Après l’échec des discussions avec ses banques sur un plan de sauvetage proposé par la Deutsche Bank, le groupe de BTP allemand, Philipp Holzmann, a déposé jeudi dernier son bilan en raison de son incapacité d’honorer ses dettes. Déjà en 1999, l’entreprise avait été sauvée de la faillite par une intervention du chancelier Gerhart Schroder qui avait forcé les banques créancières du groupe à monter un plan de sauvetage.
Parallèlement, le gouvernement allemand, quoiqu’il eût découvert un trou de 1,23 milliards d’Euros dans les comptes d’Holzmann, avait volé à son secours en lui accordant 2 milliards d’Euros de subventions publiques. Mais cette fois-ci, la pression du chancelier allemand n’a pas servi. « Le monde des affaires et de la banque en Allemagne est devenu plus réaliste. Quand une situation est désespérée, on n’y consacre plus d’argent. Je pense que le chancelier a tiré la leçon du sauvetage. Quand on crée des précédents, on a les mains liées si d’autres situations semblables se présentent », dit Trudbert Merkel, gérant de fonds chez Deka Group.
Plusieurs analystes européens savaient depuis le début que l’actuel plan de sauvetage de l’entreprise était condamné. Le géant allemand était trop endetté pour que le plan soit efficace à long terme. La dette contractée en 1998 s’élève à plus de 280 millions d’Euros.
Ce plan, qui prévoyait la scission du groupe et la reprise de ses activités BTP, avait été jugé insuffisant par 4 des 17 établissements bancaires actionnaires et créanciers de Philipp Holzmann. Selon ces établissements, le plan de la Deutsche Bank n’était qu’une solution provisoire, « un raccomodage de trous, qui craquera au plus tard à la mi-avril ». Les banques actionnaires, considérant que le groupe n’était plus viable sur le long terme, avaient alors demandé le dépôt de bilan.
L’affaire Holzmann n’est pas terminée avec cette décision. Les conséquences pourraient être importantes en Allemagne. D’abord, dans le monde de la finance car l’échec du plan de sauvetage est celui de la Deutsche Bank et de son président Rolf Breuer. Surtout, les conséquences politiques risquent d’être considérables pour le chancelier Gerhard Schröder, candidat à sa propre succession en septembre prochain. L’opposition et les milieux des affaires allemands ont considéré que cette faillite constitue la preuve de l’échec de la politique économique du gouvernement. Des députés ont jugé que la politique de l’emploi de Gerhard Schröder était une grande «escroquerie ».