Economie

Le grand piège de la contrefaçon

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La contrefaçon n’épargne aucun secteur d’activité économique. Si jusqu’à la fin des années 80, elle affectait essentiellement les industries du luxe, depuis cette période la gamme des produits contrefaits ne cesse de se diversifier, observe en substance la lettre Conjoncture de novembre-décembre 2004, du Centre marocain de Conjoncture (CMC). Au niveau mondial, la contrefaçon représente un coût variant de 5 à 7% de la valeur des échanges mondiaux. Au niveau national, il n’existe guère de données agrégées susceptibles de cerner la dimension réelle de ce phénomène. « Mais l’impression que l’on peut dégager de l’activité des lieux de vente de produits contrefaits dans différentes villes du Maroc est suffisamment révélatrice de l’ampleur du problème », tient à préciser l’analyste du CMC.
Malheureusement, le Maroc est devenu un des hauts lieux de la contrefaçon dans le domaine de la mode, bien que le vol d’idées originales dans l’industrie de la mode et des articles de luxe soit assez répandu. Il arrive que les services de douane démantèlent un trafic portant sur des fausses étiquettes de créateurs. « Une technique courante consiste à fabriquer des vêtements sans marque en un seul lot, produire les étiquettes sur place, et à coudre les étiquettes à proximité du point de vente », est-il relevé.
La contrefaçon de vêtements en provenance d’Italie en particulier et qui inondent le marché national, devient très difficile à combattre. Celle des vêtements de sport est répandue dans le marché national, et ce, pour diverses raisons. Le commerce de copies de vêtements de sport est relativement simple dans la mesure où le contrefacteur peut fabriquer ou importer des vêtements de base et y apposer une griffe.
De plus, selon la lettre du CMC, une autre méthode, de plus en plus courante, consiste à utiliser les circuits du marché gris. Il n’est pas rare que des commerçants parallèles envoient des échantillons authentiques à l’importateur pour mélanger des copies et des articles authentiques dans le même lot expédié. Les jeunes, qui sont les principales cibles du marché de la contrefaçon de vêtements de sport, sont les plus disposés à acheter des articles copiés. Les contrefacteurs ne s’attaquent qu’à des marques qui dominent le marché.
Même le marché des parfums n’échappe pas à la contrefaçon. Au niveau des fabricants, le marché est caractérisé par la présence d’un petit nombre de grosses sociétés commercialisant des marques et des produits haut de gamme, et d’une multitude de petites entreprises proposant des marques bon marché. Pour les fabricants haut de gamme, l’essentiel des coûts est lié à la commercialisation et la protection de la marque. La distribution des parfums est normalement réservée à des magasins exclusifs. « 90% des articles de contrefaçon sont les vendus sur le marché gris par le biais de circuits parallèles tels que vendeurs de rue et les petites échoppes à bas prix. La plupart des consommateurs de faux savent que le produit n’est pas authentiques et qu’il est de qualité inférieure», est-il précisé. D’après une enquête du service des statiques industrielles (SESSI), plus de 80% des fabricants de parfums ont été victimes de contrefaçons. L’industrie des jouets, de son côté, peut se diviser en deux segments, les jouets traditionnels et les jouets électriques.
L’activité traditionnelle est dominée par les grands fabricants également distributeurs. La contrefaçon du jouet traditionnel prend la forme d’une copie sous une marque de fabrique similaire, mais pas identique. On estime que la contrefaçon a accaparé 12% environ du marché des jouets. La principale menace pour l’industrie du jouet vient e la Chine. Les jouets électroniques, en particulier les jeux vidéo, sont l’un des segments en plus forte croissance de cette industrie.
Côté coûts, la contrefaçon coûte chaque année à l’industrie nationale des milliards de dirhams.
L’incidence de ces coûts se manifeste de plusieurs manières. Tout d’abord, les secteurs qui se trouvent en concurrence directe avec les contrefacteurs enregistrent une perte directe au niveau des ventes.
Par ailleurs, les producteurs étrangers de produits de renom vont hésiter à fabriquer leurs produits dans un pays où fleurit la contrefaçon dans la mesure où ils ne peuvent pas compter sur une protection de leur droit de propriété intellectuelle.
Le risque consiste à enregistrer une perte directe d’investissements étrangers et se priver par là même du savoir-faire étranger. « On pourrait faire valoir que l’industrie de la contrefaçon est créatrice d’emplois, mais ils sont le plus souvent mal rémunérés, assortis de conditions de travail médiocres », tient à préciser le CMC. De plus, la prévalence de la contrefaçon sur un marché donné a un effet dissuasif sur l’innovation. En dernier lieu, la contrefaçon fait subir une perte directe au niveau des recettes fiscales.

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