Le sable. A première vue, le mot renvoie à cette immensité de dunes qui font la joie des touristes étrangers en quête d’aventure et de dépaysement, à ces gisements potentiels de pétrole qu’on disait porteurs d’une richesse semblable à celle des pays du golfe et aux dattes de ces rares plantes qui ont su y trouver demeure et qui constituent un hors-d’oeuvre incontournable des repas ramadaniens. Mais le sable est également une richesse en lui-même, avec un revenu moyen de 4500 DH par camion.
Il s’agit donc d’une marchandise qui rapporte gros et qui fait la joie des entrepreneurs espagnols et autres qui y trouvent…du sable pour leurs plages artificielles. Une ville comme Sebta par exemple compte deux de ces plages, dorées exclusivement de sable en provenance de la région de Tétouan. Un aspect qu’on évoque très rarement, sinon jamais. La raison n’est autre que la nature même de son exploitation et qui obéit à un système d’agréments totalement, ou presque, discrétionnaire. Une donne qui dure et perdure.
Le seul changement perceptible reste la demande, de plus en plus forte, dont le sable fait l’objet. L’essor que connaissent certains secteurs d’activité économique au Maroc, notamment le bâtiment et les travaux publics, et le manque européen en la matière se sont automatiquement traduits par une croissance accrue de la demande aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Le sable du littoral Nord du pays est voué essentiellement à l’export. Désormais considérée comme un bien de consommation courante, la production nationale en la matière, de l’ordre de 10 millions de m3, n’arrive plus à combler tout le besoin en la matière.
Les professionnels de la cimenterie au Maroc en savent quelque chose. C’est auprès d’eux qu’une étude sectorielle a été menée, pour le compte de la société Dragage des ports (Drapor). Même si le souci de ce document est protection de l’environnement, il n’en renseigne pas moins sur la réglementation en vigueur, marquée par d’importants aménagements douaniers pour favoriser l’exportation, la faible concurrence étrangère et l’absence, une fois n’est pas coutume, d’un secteur informel pour le moins dérangeant. Il s’agit aussi des points essentiels d’approvisionnement en sable qui restent les dunes du littoral. Commerce des plus florissants, le marché du sable n’est pas pour autant dénué de dangers, surtout d’ordre environnemental.
Cette activité provoque l’arasement du cordon de dunes, si cher aux centaines de milliers de touristes qui s’y rendent, toute l’année durant. Elle risque à terme d’entraîner une perturbation irréversible des terres agricoles de l’arrière-pays et constituer un véritable facteur de nuisance à l’écosystème.