Mise à niveau. L’expression est souvent galvaudée. Le gouvernement, à travers la dernière déclaration gouvernementale, en fait une priorité. Les opérateurs économiques ne jurent que par elle. A elle seule, la mise à niveau regroupe tous les espoirs en un produit Maroc compétitif, une économie moderne, prospère et créatrice de prospérités et richesses. Dans son volet économique, le discours du Premier ministre insiste sur la mise à niveau du tissu économique national à travers, d’abord, le renforcement et la modernisation des infrastructures et des supra- structures.
En préconisant la modernisation du tissu économique national, le projet gouvernemental entend apporter son appui à l’entreprise marocaine et sa qualification pour faire face aux exigences de la compétitivité et opérer la modernisation des systèmes et mécanismes de production dans les différents secteurs. Ce sera à travers la création d’un fonds pour la qualification de l’entreprise avec une enveloppe initiale de 400 millions dirhams, en 2003, la dynamisation des caisses de garanties financières en y injectant plus de 1,2 milliard de dirhams et la mise à disposition de capitaux-risque estimés à quelque 900 millions dirhams. Des efforts notables mais qui, à moins d’une approche sectorielle qui saurait répondre aux besoins spécifiques de chaque secteur, resteraient fatalement vains. La question à se poser a trait justement à ces besoins. La déclaration gouvernementale précise que les efforts seront déployés de manière à ce que l’assistance à la mise à niveau aille aux secteurs économiques dans lesquels le Maroc dispose déjà d’atouts et d’avantages suffisants comme le tourisme et l’industrie, particulièrement les branches tournées vers l’exportation telles que les pêches maritimes, l’agriculture, les mines et les NTIC.
L’assistance de l’Etat marocain pourrait donc se résumer en l’aide qu’elle pourrait apporter aux entreprises en fonction de leurs secteurs d’activité. Dans un secteur comme l’agroalimentaire, l’enjeu sera de mettre en place des labels de qualité qui permettront aux produits marocains de mieux se vendre et mieux s’exporter. L’état d’hygiène et de qualité doit être plus rigoureux. L’emballage et les techniques marketing plus attractifs.
Un seul label, à l’instar du label rouge français qui garantit qu’un produit donné est de qualité supérieure à celle des produits courants, n’est pas à exclure. Une procédure qui sera un atout majeur au service des entreprises, des consommateurs et du législateur. S’agissant du tourisme, l’effort portera notamment sur une définition du statut des établissements hôteliers. Que ce soit pour les opérateurs ou pour les touristes, les modes actuelles d’hébergement ont changé. Aux hôtels de luxe, on préfère désormais les Ryads. Le vide juridique en matière de maisons d’hôtes, alors que ces dernières font l’objet d’une demande croissante, devrait également être comblé. A cela s’ajoutent l’absence d’agrément du ministère de tutelle, la concurrence déloyale, la tarification non-réglementée et le non paiement des taxes.
Des maux qui rongent le tourisme national et auxquels il faut trouver des solutions. Le nouveau statut permettra également de mettre à niveau la capacité hôtelière, grâce au fonds de 200 millions de dirhams destiné à la rénovation des hôtels et à la réhabilitation du parc hôtelier, dégradé par manque d’entretien et d’investissement. Il aura pour conséquence l’augmentation de la capacité globale d’hébergement, accompagnée d’un rehaussement des standards spécifiques à chaque catégorie d’hôtels. Le but est de garantir le standing de l’établissement et la qualité à la clientèle correspondante.
Des efforts qui s’inscriront parmi plusieurs autres mesures pour accompagner l’entreprise à relever le défi de mise à niveau. A ce titre, les petites et moyennes entreprises bénéficieront d’un intérêt particulier. Les différents départements gouvernementaux sont appelés à mobiliser leurs efforts et leurs énergies au service de ces entreprises et à prendre en considération leurs besoins dans toutes les mesures et dispositions proposées.
Les dispositions stipulées par la loi relative à l’Agence de développement des petites et moyennes entreprises seront mises en oeuvre. Selon plusieurs intervenants, et même si les intentions sont irréprochables, certaines de ces mesures se sont déjà révélées inefficaces de par le passé, « puisqu’elles ciblent dans une large mesure l’entourage de l’entreprise, plutôt que l’entreprise elle-même », constate un membre d’une association professionnelle. A cela s’ajoutent la mobilisation des ressources financières suffisantes auquel le programme nationale de mise à niveau se heurte. La partie marocaine regrette que les fonds promis par les instances européennes dans le cadre du programme Meda ne soient pas encore suffisamment débloqués. Ce qui laisserait dire que, finalement, la mise à niveau de nos entreprises est une affaire plutôt maroco-marocaine.