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Le brevet, instrument de protection, de valorisation et de transfert technologique de l’université à l’entreprise

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Le brevet peut être, s’il est utilisé à bon escient, un instrument de politique économique pour encourager l’investissement en recherche et développement. Plus de brevets donne plus d’innovation et vice-versa.

La valorisation de la recherche universitaire passe aujourd’hui par de nouveaux défis : le transfert du savoir technologique vers l’entreprise et l’attraction des fonds privés pour financer l’invention en représentent les principaux. Pr Omar Tanane, chargé de mission Valorisation de la recherche scientifique et du transfert technologique auprès de la présidence de l’Université Hassan II Casablanca et coordonnateur du Centre d’appui à l’innovation technologique, nous livre son point de vue sur la question.

Par Pr Omar Tanane

Les fonctions traditionnelles d’enseignement et de recherche de l’université connaissent un nouveau changement. Et l’université marocaine est appelée aujourd’hui à faire également de la valorisation et du transfert technologique. Le processus de transformation de la connaissance et du savoir en nouveaux produits ou services commercialisables représente une mission à part entière de l’université.
Entrepreneuriat, incubation, transfert et valorisation de la recherche scientifique… sont des termes qui ont la même finalité et qui signifient que l’université doit, elle aussi, participer à la création de la richesse et de la valeur ajoutée.
L’université doit beaucoup travailler sur le réseautage de ses anciens étudiants. Ces derniers en général s’identifient plus à leurs laboratoires qu’à leurs établissements. C’est ainsi que pour pouvoir passer à une vitesse supérieure et essayer de prendre pour modèle le système anglo-saxon qui encourage les associations des anciens lauréats, les universités doivent établir des chartes graphiques globales puissantes. Un vrai travail de création d’image de marque est nécessaire à ce niveau pour créer chez les étudiants un sentiment d’appartenance et une fierté de leur diplôme. Ces mêmes étudiants seront, d’ailleurs, les meilleurs ambassadeurs des universités dans le monde socio-économique.

Relation Université-Entreprise : vers un rapprochement volontaire et réciproque

Rompre avec le cliché caricatural d’un monde universitaire cantonné dans sa tour d’ivoire, ne formant que des enseignants ; tel est l’enjeu. Il s’agit en effet de développer au sein des entreprises une activité de recherche-développement et créer une dynamique de relation basée sur l’échange et les capacités d’intervention de l’université par la proposition de solutions aux industriels. Pour réussir ce challenge qualitatif il y a lieu d’intensifier les activités d’études et d’expertises et de diagnostiquer les problématiques à caractère appliqué dont le traitement passe par la réalisation de travaux de thèses industrielles. L’université doit travailler pour rendre exploitables les produits et les résultats de la recherche afin qu’ils soient transférables à l’industrie. A cet effet, la mise en place de structures de la valorisation de la recherche (Spin off, start-up, Centre de transfert technologique…) est à encourager et à renforcer.

Le brevet, la pierre angulaire de la valorisation et du transfert technologique

Le brevet qui est un titre de propriété intellectuelle, délivré au Maroc par l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), protège l’invention et confère à son titulaire un droit exclusif d’exploitation industrielle, ou de transfert sous contrat de licence partiel ou exclusif. Autrement dit, une invention publiée, sans protection, peut être exploitée par n’importe quel industriel sans aucun retour pour l’inventeur.
L’objectif d’un système de brevets est l’orientation des innovateurs vers des améliorations qualitatives se situant dans la zone médiane autour de la solution optimale.
L’un des leviers majeurs de la croissance économique est la technologie. Et l’économie du savoir, le brevet a un rôle central dans le processus de l’innovation et de la croissance économique.

Relation entre croissance économique et dépôt de brevet

En fait, une manière simple de procéder c’est de chercher à trouver la relation entre la variable qui mesure la croissance économique, à savoir le Produit intérieur brut et le nombre des brevets déposés. Tous les systèmes de brevets instaurés depuis plusieurs décennies ont cherché à stimuler l’innovation pour encourager le développement économique.
En octroyant un droit d’exclusivité limitée dans le temps et l’espace, les pouvoirs publics donnent la possibilité aux inventeurs de récupérer l’argent investi dans la recherche et développement. Cette protection cherche aussi à favoriser l’investissement pour la commercialisation des inventions afin que le public puisse tirer les fruits de l’innovation. La publication des demandes de brevet et ceux délivrés enrichit la littérature et permet la circulation des connaissances à travers l’information brevet. Au-delà, le brevet est un moteur de l’innovation. Le brevet peut être, s’il est utilisé à bon escient, un instrument de politique économique pour encourager l’investissement en recherche et développement. Plus de brevets donne plus d’innovation et vice-versa. Le brevet constitue un vecteur de la croissance économique à travers la promotion de l’innovation.

Cas de l’université Hassan II de Casablanca

L’université Hassan II a récemment obtenu un brevet d’invention pour le développement d’un système robotique révolutionnaire destiné à l’extraction automatique du venin du scorpion. Un avis positif a été délivré par l’OMPIC après sa publication le 30 novembre dernier. Cette invention a été réalisée par une équipe de recherche composée de Mouad Mkamael, doctorant, Pr. Anass Kettani, directeur de thèse, Pr. Omar Tanane, codirecteur de thèse, et Pr. Rachid Saile, directeur du Laboratoire de biologie et santé de la Faculté des sciences Ben-M’sik. Grâce à cette invention, la collecte du venin se fait via un réseau de convoyeurs automatisés et une centrale pour extraire le venin en fournissant des décharges électriques adaptées à chaque espèce de scorpion, de façon plus rapide et sans risque.
La commercialisation de ce robot intéresse plusieurs acteurs à l’échelle nationale et internationale, notamment les fermiers de venin et les établissements industriels grâce à ses propriétés pharmacologiques prometteuses.
En effet, le venin du scorpion fait partie des venins les plus chers au monde, utilisé comme principe actif dans la fabrication de médicaments et de produits cosmétiques, ainsi que la production du sérum anti-venin. Ce brevet est passé à un stade B1 qui lui concède reconnaissance internationale et notoriété. Une fois le brevet obtenu, les inventeurs ont été contactés par plusieurs entreprises, notamment du Mexique et de Belgique, qui sont intéressées par le robot, mais aussi par le venin.
Cela dit, l’industrialisation de ce projet nécessite un investissement lourd. L’investissement du privé est attendu à ce niveau.

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