Les premiers contacts de haut niveau établis pour baliser le terrain devant une coopération dans le domaine des engrais, l’énergie et l’éducation
Business
Le Maroc et le Danemark passent à la vitesse supérieure dans leur coopération économique. Le pays nordique s’intéresse particulièrement aux domaines de l’énergie et le développement durable avec un intérêt particulier pour le géant marocain, OCP. Premières indiscrétions.
Les deux Royaumes, le Maroc et le Danemark, veulent réduire les distances géographiques par le chemin du business. Les deux pays, qui jusqu’ici n’avaient pas de liens économiques très denses, semblent décidés à changer la donne, et très bientôt. Les responsables danois s’intéressent particulièrement au leader mondial des produits phosphatés, le Groupe OCP. Dans ce sens et en marge de la 13e édition des «Atlantic Dialogues», organisée par le Policy Center for the New South, l’ambassadeur du Danemark au Maroc, Berit Basse, et la conseillère commerciale à l’ambassade, Houda Kaddioui, ont eu un entretien avec Mostafa Terrab, président du Groupe OCP et Youssef Elbari, PDG d’OCP Nutricrops. «En tant que leader mondial des phosphates et des engrais, le Groupe OCP joue un rôle central dans la garantie de la sécurité alimentaire mondiale tout en favorisant l’innovation dans les domaines de l’agriculture durable, des énergies renouvelables et de l’éducation à travers des initiatives avec l’impressionnante UM6P- Université Polytechnique Mohammed VI», apprend-on auprès de l’ambassade danoise.
Pour la même source, les discussions ont souligné le fort alignement entre l’expertise du Danemark et la mission d’OCP, mettant en évidence les opportunités de collaboration sur la durabilité, l’éducation et les solutions renouvelables. «Nous sommes impatients d’explorer des partenariats pertinents qui relèveront les défis mondiaux communs et bâtiront un avenir plus durable», annonce-t-on. Il faut préciser dans ce sens que le Royaume nordique est très actif dans la production d’ammoniac vert, destiné à produire des engrais décarbonés, d’où la présence de la nouvelle filiale du Groupe OCP Nutricrops.
Cette dernière est spécialisée dans le développement de solutions de nutrition des sols et des plantes pour relever les défis mondiaux liés à la sécurité alimentaire et à la durabilité. Elle vise ainsi à produire une gamme de solutions de haute qualité pour la santé des sols et la nutrition des plantes à base de phosphate, de manière durable et customisée, en promouvant des pratiques agronomiques avancées et en collaborant avec des agronomes et des experts du monde entier. OCP Nutricrops aide les agriculteurs à accéder à des produits efficaces et durables, précisément ajustés aux besoins spécifiques de leurs sols, quel que soit leur choix de culture et où qu’ils se trouvent dans le monde.
Energies renouvelables
Mais le Maroc et le Danemark veulent aller encore plus loin dans la coopération, notamment énergétique. Il y a quelques semaines, une délégation de l’Agence danoise de l’énergie était au Maroc pour ouvrir un dialogue sur les systèmes énergétiques qui peuvent évoluer avec la hausse de la demande aujourd’hui. La délégation a notamment fait le tour des principaux acteurs de l’énergie au Maroc pour ouvrir un débat sur l’intégration des énergies renouvelables en passant par le développement des technologies de l’hydrogène vert avec l’objectif affiché de renforcer la coopération bilatérale dans le domaine de l’énergie verte.
Des réunions ont ainsi eu lieu avec les principaux acteurs marocains de l’énergie, tels que le ministère de la transition énergétique et du développement durable du Royaume du Maroc, Masen et ONEE-Branche Eau. Selon les responsables danois, les réunions ont été «fructueuses» et ont permis d’évoquer la planification dans les systèmes énergétiques et l’intégration des énergies renouvelables, ce qui ouvre la voie à des avancées significatives. L’accélération des échanges et des visites entre les deux parties viennent après un développement significatif annoncé en septembre dernier par les responsables diplomatiques des deux Royaumes. En effet, le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, M. Nasser Bourita, et le ministre des affaires étrangères du Royaume du Danemark, M. Lars Løkke Rasmussen, se sont rencontrés en marge de la 79ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, tenue le 25 septembre 2024. Les deux ministres ont rappelé les relations bilatérales historiques et excellentes entre le Maroc et le Danemark et ont réaffirmé leur importance stratégique. Ils ont discuté des ambitions communes visant à renforcer davantage ce partenariat au bénéfice mutuel de la croissance économique et du développement des deux pays. Les ministres sont convenus, en particulier, de renforcer la coopération dans les domaines du commerce et de l’investissement, de la migration et du développement.

Les ministres ont identifié un certain nombre de secteurs clés d’intérêt particulier dans les domaines de l’énergie renouvelable, des technologies de l’eau et de la logistique. Ils ont également discuté de la nécessité de renforcer les consultations politiques régulières. Le Danemark a souligné l’importance de son partenariat bilatéral avec le Maroc, en tant que pôle de stabilité et relais de croissance et de développement dans la région et en Afrique en général.
Dans ce contexte, les deux ministres ont discuté de la stratégie du Danemark pour l’engagement en Afrique, «Africa’s Century» , lancée par le gouvernement danois en août 2024, et de «l’Initiative Royale visant à permettre l’accès à l’océan Atlantique pour les États du Sahel» lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en novembre 2023. Les deux ministres sont convenus de poursuivre les discussions sur ces initiatives relatives à l’Afrique (voir encadré).
Plan d’autonomie
Diplomatie
Le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, s’était entretenu à New York avec le ministre des affaires étrangères du Danemark, Lars Løkke Rasmussen, en marge de la 79ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Dans le communiqué conjoint adopté à l’issue de cette rencontre, «le Danemark considère le Plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 comme une contribution sérieuse et crédible au processus en cours de l’ONU et comme une bonne base pour une solution convenue entre les parties».
Dans ce communiqué conjoint, les deux ministres ont réaffirmé leur soutien au processus mené par les Nations Unies et à l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, ainsi qu’à ses efforts pour parvenir à une solution pacifique et mutuellement acceptable au conflit, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette nouvelle position du Danemark s’inscrit dans le cadre de la dynamique internationale impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en soutien au plan d’autonomie et à la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Elle confirme une tendance de fond en Europe, de toutes les régions du continent européen. A noter, par ailleurs, que Salma Benaziz, la présidente de la Commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger (MRE), avait rencontré en septembre dernier une délégation de la Commission des affaires étrangères du Parlement danois. A cette occasion, Mme Benaziz a souligné que la visite de la délégation parlementaire danoise témoigne de la volonté des deux pays de renforcer leur coopération et de hisser le niveau de leurs relations diplomatiques privilégiées. De leurs côtés, les membres de la délégation parlementaire danoise ont indiqué que cette visite, qui s’inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie du Danemark en Afrique, vise à renforcer la coopération entre les deux nations et à échanger des expertises et des expériences dans divers domaines. Lors de cette rencontre, à laquelle a pris part l’ambassadeur du Danemark au Maroc, les membres de la délégation danoise ont présenté les principaux projets de loi en cours au Parlement danois, tout en donnant un aperçu de l’expérience de leur pays dans le domaine des énergies renouvelables.