désenclavement des pays du Sahel soulignant à ce propos : « On a 4 pays du Sahel qui n’ont pas accès à la mer ». Il fait remarquer, à cet égard, que tout ce qui doit transiter doit arriver par un pays intermédiaire.
«Cela pose un grand problème (…) qui impacte l’économie, le transport, les communications. En plus de cela, il n’y a pas de route transaérienne qui lie directement l’Atlantique aux pays de l’Afrique qui sont complétement enclavés». Lors de ce rendez-vous, quatre grands axes ont été abordés, à savoir la construction d’une identité fédératrice de l’Afrique Atlantique, la gouvernance maritime et la connaissance du milieu marin, le développement de l’économie bleue et de la connectivité maritime et les projets d’intégration régionale, avec un focus sur le gazoduc Nigeria-Maroc et les infrastructures de transport. En plus, deux initiatives majeures seront également mises en lumière. Il s’agit du Processus des États de l’Afrique Atlantique (AASP) et les stratégies de désenclavement du Sahel, considérées comme des leviers cruciaux d’intégration régionale.
Cette conférence-débat s’est articulée autour de 4 panels. Le premier, intitulé «Comment bâtir une identité fédératrice de l’Afrique Atlantique», a braqué les projecteurs sur les réponses à apporter en termes de moyens et de démarches nécessaires à la construction d’une identité fédératrice dans l’espace de l’Afrique Atlantique. Le deuxième panel a été réservé à l’étude de la gouvernance maritime et connaissance du milieu marin dans l’espace atlantique africain analysant d’une part les cadres de régulation maritime juridique et institutionnelle, et d’autre part, décrypter les questions relatives au développement d’une connaissance approfondie du milieu marin de ces espaces. Le troisième panel s’est focalisé sur les questions liées à l’économie blue et à la connectivité maritime comme leviers importants pour le développement des économies de la région. Enfin, le quatrième panel a été consacré à l’étude des projets structurants à même de cimenter les processus de coopération et d’intégration en cours dans l’espace de l’Afrique Atlantique..