Economie

Le goût du risque

Pour monter son projet, Abdellatif Belhaj Soulami a dû prendre son courage à deux mains. En matière de prise de risque, ce jeune entrepreneur a effectivement fait fort. Il a tout simplement monté une exploitation d’élevage d’autruches dans un pays où cet animal a disparu depuis plusieurs centaines d’années.
L’idée lui est venu alors qu’il effectuait un voyage en Afrique de Sud où la viande d’autruche est un mets très apprécié et où les têtes de ce bipède se comptent par certaines de milliers. De là, à vouloir initier l’expérience au Maroc, il fallait avoir un sérieux cran. Et du courage, M. Belhaj Soulami, en a à revendre puisqu’il a décidé, quand même, de franchir le pas.
Le risque était manifeste, puisqu’il n’y avait pas de repère et encore moins de bases de comparaison chez nous. De plus, les Marocains allaient découvrir un nouvel aliment et il n’était pas dit qu’ils l’adopteraient aisément. La première difficulté consistait à déplacer ces animaux. Ils devaient parcourir plus de 6000 km depuis l’Afrique du Sud avec tout ce que cela implique comme risques de perdition. Les autruches réclament beaucoup d’attention. De plus, le jeune promoteur n’avait aucune expérience en matière d’élevage a forciori d’autruches (précautions phytosanitaires, processus d’écoulement,…). Il fallait aussi faire face aux procédures administratives qui étaient de nature à décourager les opérateurs les plus motivés à créer leurs propres structures. S’ajoutent à cela des droits de douanes élevés (70% de la valeur du bien). Le seul atout qu’il avait c’est bien l’investissement de départ. M. Belhaj Soulami a dû mettre la main à la poche pour débourser près d’un million de DH pour acheter les 60 têtes qui allaient constituer son cheptel. Aujourd’hui, son exploitation en compte 500 et réalise un chiffre d’affaires annuel de près de 2 millions de DH. Ce jeune promoteur a par ailleurs mis sur les rails une nouvelle exploitation au niveau de la province d’Errachidia.
Mais tout n’a pas toujours été si facile. Une fois toutes les structures mises en place, le tour n’était pas joué pour autant. L’élevage d’autruches requiert une disponibilité particulière. Il fallait donc travailler les week-ends et même les jours fériés. Finalement, le retour sur investissement n’était pas au rendez-vous immédiatement car pour mettre de la viande d’autruche sur le marché, il fallait encore attendre au moins une année, le temps que les autruches atteignent l’âge d’abattage. L’exploitation a produit, en 1999, une cinquantaine de têtes, en 2000 ce chiffre est passé à 200 et en 2002, pas moins de 2000 autruches ont été écoulées sur le marché local.

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