Pourtant, tout avait bien débuté vendredi 29 avril 2005. Le Conseil d’administration du CRT d’Agadir, le deuxième en moins d’une année, avait fait salle comble à la salle de réunions de la wilaya. Pas moins d’une centaine de notabilités appartenant à tous les horizons. Entre autres, le wali de la région, Rachid Filali, le maire de la ville, Tarik Kabbaj, des membres du conseil préfectoral, des professionnels du secteur et trois représentants de l’Office national marocain du Tourisme, venus tâter le pouls du tourisme gadiri.
Le président du CRT, Saïd Scally, et les membres du bureau exécutif avaient réglé le déroulement de la séance dans les moindres détails. Les travaux commencent comme prévue à 10 heures du matin.
Mais sitôt la lecture du rapport moral terminée, c’est le coup de force. Un invité-surprise fait irruption dans la salle. C’était Jean Robert Reznik venu en fait jouer les trouble-fête. L’apparition de l’ex-directeur du pôle Loisirs du groupe Accor, cheveux au vent, tenant par la main un enfant de quatre ans, avait quelque chose de théâtral. «On se serait cru, commente un membre du bureau du CRT, dans un épisode de la série américaine «Dallas», sauf que nous avons affaire au J.R. d’Agadir». Revenus de leur première surprise, les organisateurs auront tout juste le temps, selon leurs dires, de changer de chevalet et de trouver un siège vide. Monsieur Reznik prendra place aux premières loges en occupant le siège laissé vacant par le président du Conseil préfectoral, Abderrahim Oumani, actuellement en mission d’affaires à l’étranger.
Un froid s’abat sur la salle. Puis, l’homme malmène le protocole. S’emparant du micro, il se permet de débiter, avec emphase, un long speech sur les possibilités que sa nouvelle agence de conseil peut donner à la station de Taghazout. Des témoins parlent d’une véritable proposition pour vendre Agadir.
Tout à son enthousiasme, l’ancien responsable d’Accor parlera pendant vingt longues minutes, de son réseau, de son carnet d’adresses, de ses relations, de son expérience, en se disant prêt à se mettre à la disposition de la station du Souss pour l’accompagner dans sa réflexion. Ses recettes qui ont fait exploser la Tunisie et l’Algérie ne demandent qu’à être mises au service de Taghazout. Pendant ce temps, son fils s’impatiente, crie, tape des poings. Les cornes de gazelle et le thé à la menthe que lui tend Claude Reggiani, secrétaire générale du CRt, et ex employée de M. Reznik, ne suffiront pas à le calmer. En vain. “papa, donne moi le micro!”, crie le môme.
Dans la salle, les mines sont gênées. En se retourne, on s’interroge : qui a invité M. Reznik, à quel titre a-t-il pris la parole, de quel droit l’a-t-il fait, sachant qu’il n’est plus aux commandes du pôle loisirs du groupe Accor?
L’intrus s’eclipsera sur la pointe des pieds dès la fin de son show. Il aura fait en tout et pour tout trente minutes. Les séances reprendront leur cours normal, mais aujourd’hui encore dans la capitale du Souss, le malaise est encore perceptible. Les commentaires vont bon train et les réactions sont naturellement nombreuses. Du wali d’Agadir, Rachid Filali, qui, en bon fédérateur, répond par un diplomatique «no comment!», au maire de la ville, «surpris et étonné par la présence d’un enfant aussi jeune à une telle rencontre et ne comprenant toujours pas où en voulait venir cet homme», en passant par Guy Marrache, «qui a raté l’intermède et qui, donc, ne peut rien dire», peu accorderont des circonstances atténuantes à Robert Reznik. La déception est visible chez le président du CRT, Said Scally, qui lui aussi «ne comprend rien».
Quant à l’intéressé, après plusieurs tentatives de le joindre, nous apprendrons qu’il s’est envolé depuis pour la France. Dans son entourage, l’on maintient que Robert Reznik, ne se serait pas aventuré au Conseil d’administration du CRT, s’il n’était pas invité. Ses sympathisants rappellent volontiers que cet ancien GO du Club Med d’Agadir est resté artiste dans l’âme. «C’est un animateur hors du commun. Un personnage un peu fantasque qui n’aime pas le protocole et qui est peu au fait de la manière dont se déroulent les choses» témoigne un ex-employé.
Ce dont on est pour le moins sûr c’est que cette sortie n’engage que son personnage, et ne remet pas en cause l’engagement d’Accor dans la baie d’Agadir. Ne souhaitant pas s’exprimer sur l’incident, Marc Thépot, DG d’Accor Maroc, a depuis la France, rappelé le rôle joué par Reznik dans les choix d’Accor au Maroc tout en insistant sur la volonté du groupe de poursuivre intensément ses activités.














