ALM : Quels sont les axes majeurs développés par votre rapport 2014?
Abdellah Benhamida : Parmi les chantiers majeurs développés dans le rapport annuel 2014, celui relatif aux perspectives des métiers de financement en général, et au crédit à la consommation en particulier. Il constitue sans conteste le chantier le plus sensible dont le conseil de l’APSF s’est saisi en 2013 et 2014 (Voir encadré). Cependant, nombre de questions restent ouvertes à ce propos. Evidemment, les difficultés ne s’aplaniront pas avec le temps, et c’est pourquoi l’APSF a pris les devants et a commencé par effectuer son propre état des lieux. Sans doute, la mise en perspective des conclusions de cette étude, pour qu’elle soit pertinente, demandera-t-elle d’associer à la réflexion des avis externes et neutres.
Serait-ce donc de l’autocritique?
À ce stade, en puisant dans son vécu et forte d’une expérience de 20 ans, l’APSF peut facilement déceler les failles et les obstacles qui entravent le développement du secteur. Conclusion : aujourd’hui nous sommes convaincus que les sociétés de financement doivent bénéficier des mêmes conditions de développement que les autres établissements de crédit, que ce soit aujourd’hui ou dans l’avenir. En ces 20 ans, elles ont eu à souffrir d’une certaine discrimination et il s’agit, maintenant, d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Pour autant, les autres questions développées dans notre rapport 2014 ne sont pas à occulter, loin s’en faut. À noter qu’elles sont d’ordre stratégique pour certaines et d’ordre procédural pour d’autres.
Qu’évoquent pour vous les 20 années d’activité de l’APSF ?
Quand je pense aux 20 ans d’âge de l’APSF, je ne peux pas ne pas penser au fait que l’APSF a joué, dans bien des domaines, un rôle de précurseur, comme c’est le cas de la maîtrise du risque, de la protection du consommateur, de l’éducation financière et de la médiation.
C’est pour se remémorer tout cela que nous avons choisi de célébrer ces 20 années d’existence par la publication d’un ouvrage intitulé : «L’APSF, 20 ans de progrès au service du financement des ménages et des entreprises». Ces 20 ans nous forcent également à nous tourner vers l’avenir, et pour cet avenir, nous sommes résolus à continuer à accompagner dans les meilleures conditions les ménages pour plus de bien-être et les entreprises pour plus de création de richesses. Et nous comptons bien renforcer la place de l’APSF en tant que composante incontournable du système financier national.
Quelles sont vos résolutions d’avenir dans ce cas ?
Je n’insisterais jamais assez, en ce qui me concerne, sur la nécessité d’inscrire le principe de bonne gouvernance comme condition première pour consolider les métiers des sociétés de financement en améliorant la relation avec la clientèle et en promouvant un crédit responsable, tant vis-à-vis des ménages pour une consommation réfléchie que des entreprises pour un investissement prometteur et porteur.
En effet, ces métiers financent des voitures et des logements, du matériel et des usines et garantissent des financements tout en rendant des services de proximité au public. C’est leur raison d’être. Cependant, nous savons d’ores et déjà que l’avenir sera plus que jamais marqué par des incertitudes, que rien n’est définitivement acquis et que nul ne peut se prévaloir d’avoir raison a priori. Ainsi, notre seule certitude réside dans la nécessité de toujours se remettre en question tout en restant fidèles aux valeurs fondatrices des métiers de financement, à savoir responsabilité, proximité et adaptabilité des produits offerts.
Un rapport complet et exhaustif En 2013 et au cours des premiers mois de 2014, les métiers de financement ont continué à être sollicités par les évolutions de leur environnement législatif et réglementaire. De nouveaux textes ont été révisés ou adoptés suite à la réunion du Comité des établissements de crédit de juillet 2013 et le projet de réforme de la loi bancaire a suivi son cours jusqu’à être adopté mercredi dernier. Dans ce contexte, l’APSF a continué, comme lors des exercices précédents, à faire entendre la voix des métiers de financement, défendant auprès des décideurs notamment l’idée du renforcement de leur gouvernance au sens large. Cela étant, les préoccupations majeures de l’APSF ont porté sur les conditions de développement des métiers qu’elle coiffe et sur les moyens d’accroître leur capacité à soutenir la croissance, à travers le financement de la consommation et de l’investissement. Le rapport du conseil de l’APSF, présenté à l’assemblée générale le 26 juin 2014, rend compte dans le détail de l’environnement des métiers de financement, des concours de ces métiers à l’économie en 2013, ainsi que de l’action professionnelle de l’APSF. |
Crédit à la consommation : L’APSF étudie la situation L’offre de crédit à la consommation au Maroc est caractérisée depuis un certain temps et le sera davantage par la concurrence entre banques et la concurrence entre sociétés spécialisées, ce qui est normal, et entre banques et sociétés spécialisées, ce qui est nouveau. Ainsi, après avoir connu des taux de progression de leur activité à deux chiffres, les sociétés de crédit à la consommation enregistrent un ralentissement de leur activité, voire un recul. De plus, la perspective d’entrée de nouveaux opérateurs ne manquera pas de compliquer la donne. À ce titre, l’APSF a envisagé d’effectuer un diagnostic stratégique de la situation en recourant aux cabinets spécialisés en la matière. Aussi, les objectifs de l’étude seraient de déterminer le positionnement actuel des sociétés de crédit, d’aider à la réflexion sur le positionnement à venir par rapport à l’ensemble de l’offre, de dresser des benchmarks avec des pays de niveau de développement comparable au Maroc et de détecter des leviers de croissance et des pistes de développement. |