Economie

Le marché monétaire en question

ALM : Jugez-vous efficace la politique monétaire poursuivie par les autorités de tutelle, notamment la banque centrale ?
Khalid Nasser : La stratégie adoptée par les autorités de tutelle depuis 1998 s’est articulée autour de trois axes : la mobilisation de l’épargne publique, l’assouplissement des conditions et la diversification des sources de financement des entreprises.
D’importantes réformes ont été engagées pour moderniser les pratiques et encourager l’innovation financière. Parmi les objectifs poursuivis celui d’influencer les variables déterminant directement ou indirectement le coût de l’argent des banques, pièces maîtresses de l’échiquier du système bancaire et financier marocain. Le rôle assigné ainsi à la banque centrale est celui de contenir l’inflation dans des limites acceptables, de veiller à l’équilibre des prix et d’empêcher les mouvements erratiques des taux d’intérêts sur le marché. Dans ce dessein, elle dispose d’un certain nombre de techniques et d’instruments monétaires : les avances à cinq et sept jours pour le compte des banques, l’achat ou la vente des titres (l’Open Market) et la reprise ou l’injection des liquidités sur le marché. Suivant la conjoncture, la banque centrale combine entre les différents instruments dont elle dispose pour atteindre les objectifs précités.
Des intervenants avancent que les agitations de la banque centrale et du trésor sont à l’origine de la morosité ?
Ce raisonnement est tout à fait erroné. Si la banque centrale avait le pouvoir de baisser les taux, elle l’aurait fait depuis longtemps ! Comme vous le savez, le prix de l’argent sur un marché est déterminé en fonction de la loi de l’offre et de la demande. La situation actuelle du marché monétaire trouve son origine dans la concomitance d’autres facteurs, aussi bien exogènes qu’endogènes. Les premiers concernent le fameux chèque Vivendi et les transferts massifs des devises par les MRE. Les seconds ont trait essentiellement à la baisse d’octroi des crédits d’investissements par les banques. La sur-liquidité dont laquelle baigne le marché depuis deux ans est la conséquence directe de ces facteurs.
Quelles sont les conséquences de cette sur-liquidité ?
Certainement, les conséquences sont négatives sur la rentabilité des banques. Actuellement, une partie de leurs charges déterminant les coûts des ressources et des emplois sont incompressibles.
Je pense aussi au coût des créances en souffrance et des risques financiers auxquels elles sont confrontées. De l’autre côté, si les rendements des placements de liquidités qu’elles opèrent sur le marché, essentiellement à court terme, sont faibles, les volumes et la rentabilité des crédits octroyés le sont encore plus. Aussi, les épargnants exigent-ils des rendements de plus en plus élevés. Inévitablement, les marges se resserrent de jour en jour.
Comment les banques peuvent-elles faire face à cette situation de sur-liquidité ?
La sur-liquidité du marché ne peut disparaître du jour au lendemain. Il s’est avéré que le circuit interne ne peut pas absorber cette liquidité. Si elle a été occasionnée par des rentrés massifs de devises, il faut donc, à mon avis, encourager le transfert de ces fonds vers l’étranger. Je pense à des projets d’investissements qui nécessitent l’importation de biens de production. Les banques ont un rôle important à jouer dans ce sens.
Comment se passe les placements des banques marocaines sur le marché international ?
Les montants placés sont encore faibles. Les banques ont été prises de court par les dispositions de la dernière circulaire de la banque centrale autorisant désormais, sous certaines conditions, les placements en titres étrangers. Elles ne sont pas encore totalement qualifiées pour ce genre d’opérations.

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