Economie

Le marché : Les marchés boudent la reprise économique

Le vieux principe selon lequel la bourse anticipe le mouvement de reprise économique serait-il en passe de devenir obsolète ? Alors que les semaines qui passent confirment que la reprises économique est bel et bien au rendez-vous, la bourse, elle piétine, quand elle ne plonge pas comme cette semaine de 3 à 4% en Amérique comme en Europe. Le Dow Jones s’est installé sous la barre psychologique des 10 000. Les analystes de BNP Paribas affirment que les marchés actions ont désormais pris du retard sur le mouvement de reprise économique. Comment expliquer ce déroutant paradoxe ?
D’abord les faits. Les marchés ont été surpris, pour ne pas dire stupéfaits, par le formidable rebond économique américain au premier trimestre 2002 de 5,8% en rythme annualisé, bien plus que ne l’espéraient tous les analystes. Du jamais vu depuis le quatrième trimestre 1999.
En d’autres temps, les marchés se seraient envolés à l’annonce d’un tel chiffre. Eh bien, cette fois-ci, ils ont, au contraire,plongé. Pourquoi ? Parce qu’ils ne sont pas sûrs qu’un tel exploit se renouvelle au deuxième trimestre. Cette croissance est encore tirée par la consommation, le re-stockage et l’accroissement des dépenses publiques dues au 11 septembre et non à une reprise des investissements que la Fed attend impatiemment avant de se prononcer sur la pérennité et la vigueur de la reprise. En un mot comme en cent, la croissance serait encore fragile. Témoigne le recul de l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan pour les mois d’avril. Les commandes de biens durables ont baissé de 8% au premier trimestre. Si la reprise est incontestable, elle semble relativement molle.
Les investisseurs sont surtout inquiets des médiocres performances des entreprises au premier trimestre. N’oublions pas que les bénéfices des sociétés sont le principal carburant de la bourse. Dès lundi dernier, l’onde de choc provoquée par le profit warning de l’équipementier télécom suédois Ericsson faisant plonger dans le rouge l’ensemble des entreprises du secteur : Nokia, Worldcom, Lucent, Verizon, France Télécom. Les analystes ont banni les valeurs des équipementiers – et beaucoup d’opérateurs – de leurs recommandations au moins jusqu’en 2003.
Toujours dans les TMT,le N°1 mondial de la communication, AOL Tile Warner, annonçait jeudi la plus grosse perte de l’histoire économique américaine : $ 54 ?2 milliards. De tels chiffres sont supérieurs au PNB de pays moyens de l’Europe del’Est comme la Hongrie. Les valeurs traditionnelles n’ont pas plus brillé. Le résultat net trimestriel de la plus grande compagnie pétrolière mondiale, Exxon Mobil, a chuté de 58%. Le chimiste DuPont de Nemours a lui aussi publié des résultats médiocres. Les marchés sont plus que jamais attentistes. En Europe, cet attentisme sera probablement aggravé par l’incertitude qui pèse sur les résultats des élections législatives françaises en juin prochain. Il est certain qu’une nouvelle serait peu appréciée par les marchés. La bourse vote Chirac.

Par Raphaël Mergui

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